Plusieurs dizaines de personnes ont participé devant la station de métro Square Victoria, au centre-ville de Montréal, à un rassemblement en l'honneur des 50 victimes d'un attentat islamophobe survenu la semaine dernière en Nouvelle-Zélande.

Plusieurs d'entre elles portaient des pancartes sur lesquelles étaient affichées des photographies des six hommes tués à un tireur à la mosquée de Québec en janvier 2017. On pouvait aussi y lire : « tué par l'islamophobie, 29-1-2017, Québec ».

Dimanche, l'imam Hassan Guillet a évoqué des informations non confirmées voulant que le suspect de l'attaque de Christchurch ait été influencé par Alexandre Bissonnette, l'homme reconnu coupable de six meurtres au premier degré relativement à l'attentat de Québec.

« À des milliers de kilomètres de distance du Québec, un terroriste nous a envoyé le message en écrivant sur son arme le nom de notre assassin, de notre terroriste, Alexandre Bissonnette, s'est-il indigné. Comme Québécois, comme Canadien, comme musulman, comme être humain, comme père de famille, j'ai honte de voir que, nous comme Québécois, comme Canadien, plutôt d'exporter nos valeurs d'ouverture et de générosité, nous sommes en train d'exporter la haine, la violence et le terroriste. »

Une photographie publiée sur un compte Twitter maintenant supprimé montrait trois magasins d'un fusil d'assaut. L'un d'eux portait le nom de Bissonnette.

Sans le nommer, M. Guillet a reproché au premier ministre québécois François Legault d'avoir dit que l'islamophobie n'existait pas au Québec.

« L'islamophobie existe, l'islamophobie tue et l'islamophobie menace notre avenir à nous tous », s'est-il exclamé.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, ainsi que des politiciens fédéraux et municipaux et des représentants de diverses églises, synagogues et groupes de citoyens ont participé au rassemblement. Certains participants portaient avaient des pancartes affirmant que « les musulmans et les chrétiens font partie de la famille ».

Plusieurs intervenants ont tracé des parallèles entre le massacre de la Nouvelle-Zélande et le meurtre de neuf Afro-Américains dans une église de Charleston, en Caroline du Sud, en 2015, et de 11 fidèles juifs dans une synagogue de Pittsburgh l'année dernière. Un par un, les orateurs ont appelé les participants à s'opposer à la propagation du discours de haine et à la montée de l'extrême droite.

« Christchurch n'est pas seulement un crime contre les musulmans, c'est un crime contre l'humanité, a souligné Alladin Abou Sharbin, l'un des co-organisateurs du rassemblement. Ce massacre a répandu un langage de haine qui n'a pas sa place parmi nous et doit être vaincu par notre unité, non seulement en tant que musulmans, mais en tant qu'êtres humains. »

Mais beaucoup de personnes présentes ont également demandé aux médias, aux politiciens et aux artistes populaires d'arrêter de présenter les musulmans comme des étrangers. Plusieurs ont dénoncé le projet du premier ministre du Québec d'interdire les symboles religieux aux fonctionnaires de l'État. Un autre a déploré le manque de personnages non blancs à la télévision québécoise.

« Nous continuons à être mis dans la position de l'Autre, de l'Étranger. C'est cela qui alimente réellement ce genre de haine qui mène à la violence et conduit à des attaques, a déclaré Ehab Lotayef, l'un des organisateurs. Tout ce que nous demandons, c'est d'être dépeints pour ce que nous sommes : des contributeurs normaux à la société, des personnes normales qui ont des espoirs, des aspirations et des préoccupations. »