Accélérer le temps de réponse des pompiers. Adapter automatiquement les feux de circulation en fonction de la congestion. Améliorer l'efficacité du colmatage des nids-de-poule. La Ville de Montréal misera sur l'intelligence artificielle pour améliorer ses services.

Densité de la circulation, emplacement des nids-de-poule, localisation des crimes et des incendies, nombre de remorquages : la Ville de Montréal collige en temps réel des milliers de données différentes sur ce qui se passe sur son territoire. Reste maintenant à trouver comment y voir clair afin d'y donner un sens.

« La ville intelligente doit permettre d'améliorer la qualité de vie des citoyens. Ce qu'on essaie de travailler, c'est de voir de quelle manière la collecte de données peut nous aider à améliorer les décisions qu'on prend », explique François Croteau, élu responsable de la ville intelligente au sein de l'administration Plante.

Montréal a ainsi décidé de miser sur l'intelligence artificielle afin de l'aider à donner un sens aux données massives qu'il collige. 

« On veut implanter une culture de prise de décision à partir des données, des faits, donc prendre de meilleures décisions. »

Pour y arriver, Montréal s'apprête à attribuer un contrat de 2,1 millions au géant japonais Fujitsu afin de développer et de mettre en place des logiciels basés sur l'intelligence artificielle.

Déjà, certaines pistes sont à l'étude. Montréal dit vouloir trouver comment améliorer le temps de réponse de ses pompiers et mieux déterminer les risques d'incendie. Avec les problèmes de congestion que la métropole connaît, on souhaite utiliser les images captées par les centaines de caméras qui quadrillent le réseau routier pour détecter les entraves à la circulation et tenter de soulager la congestion en ajustant les feux de circulation intelligents qui ont été implantés.

Expertise interne

En parallèle, Montréal a conclu une entente avec l'Institut québécois d'intelligence artificielle afin de l'accompagner dans ce virage. La métropole versera 831 000 $ sur cinq ans au centre qui regroupe plusieurs sommités mondiales sur le sujet afin de bénéficier de leur expertise.

Montréal voulant développer son expertise interne, huit employés de la Ville travailleront dans les locaux de l'Institut. Comme l'intelligence artificielle est un domaine naissant, cette proximité devrait faciliter la tâche à la métropole quand viendra le temps de trouver les bonnes personnes pour résoudre un problème. François Croteau espère aussi que cette proximité permettra à de jeunes pousses de développer des systèmes dont Montréal pourra ensuite bénéficier.

Un virage éthique

L'intelligence artificielle suscitant souvent des craintes, de nombreux citoyens pourraient s'inquiéter de l'utilisation des données colligées. La métropole a donc décidé de se doter de règles éthiques strictes.

« Avec ce qu'on peut lire et voir en Chine par exemple, c'est sûr que la population est inquiète sur la manière dont les données peuvent être utilisées. C'est pour cela qu'on a décidé d'adhérer à la Déclaration de Montréal. On veut se doter des barèmes de très haut niveau, et le faire de la manière la plus transparente », a indiqué François Croteau.

La Déclaration de Montréal énumère 10 principes afin de guider l'utilisation éthique de l'intelligence artificielle. L'élu estime que Montréal doit prendre les devants en intelligence artificielle pour s'assurer que ses citoyens y trouvent leur compte.

« C'est important que la Ville développe son expertise en intelligence artificielle pour que les entreprises privées n'imposent pas leur modèle et qu'on ne perde pas le contrôle. On veut développer l'intelligence artificielle pour le bénéfice de la collectivité, pas le bénéfice du privé. »