(Québec) L’opposition officielle accuse le gouvernement Legault de ne pas avoir encore fait de demande officielle à la Caisse de dépôt et de placement (CDPQ) pour réaliser son engagement électoral de prolonger le Réseau express métropolitain (REM).

En commission parlementaire mercredi après-midi, le porte-parole aux finances du Parti libéral, Carlos Leitão, a questionné la ministre responsable de la Région de Montréal, Chantal Rouleau.

« Il y a des discussions avec la CDPQ, je ne peux aller plus loin pour le moment », a-t-elle répondu, sans confirmer qu’une demande formelle avait été déposée, comme l’exigeait M. Leitão.

« Donc il n’y pas encore eu de demande officielle déposée par le gouvernement », a conclu M. Leitão, sans être repris par la ministre.

Or une lettre de mandat doit normalement être adressée par le gouvernement à la Caisse, qui est l’instigatrice et la propriétaire du vaste projet de train qui couvre une partie de la région de Montréal.

En décembre dernier, le ministre des Transports, François Bonnardel, avait pourtant indiqué qu’une lettre de mandat cosignée par son collègue aux Finances, Éric Girard, allait être déposée en début d’année 2019.

Cette lettre demanderait grosso modo à la CDPQ d’étudier le prolongement de son REM conformément aux engagements électoraux pris par la Coalition avenir Québec (CAQ), mais M. Bonnardel avait déjà reconnu que la Caisse pourrait très bien refuser.

Le plan du REM actuellement en chantier comprend une grande ligne qui va de Deux-Montagnes jusqu’en Montérégie (Brossard), en passant par le centre-ville de Montréal, mais aussi des antennes dans l’ouest de l’île et vers l’aéroport Montréal-Trudeau.

Or, la CAQ veut élargir le réseau pour Laval, ainsi que pour Boucherville et Chambly en Montérégie, et Chantal Rouleau, députée de Pointe-aux-Trembles, a même évoqué une ligne qui irait vers l’est de l’île de Montréal.

Autant le Parti libéral que le Parti québécois avaient reproché à la CAQ d’avoir promis de prolonger le REM sans même vérifier si cela était faisable.

La CAQ s’est engagée à prolonger le REM de 17 km au nord et de 22 km au sud.

Rappelons que le REM est un réseau entièrement privé, propriété de la Caisse de dépôt. Il s’agit d’un projet de plus de 6 milliards, financé à hauteur de 3 milliards par la Caisse.

Québec fournit 1,28 milliard, Ottawa, la même somme par l’entremise d’un prêt de la Banque de l’infrastructure du Canada, Hydro-Québec, 300 millions, et l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), 512 millions.

La Caisse a obtenu le versement par les pouvoirs publics d’un tarif de 0,72 $ du passager-kilomètre pour garantir son rendement de 8 %, et le gouvernement Couillard s’était déjà engagé à raison de 240 millions par année pour y arriver.

La CAQ avait laissé entendre en mai dernier qu’elle demanderait directement à la Caisse de réaliser ses projets de ligne, en lui garantissant du financement pour la construction, mais aussi pour l’exploitation.

Le parti avait aussi indiqué qu’il solliciterait le fédéral pour qu’il collabore dans la phase de construction.