(Montréal) Des organismes qui viennent en aide aux sans-abri à Montréal ont enclenché dimanche leur protocole hivernal afin de combler les besoins accrus durant la saison froide.

Pour une deuxième année de suite, la métropole pourra compter sur une unité de débordements à l’ancien hôpital Royal-Victoria afin de s’assurer que les hommes et les femmes dans le besoin ont un endroit où dormir au chaud lorsque tous les refuges sont pleins. Des services psychosociaux y sont aussi offerts. L’an dernier, 1500 personnes distinctes ont franchi les portes de cette unité de débordement, selon le président et chef de la direction de la Mission Old Brewery, Matthew Pearce.

« À la Mission Old Brewery, dans le passé, on offrait des matelas au sol de notre cafétéria, mais parfois, on avait jusqu’à 80 personnes qui y dormaient, raconte-t-il en entrevue à La Presse canadienne. C’était inhumain. Ça manquait de dignité et de salubrité aussi puisqu’on devait y servir le petit déjeuner le lendemain. C’était ingérable et ça épuisait notre personnel, donc on a insisté auprès des instances municipales et provinciales pour l’ouverture de quelque chose qui gère le débordement en hiver. »

Il ajoute que cette unité de débordement était réclamée par plusieurs refuges montréalais qui étaient confrontés à la même réalité en hiver. La Mission Bon Accueil, la Maison du Père et l’Accueil Bonneau mènent conjointement le projet, avec son organisme, en se partageant les ressources à l’unité de débordement de l’ancien hôpital Royal-Victoria.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

L’ancien hôpital Royal-Victoria

« La Maison du Père offre la maintenance et l’entretien des lieux. La Mission Bon Accueil offre le personnel sur place pour offrir les services aux personnes dans le besoin et l’Accueil Bonneau offre le petit déjeuner, énumère M. Pearce. Ensemble, on offre toute une gamme de services à des personnes qui, sans cette unité de débordement, n’auraient pas de place dans le réseau actuel à Montréal. »

Les besoins sont tellement grands en hiver que le nombre de lits a été augmenté à 150 à l’unité de débordement par rapport à 80 lits l’an dernier. Autant les femmes que les hommes y sont accueillis, mais sur des étages différents. Selon le PDG de la Mission Old Brewery, les femmes représentent environ 25 % de la clientèle des refuges à Montréal.

À elle seule, la Mission Old Brewery accueille quelque 3500 personnes itinérantes par année, dont 545 femmes. Elle y offre aussi de la nourriture, des vêtements et des ressources d’un réseau de professionnels pour aider ces personnes à réintégrer la société.

Service de navette

Cette année encore, le service de navette demeure au cœur du protocole hivernal. L’an dernier, la navette a assuré plus de 13 000 déplacements sécuritaires.

Ainsi, un chauffeur et un intervenant de la Mission Old Brewery sillonneront les rues du centre-ville de Montréal pour offrir aux personnes qui n’ont pas d’endroit où passer la nuit à monter à bord de la navette pour se réchauffer et se rendre vers les hébergements d’urgence ou pour en revenir, y compris vers l’unité de débordement à l’ancien hôpital Royal-Victoria.

« C’est clair que les refuges et l’unité de débordement ne sont pas des solutions à l’itinérance, mais c’est essentiel étant donné notre climat », rappelle M. Pearce.

« On peut toutefois utiliser cette porte d’entrée à nos services pour aider les gens à sortir de leur situation d’itinérance et à avoir accès à un logement abordable. Ça débute par une rencontre avec un conseiller. »

Par ailleurs, une halte-chaleur encadrée par des intervenants offrira aussi un lieu d’accueil et de répit pour les plus démunis, ainsi que leurs animaux de compagnie. Cet endroit dédié aux personnes vivant dans la rue se trouve dans les locaux de la Mission Saint-Michael, mieux connu sous le nom du Toit rouge dans le secteur du Quartier des spectacles.

« C’est ouvert toute la nuit. Les gens peuvent entrer et sortir, pour se réchauffer, prendre en café, mais aussi pour rencontrer un conseiller. Donc, c’est un autre point d’accès pour les personnes qui, pour une raison ou une autre, ne veulent pas aller à l’unité de débordement alors que les refuges sont pleins », conclut Matthew Pearce.