(Montréal) Des manifestants se sont rassemblés samedi avant-midi devant la succursale de la chaîne Apple de la rue Sainte-Catherine au centre-ville de Montréal pour réclamer que la multinationale, et bien d’autres, paient leur juste part d’impôts au Québec et Canada.

D’autres commerces seront également visés dans la métropole, dont Starbucks et Couche-Tard, à l’appel du Collectif Échec aux paradis fiscaux qui dénonce ainsi les stratagèmes pour faire de l’évasion fiscale.

En entrevue à La Presse canadienne, le porte-parole du collectif Jacques Bouchard a souligné que des tracts sont notamment distribués aux passants afin d’interpeller la population dans l’espoir de faire augmenter la pression populaire sur les gouvernements.

« On a vu dans d’autres pays, par exemple au Royaume-Uni que Starbucks a modifié ses pratiques en raison de la pression populaire », souligne M. Bouchard. Il croit que le scénario peut donc se reproduire à l’échelle québécoise.

Leur manifestation survient alors qu’un grand nombre de contribuables québécois s’affairent à transmettre leur déclaration de revenus. Les organisateurs déplorent ce qu’ils qualifient de « régime fiscal à deux vitesses », qu’ils jugent trop laxiste à l’endroit des grandes fortunes.

Les protestataires espèrent que les gouvernements Trudeau et Legault entendront leurs revendications. Parmi celles-ci : « [il faut que] les profits faits au Canada soient déclarés au pays, sans qu’ils puissent être transférés dans une autre filiale dans un autre pays », explique M. Bouchard.

Le collectif demande aussi à Ottawa « de criminaliser les pratiques d’évitement fiscal et d’octroyer plus de pouvoirs à l’Agence du revenu du Canada (ARC) pour enquêter et récupérer les sommes dues, tout en protégeant les lanceurs d’alerte ».

M. Bouchard se dit d’ailleurs très déçu du dernier budget fédéral. Son regroupement mise sur les prochaines élections fédérales, en octobre, pour interpeller les élus et leur demander d’inclure la lutte aux paradis fiscaux dans leur plateforme électorale.

Déjà, une première rencontre a eu lieu le 12 mars à Montréal avec le député néo-démocrate Alexandre Boulerice, selon ce qu’a indiqué M. Bouchard

Il suggère aussi au gouvernement Legault, à Québec, de songer très sérieusement à l’imposition d’une « taxe sur les profits détournés ».

Le collectif recommande même la création d’un régime public, qui permettrait de savoir quelles entreprises ont recours aux paradis fiscaux.

D’autres moyens d’action seront organisés au cours des prochaines semaines, dont une autre manifestation prévue le 27 avril à Montréal.

Le collectif Échec aux paradis fiscaux regroupe des gens issus de divers organismes communautaires, ainsi que des milieux syndicaux et étudiants.