La construction d'un nouveau centre de détention pour migrants à Laval a suscité la colère de manifestants, dimanche à Montréal, où une cinquantaine de personnes ont marché pour demander l'arrêt du projet.

«Les Québécois suivent avec attention ce que Donald Trump fait aux États-Unis, mais ils ne réalisent pas qu'on emprisonne des familles migrantes dans leur cour arrière», a dit Sam Hoffman, porte-parole du groupe Ni Frontières, Ni Prisons, qui organisait la marche.

M. Hoffman s'oppose au projet de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) de construire un nouveau centre de détention qui doit ouvrir ses portes l'an prochain près de l'actuel Centre de prévention de l'immigration à Laval (CPI), une ancienne prison jugée vétuste et mal adaptée, où sont emprisonnés des demandeurs d'asile dont l'identité doit être vérifiée.

Dessiné par la firme d'architecture Lemay, le nouveau centre de détention sera plus adapté aux familles, et les clôtures qui l'entourent ne seront plus munies de fils barbelés, comme c'est le cas actuellement. Le nouveau centre devrait contenir 121 lits.

«Ils veulent rendre ça plus joli, mais une prison reste une prison, a dit M. Hoffman. On ne veut pas d'une belle façade sur un système qui est violent et immoral.»

«Beaucoup de détresse, beaucoup de tristesse»

Les manifestants sont partis de la station de métro Place-Saint-Henri pour marcher jusqu'au siège social de la firme d'architecture Lemay. Une forte présence policière était visible autour de la marche, qui s'est déroulée dans le calme.

Parmi les marcheurs se trouvait Carmelo Monge, un ressortissant mexicain qui a été détenu au centre de détention de Laval en 2016. Il a expliqué que cette expérience avait laissé des traces. «Il y a des femmes et des enfants là-dedans, des gens qui sont constamment surveillés. Il y a beaucoup de détresse, beaucoup de tristesse.»

Bénéficiant d'un réseau de soutien, M. Monge a pu sortir du centre. Or, bien des gens n'ont pas cette chance et sont déportés.

En 2017, la firme Lemay avait obtenu deux contrats totalisant 5 millions de dollars (en coentreprise avec une société de Québec) pour dessiner le nouveau centre à Laval, un projet de 56,1 millions financé par le ministère fédéral de la Sécurité publique. La firme Lemay n'avait pas répondu à notre demande d'entrevue, dimanche, au moment de publier.

Actes de vandalisme

Au début du mois, le siège social de l'entreprise d'excavation Loiselle à Salaberry-de-Valleyfield, qui participe aussi aux travaux, avait été vandalisé avec de la peinture. Au printemps dernier, des militants avaient aussi lancé une grande quantité de criquets visant les locaux de la firme Lemay, à Montréal.

Interrogé par La Presse, Sam Hoffman, du groupe Ni Frontières, Ni Prisons, a dit que la marche n'était pas liée aux groupes qui ont fait du vandalisme. «Ceci est notre première action», a-t-il dit.