Devant le Tribunal du travail, jeudi, la Société de transport de Montréal a cherché à démontrer, tableaux à l'appui, qu'une certaine diminution du nombre d'autobus disponibles pour rouler coïncidait avec des événements qui avaient suscité la « mauvaise humeur » du syndicat des employés d'entretien.

La STM demande au Tribunal d'ordonner au syndicat de cesser tout ralentissement de travail, puisque ces ralentissements, selon elle, ont pour effet de réduire le nombre d'autobus en circulation comparativement aux années 2016 et 2017.

Ce syndicat représente 2400 employés affectés à l'entretien des autobus ; il est rattaché à la Fédération des employés des services publics de la CSN. Il n'a toujours pas renouvelé sa convention collective. Et la négociation est particulièrement laborieuse depuis l'an passé. Il y a même eu un débrayage illégal, pour lequel le tribunal a dû intervenir.

Le premier témoin entendu, Luc Mercier, directeur de l'entretien des autobus, a expliqué que la STM dispose d'un parc global de 1800 autobus. Et 1424 sont requis à l'heure de pointe du matin et 1390 à l'heure de pointe d'après-midi.

Mais, selon son témoignage, le nombre d'autobus disponibles pour rouler a diminué de manière significative à certains moments clés qui ont causé de la mauvaise humeur chez les syndiqués ou les représentants syndicaux.

Il a cité l'exemple d'une « grève du temps supplémentaire » du 7 au 12 mai 2018. Le nombre d'autobus disponibles était alors passé de 1365 à 1300. Vu le moment de l'année, cela ne pouvait être dû au mauvais temps, a-t-il expliqué.

Il a donné d'autres exemples, comme une menace de grève en juin 2018 et un vote sur des horaires de travail d'une durée de 12 heures en février 2019.

Quand il se passe un événement qui mécontente le syndicat ou les syndiqués, « j'ai une chute de la disponibilité et j'ai une augmentation des (autobus) immobiles. C'est direct », a affirmé M. Mercier.

Mais il n'y a pas grève en tant que telle, puisque les employés sont présents. « Mon employé est présent de corps, mais sa performance, sa productivité n'est pas là », a résumé M. Mercier devant le juge administratif Alain Turcotte.

Pour d'autres raisons ?

De son côté, l'avocat du syndicat, Me Étienne Poitras, a tenté, par son contre-interrogatoire, de démontrer que ces baisses du nombre d'autobus disponibles, au fil des ans ou des périodes de l'année, pouvaient s'expliquer par d'autres phénomènes. Il a interrogé le témoin sur plusieurs autres causes possibles, comme les fluctuations de température, le nombre d'employés en formation, les vacances des employés, les postes de mécaniciens non comblés, les entretiens remis à plus tard et autres.

Mais le témoin a été catégorique : en comparant 2018-2019 avec les années 2016 et 2017, « la seule chose qui a changé, ce sont les relations de travail ». Et il voit donc un lien de cause à effet entre le mécontentement syndical et le manque d'autobus dû à des ralentissements de travail.

Me Poitras a aussi demandé au témoin s'il avait déjà informé le syndicat du fait qu'il percevait des ralentissements de travail. M. Mercier s'est souvenu en avoir personnellement parlé à un vice-président du syndicat, mais en utilisant les termes de « passer le message d'augmenter la productivité parce que la productivité n'est pas au rendez-vous ».

L'audition de la cause doit se poursuivre vendredi. Le juge prévoit rendre une décision la semaine prochaine.