Un regroupement de propriétaires de calèches a déposé une injonction au palais de justice de Montréal, lundi, pour freiner la fin forcée de leurs activités le 31 décembre prochain. Avec cet ultime recours devant les tribunaux, les cochers veulent sauver in extremis leur industrie. Ils entendent également démontrer qu’il n’y a pas de cruauté envers les animaux.

Selon eux, le règlement imposé par l’administration Plante est « injuste », voire « discriminatoire ».

« La mairesse Plante a eu le culot de dire que les chevaux ne sont pas adaptés aux changements climatiques. Ce sont de grossières menteries, n’importe quel propriétaire d’écurie le dirait. On a l’intention de le démontrer devant un juge », a expliqué Luc Desparois, surnommé « Lucky Luke ». Il est propriétaire d’une quinzaine de chevaux de trait à Montréal.

En vertu du règlement marquant la fin des calèches, adopté au printemps, une somme de 1000 $ est offerte au propriétaire pour placer les chevaux dans des familles adoptives avec la collaboration de la SPCA (Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux). Jusqu’à ce jour, un seul propriétaire (de Sissi) s’est prévalu de l’offre.

M. Desparois explique que les cochers jugent « ridicule » la somme de 1000 $ offerte par la Ville de Montréal.

« À la grosseur de nos bêtes, ce n’est même pas le prix de la viande. Plusieurs propriétaires de chevaux sont tannés de se battre, de se faire insulter. On a eu droit à toutes les insultes possibles des anti-calèches. Ils ont lâché prise. Mais 1000 $, non, vraiment. Nos cochers sont fiers », dit-il.

Sur Kijiji

Dans les dernières semaines, certains cochers ont opté pour la mise en vente des animaux sur le site d’annonces Kijiji. L’un d’eux, qui demande un minimum de 1500 $ pour son cheval, indique qu’il n’y a pas de honte à annoncer un cheval sur le site internet.

« Il n’y a rien de honteux à essayer de trouver soi-même un endroit pour les chevaux plutôt de les laisser aller à la Ville de Montréal. Je ne peux tout simplement pas me résigner à abandonner mes chevaux comme ça après toutes ces années à travailler avec eux, avec ce qu’ils m’ont donné », explique Robert Betty, propriétaire de chevaux depuis plus de 35 ans.

Selon lui, la Ville de Montréal a failli à son devoir en n’encadrant pas mieux l’industrie des calèches. « Par exemple, on a demandé en vain, durant des années, des poteaux pour attacher nos chevaux. Il y a eu des événements fâcheux, des chevaux se sont emballés. Il aurait fallu agir avant pour sauver l’industrie. »

Règlement solide

À l’ouverture de la dernière séance du conseil municipal de l’année, lundi après-midi, la mairesse Plante a eu tôt fait de réagir à la demande d’injonction en soutenant que le règlement de la Ville était « solide ».

« L’injonction ne m’inquiète pas. On a pris le temps de bien écrire le règlement, on a accordé une période d’adaptation. Dans ce règlement, il y a même des mesures d’accompagnement pour aider les cochers à se trouver un emploi. Et n’oublions pas qu’on a trouvé une maison aux chevaux si c’est nécessaire. »

Lionel Perez, chef de l’opposition, affirme qu’il est d’accord avec l’enjeu de protection des animaux.