Après seulement 22 mois d’activités, par moments cahoteuses, le réseau exo a décidé de changer de peau. Le directeur général de l’organisme, Sylvain Yelle, a présenté mardi après-midi aux 600 employés d’exo les grandes lignes d’un remaniement interne dont l’objectif premier est «d’améliorer la qualité de nos services».

En entrevue à La Presse, M. Yelle a affirmé que ce remue-ménage dans les structures internes «n’est pas une grande refonte», mais un changement devenu nécessaire pour «une véritable évolution» de l’organisme, responsable des services de transports collectifs dans les couronnes de la banlieue de Montréal.

Issu de la fusion de 13 organismes de transports et d’une partie des fonctions de la défunte Agence métropolitaine de transport (AMT), le Réseau de transport métropolitain (RTM), devenu exo, a déjà dû faire face à plusieurs crises d’envergure en moins de deux ans d’existence.

L’hiver de 2017-2018 a été une catastrophe sur le réseau de trains de banlieue, avec des pannes, des bris et des retards en cascades durant des semaines. Au printemps suivant,   la construction du futur Réseau express métropolitain de la Caisse de dépôt et placement a entraîné les premières coupures de service sur la ligne de train de Deux-Montagnes, la plus fréquentée du réseau d’exo.

Au début de l’an prochain, le train s’arrêtera définitivement à la gare Du Ruisseau, au nord de la métropole, à plusieurs kilomètres du centre-ville. Les services de remplacement proposés à ce jour ont été massivement dénoncés comme insuffisants. Ils allongeront les temps de parcours quotidiens jusqu’à 40 minutes pour certains usagers.

Même si exo n’a qu’une part très limitée des responsabilités dans la déconfiture de la ligne Deux-Montagnes, ces épisodes ont égratigné l’image du réseau naissant. À l’interne, la tempête a aussi fait rage.

M. Yelle est déjà le deuxième directeur général d’exo. Depuis l’été 2017, pas moins de 10 directeurs ou cadres supérieurs ont quitté le navire. Le directeur exécutif performance et expérience client, Benoît Lavigne, fut le dernier en lice, pas plus tard que la semaine dernière.

Au cours de la même période, le taux de roulement du personnel a atteint 22%. Une personne sur cinq a donc quitté exo depuis le début de ses activités.

Rompre avec le passé

Le directeur général d’exo reconnaît que la rencontre entre les effectifs existants de 13 organismes de transport de nature municipale gravitant depuis des décennies dans les villes de banlieue, et ceux de la défunte AMT, une agence gouvernementale typiquement montréalaise, a produit un choc de culture chez bien des employés.

Des personnes oeuvrant à la planification des réseaux métropolitains au sein de la défunte AMT «n’étaient pas toujours à l’aise avec ce qu’on est devenu, soit une entreprise de développement et de livraison de services. Il y a eu du mouvement», reconnaît le directeur général.

«Maintenant, assure Sylvain Yelle, on est rendus ailleurs. Notre mission première, à la création du réseau, c’était d’assurer une transition transparente, sans impact, pour les usagers entre les deux administrations. La transition est faite. II reste encore des choses à améliorer mais l’entreprise est intégrée, on a nos bureaux, les gens travaillent ensemble. Il est temps de regarder vers le futur.»

Ce remaniement consacre aussi une rupture définitive avec la stratégie de développement des services de transport collectif des couronnes de banlieue, qui a reposé pendant presque 20 ans sur l’expansion des trains de banlieue. C’est fini.

«On n’est plus l’AMT, dit M. Yelle, en référence à la défunte Agence métropolitaine de transport, dont exo a repris les opérations. Les gens ne le réalisent pas encore, mais on est une entreprise de bus, maintenant. Nous avons 600 bus (en circulation), on réalise plus de déplacements en autobus qu’en train de banlieue. Et cela fait aussi partie du "switch" qu’on doit faire, en se repositionnant en conséquence.»

Achalandage d’exo (2017)

Trains de banlieue: 20,3 millions (45%)

Autobus: 23,8 millions (53%)

Transport adapté: 674 800 (2%)

Marge de manœuvre

L’organigramme du réseau a été allégé. Au lieu de 11 directions exécutives, exo n’en comptera plus que sept, dont trois dédiées exclusivement aux missions liées à la clientèle: la réalisation des projets, l’exploitation quotidienne des réseaux, et l’information aux usagers.

Un nouveau bureau des «communications externes et affaires publiques», relevant directement du directeur général, aura pour mandat d’assurer des rapports plus étroits et mieux suivis avec les 61 municipalités desservies par les trains et les autobus d’exo, ainsi qu’avec les autres acteurs du transport collectif métropolitain (ARTM, REM, etc.).

Personne ne perdra son emploi, assure exo.

«Avec cette réorganisation, ajoute-t-il, on va se dégager une marge de manœuvre, on va être capable d’aller à la rencontre des municipalités, et on va pouvoir mieux livrer notre service.»

Selon le directeur général, la structure organisationnelle initiale d’exo, imposée par un comité de transition, était adéquate pour assurer une transition douce pour les usagers, mais elle a créé des silos, qui doivent être brisés pour rendre l’organisme plus efficace. Cette structure divisait les fonctions de développement des projets en trois directions distinctes, tandis que les opérateurs de bus et les opérateurs trains travaillent chacun de leur côté.

«Une direction exécutive pensait le projet, une deuxième s’occupait de le développer, et la troisième le construisait, explique M. Yelle. On a regroupé toutes les fonctions liées aux projets sous une seule direction "Bureau de projets" qui va désormais prendre les projets en main de A à Z.»

Tous les effectifs qui travaillent à la livraison des services, que ce soit par autobus ou par train, seront désormais regroupés sous une seule direction «Exploitation». Exo espère ainsi améliorer les connexions entre les réseaux d’autobus et de train, maintenant que les deux modes seront opérés par les mêmes équipes.

Réseau exo (anciennement Réseau de transport métropolitain-RTM)

Entré en fonction le 1er juillet 2017

600 employés

61 municipalités desservies

Budget 2019: 605 millions

237 lignes d’autobus dans la banlieue

7 terminus

6 lignes de trains de banlieue

62 gares

27 499 places de stationnement incitatif

Achalandage combiné (2017): 44,8 millions de déplacements (2e plus important transporteur de la région métropolitain après la STM)