La Cité de Dorval va solliciter ce soir l’appui de l’ensemble des municipalités de l’île de Montréal pour obtenir le prolongement du futur Réseau express métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement du Québec, entre l’aéroport international Trudeau et la gare locale, où s’arrêtent les trains de banlieue et ceux de Via Rail.

La résolution déposée à l’ordre du jour du conseil d’agglomération de Montréal de ce soir par le maire de Dorval, Edgar Rouleau, « demande officiellement au gouvernement du Québec qu’une gare intermodale soit réalisée à Dorval en prolongeant l’antenne aéroportuaire du REM d’environ 700 mètres ».

Ce prolongement permettrait de fusionner « les gares de trains de banlieue de la ligne Vaudreuil-Hudson, opérés par exo, des services ferroviaires interurbains opérés par Via Rail, le terminus d’autobus opéré par la Société de transport de Montréal, et une station de navettes électriques autonomes opérées par le Réseau express métropolitain de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ Infra) ».

Cette municipalité de 20 000 habitants, qui n’a jamais digéré sa mise à l’écart du plus important projet de transports collectifs de Montréal depuis la construction du métro, a convoqué ce matin une conférence de presse où seront dévoilés « de nouveaux éléments » en appui à sa demande de prolonger le REM.

Une source de La Presse a affirmé qu’on devait notamment rendre publics les résultats d’une étude de circulation et d’achalandage qui démontrerait « un impact positif majeur » si la future antenne du REM était prolongée jusqu’à la gare Dorval actuelle, beaucoup plus facile d’accès pour les résidants locaux que les installations de l’aéroport.

35 mètres sous le stationnement

Coïncidence (ou pas), la société autonome qui gère l’aéroport international Trudeau, Aéroports de Montréal (ADM), annonçait hier l’attribution d’un important contrat de gérance de construction pour des projets totalisant 2,5 milliards « qui changeront définitivement le visage de YUL Aéroport international Montréal-Trudeau ». La future station souterraine du REM fait partie intégrante de ces projets.

Selon le communiqué publié hier par ADM, qui appuie la demande de prolongement de la Cité de Dorval, le projet d’ensemble, surnommé « côté ville », comprend la construction et l’aménagement souterrain de la station du REM, à 35 mètres sous le stationnement étagé actuel de l’aéroport (voir l’illustration).

IMAGE FOURNIE PAR AÉROPORTS DE MONTRÉAL

Une station souterraine du REM sera installée à 35 mètres sous le stationnement étagé actuel de l’aéroport international Trudeau.

Le stationnement actuel, explique Anne-Sophie Hamel, directrice aux relations médias et affaires corporatives d’ADM, sera démoli afin de permettre la construction de la station, avant d’être reconstruit par-dessus la station. Un vaste espace baptisé « YUL Transit », où convergeront les différents modes de transport (navettes, autobus, location de voiture, taxis, Uber, accès aux stationnements), sera aménagé au niveau du sol et connecté à l’aérogare.

Tous ces aménagements devraient être prêts dès 2023 pour l’inauguration de l’antenne du REM vers l’aéroport Trudeau.

À plus long terme, avec la reconstruction complète de son débarcadère actuel, aussi prévu au projet « côté ville », ADM espère multiplier par trois la capacité d’accueil de l’aéroport Trudeau en une dizaine d’années.

Des appuis

ADM appuie la demande de la Cité de Dorval de prolonger le REM jusqu’à la gare de Via Rail et d’exo, où se trouve aussi, à proximité, un terminus d’autobus de la STM.

« On a déjà exprimé publiquement que le prolongement demandé par la Ville est une bonne idée qui mérite certainement d’être explorée afin de favoriser l’intermodalité et les interconnexions entre les réseaux de transports collectifs », a déclaré hier Mme Hamel.

En plus d’ADM, Via Rail appuie aussi la demande de prolongement de la municipalité de Dorval. Le maire de l’arrondissement voisin de Saint-Laurent, Alan DeSousa, a fait adopter par le conseil d’arrondissement il y a déjà plus d’un mois une résolution d’appui au prolongement du REM à Dorval.

La résolution d’appui qui sera soumise ce soir au vote des représentants de la Ville de Montréal et des 18 autres villes liées de l’agglomération fait valoir que « plus de 100 000 personnes vivent près de l’aéroport ».

Celles-ci n’auront toutefois pas accès au futur réseau de transport collectif parce qu’elles devront « passer par les installations de l’aéroport, qui ne sont pas conçues pour ce type de desserte quotidienne ».

La Cité de Dorval fait aussi valoir qu’en créant un pôle intermodal incluant le REM, les 300 passagers quotidiens de Via Rail, les 16 000 usagers quotidiens du train de banlieue de Vaudreuil-Hudson et les 25 000 personnes transitant chaque jour par le terminus de bus de la STM auront aussi accès à ce futur réseau de train électrique de 67 km, dont le coût est actuellement estimé à 6,3 milliards.

La filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec qui supervise la construction du REM, CDPQ Infra, a décliné hier une demande d’entrevue de La Presse concernant un éventuel prolongement de son tracé, en attendant la conférence de presse que tient ce matin le maire de Dorval, Edgar Rouleau.