Pour certains, en deux ans, elle a déjà métamorphosé l’appareil municipal en le rendant plus égalitaire, plus représentatif, plus attentif, plus respectueux des citoyens. D’autres ont plutôt l’impression que rien n’a changé dans la ville des cônes orange, que la mairesse se fait trop discrète, qu’elle manque de fermeté, qu’elle improvise, qu’elle hésite. À mi-chemin de son mandat de quatre ans, le temps file pour Valérie Plante si elle veut combler les attentes suscitées par son élection.

« Ce n’est pas un one-woman-show »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Si certains saluent l’approche collective privilégiée par Valérie Plante, qui mise notamment sur l’expertise de ses collaborateurs et préfère consulter avant d’agir, d’autres y voient le signe d’une mairesse trop discrète qui hésite à imposer une vision claire de ses intentions.

« Il n’y a pas de femmes ? »

Ça lui avait immédiatement sauté aux yeux. Dès que Valérie Plante avait consulté la liste des participants de cette toute première rencontre organisée entre la nouvelle mairesse et les représentants des Sociétés de développement commercial (SDC), quelque part au début de 2018, elle avait tiqué. Aucune femme ne figurait parmi ses invités.

« Ça prend des femmes, a-t-elle insisté auprès de son conseiller économique de l’époque, Glenn Castanheira.

— Mais il n’y en a pas à l’exécutif de l’Association des SDC !

— Je m’en fiche. Trouve-moi des femmes. »

Qu’est-ce qui a changé à Montréal depuis deux ans ? Cynisme, déception ou impatience, les critiques ne manquent pas à l’endroit de l’administration Plante. Piétons, cyclistes et automobilistes se disputent encore l’espace disponible entre deux cônes orange. Le prix des logements grimpe, le réseau d’eau fuit, le métro bondé tombe en panne, les gouvernements se renvoient les factures d’infrastructures.

Il faut donc chercher un peu plus loin pour trouver l’empreinte du changement. Du côté culturel, par exemple. L’anecdote racontée par l’ancien conseiller Glenn Castanheira incarne bien la démarche suivie par la mairesse Valérie Plante devant un nouveau dossier : d’abord, tenir une réunion de consultation, avec des gens de tous les horizons. 

Valérie Plante est une vraie féministe au pouvoir, et je le dis de façon positive.

Glenn Castanheira, ex-conseiller économique de Valérie Plante

« Depuis ce jour, dès que je me retrouve autour d’une table avec seulement des hommes blancs, je le remarque tout de suite. »

Ce manque de diversité parmi les dirigeants a eu des répercussions importantes sur la structure de la ville, lance Sue Montgomery, mairesse de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et membre de Projet Montréal. « En fait, cette ville a été créée par des hommes blancs qui n’avaient aucun problème de mobilité », dit-elle. « Regardez le métro ! Chaque jour, je dois aider une femme à franchir les escaliers avec une poussette. Regardez la station Vendôme ! Il y a un hôpital à la sortie, des gens malades s’y rendent. Et il n’y avait pas d’escalier mécanique ! »

Et cette diversité, croit Valérie Plante, permet d’enlever la pression de perfection qui pèse sur les candidats différents du profil traditionnel. « J’aime penser que plus il y aura de femmes dans les postes de pouvoir, plus on aura d’exemples, et j’espère que nos attentes seront plus réalistes », a dit la mairesse, en entrevue éditoriale à La Presse.

Mais le chef de l’opposition, Lionel Perez, voit surtout un décalage entre l’image que projette l’administration Plante et les résultats. « Ils mettent beaucoup d’accent sur des slogans. Mais quand on gratte la surface, il y a bien peu de concret », dit-il. Il cite notamment le plan d’action « Vision Zéro » pour améliorer la sécurité routière, et l’intention d’allonger la durée des feux de circulation pour protéger les piétons âgés. « Ce n’était pas dans le plan d’action, dit M. Perez. Mais c’est une mesure concrète que nous avions proposée ! »

L’autre chose qui a changé, c’est la confiance renouvelée envers les fonctionnaires municipaux. « Quand on est arrivés à l’hôtel de ville, il y a eu un gros soupir de soulagement collectif dans la fonction publique », affirme le maire de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, François W. Croteau, autre élu de Projet Montréal.

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François W. Croteau, maire de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie

Les gens ont senti qu’on était une équipe qui respectait leur travail, leur expertise, et qui croyait en eux. Ça nous a beaucoup aidés.

François W. Croteau, maire de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie

Son entourage le confirme : Valérie Plante ne fait pas de microgestion. « J’ai rarement vu ça en politique », confie l’ancien conseiller Glenn Castanheira, désormais à son compte. « Valérie Plante n’a pas d’ego, ne fait pas de power trip. Elle gère le comité exécutif comme un cabinet ministériel. Elle fait confiance aux gens autour d’elle. Elle mise sur l’expertise de son équipe, même si c’est clair que c’est elle, la boss. »

Et l’ancien conseiller de résumer : « Ce n’est pas un one-woman-show. »

Mais cette attitude donne aussi l’impression à d’autres que Valérie Plante est trop discrète, qu’elle hésite à imposer une vision claire de ses intentions.

Manque de vision économique ?

Depuis deux ans, le milieu des affaires et les élus de Projet Montréal apprennent à se connaître. Mais à l’heure du bilan de mi-mandat, le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc, s’inquiète. « C’est quoi, la vision économique de la mairesse ? »

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Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

On dirait qu’on n’a pas devant nous une administration qui a une vision très claire, assumée, d’une métropole qui a un développement économique fort.

Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

« Oui, il y a un discours sur la mobilité, sur l’habitation, sur l’environnement… Mais quand vient le temps d’avoir une ambition économique, on n’entend pas la Ville », dit Michel Leblanc.

Plusieurs éléments irritent les gens d’affaires, dit Michel Leblanc. La coordination des chantiers, par exemple. « Ce n’est pas nouveau comme grogne, reconnaît-il. Mais ce qui est nouveau, c’est l’impression que la situation n’est pas sous contrôle. »

D’où l’inquiétude de la CCMM à savoir qu’il existe un « danger d’effritement » de la confiance des milieux économiques qui avait permis de relancer les investissements dans la Ville au cours des dernières années.

« La critique de dire qu’on ne sait pas où on s’en va, je la trouve un peu facile ! », s’exclame Valérie Plante, en rappelant la publication l’an dernier de la stratégie de développement économique. « La stratégie, elle est claire et nette », dit-elle.

On encourage l’arrivée de toute entreprise qui se fera dans l’idée de soutenir le bien commun.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Elle cite notamment les entreprises spécialisées en intelligence artificielle ou en jeux vidéo. « On attire des investisseurs parce qu’il est possible d’habiter la ville de Montréal, parce qu’il y a plusieurs universités, un bassin de talents, une qualité de vie. »

« Je suis fière de dire qu’on ne débarque pas dans mon bureau en me disant : “Voilà c’est quoi, le développement économique” », dit la mairesse. « Pour prendre la meilleure décision, je dois avoir autour de moi des gens qui ont une expertise », insiste-t-elle.

Comme les commerçants, d’ailleurs, dont les représentants se disent enchantés par l’écoute qu’ils reçoivent à l’hôtel de ville. Leurs échanges avec l’administration Plante ne se limitent d’ailleurs pas au développement économique. « On nous invite à participer à toutes sortes d’initiatives, dit Caroline Tessier, directrice de l’Association des SDC. On nous inclut dans tous les comités, on parle de diversité, de transition écologique, de culture… »

Pour ça, tout le monde s’entend, Valérie Plante et Projet Montréal consultent beaucoup, beaucoup. Voire… un peu trop ?

L’obsession de la consultation

Suzanne Lareau militait au parti du Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM) quand son chef, Jean Doré, a pris le pouvoir en 1986. Son élection a été suivie par « quelques coups d’éclat » rapides et salués, raconte celle qui dirige aujourd’hui Vélo Québec.

« Mais après, le RCM s’est mis à consulter. Et à consulter. Et à reconsulter. Et c’est devenu un problème, de tant consulter. Et c’est ce que je vois arriver, après deux ans de Projet Montréal à la mairie. »

On ne peut pas remettre les décisions qu’on doit prendre pour le bien collectif entre les mains des consultations. Je comprends que l’on consulte pour améliorer un projet. Mais quand on est rendu que l’on consulte pour se demander si on va de l’avant ou pas, c’est le statu quo qui s’installe.

Suzanne Lareau, présidente-directrice générale de Vélo Québec

« C’est pas comme ça que les villes qui ont décidé de diminuer la place de la voiture ont réussi à faire les choses, dit Mme Lareau. Elles ont dû prendre des décisions, et ça, ça prend du courage politique. »

Par exemple, où sont tous les kilomètres promis du Réseau express vélo, qui ouvriront aux cyclistes des voies rapides et sécurisées ? « Ça ne sort pas vite », dit Mme Lareau, soulignant que seuls 30 km sur 184 km seront terminés d’ici aux prochaines élections. Et le plan d’aménagement au centre-ville ? « M. Coderre nous avait demandé un plan pour développer le réseau cyclable au centre-ville. On l’a remis au printemps 2018 à l’administration actuelle. Depuis, on n’a pas trop de nouvelles sur ce que la Ville en pense… »

La consultation publique, prévient Michel Leblanc, « donne une voix très forte au pas-dans-ma-cour ». « En l’absence d’un message fort à l’hôtel de ville, on se retrouve avec des gens atteints du syndrome pas-dans-ma-cour qui prennent énormément d’espace médiatique. »

« J’aimerais que la Ville, avant de consulter les citoyens, dise : “Voilà où je veux aller” », dit Michel Leblanc. Il cite le développement du secteur du quartier des Faubourgs (qui englobe notamment la brasserie Molson et les terrains de Radio-Canada). Les promoteurs qui y possèdent des terrains souhaitent pouvoir y bâtir en hauteur. Les citoyens consultés par l’Office de consultation publique ne veulent pas d’une densité des bâtiments. « Et la Ville ? Qu’est-ce qu’elle veut ? On ne le sait pas. Si vous êtes contre la densité, dites-le ! »

« L’idée d’une consultation est justement de laisser la parole avant de trancher, se défend Valérie Plante. Et si je consultais sans prendre note, ce serait un exercice bidon, et je pense que la population y a goûté auparavant. »

Un malaise

Autre source d’inquiétude : le recours au droit de préemption, qui permet à la Ville de stopper un projet pour s’assurer que celui-ci cadre toujours avec sa vision du développement. « Si t’es un promoteur à Montréal et que tu veux développer ton terrain, t’es jamais certain que tu pourras y faire ce que tu veux. » L’impression est que désormais, tenir compte des objectifs de la Ville ne sera pas suffisant : la Ville pourra, en tout temps, s’immiscer dans le projet pour y imposer ce qu’elle veut, dit Michel Leblanc.

Ses inquiétudes sont partagées par l’Institut de développement urbain du Québec et son PDG, André Boisclair, qui représentent les promoteurs immobiliers. Le cas du rachat des terrains pour construire le Grand Parc de l’Ouest – et la poursuite de 178 millions intentée par les développeurs du projet Cap-Nature qui prévoyaient y construire 5500 logements – participe à cette méfiance.

« Quand des gens de la communauté des affaires doivent recourir aux tribunaux pour se faire entendre, c’est qu’à l’évidence, c’est le symptôme d’un certain malaise », dit M. Boisclair.

Les impatients rongent leur frein

L’hiver dernier, à force de subir les assauts de la météo qui jouait au yoyo autour du point de congélation, les puisards bouchés par la glace n’arrivaient plus à évacuer l’eau de pluie. Résultat, lors d’un énième redoux, un lac s’était formé devant une école de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. Les employés municipaux étant pris par une autre urgence, la mairesse Sue Montgomery a donc pris son pic à glace et est allée déboucher elle-même le puisard.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Alors que ses détracteurs lui reprochent de ne pas aller assez vite pour implanter les changements promis, ses alliés voient plutôt dans la vitesse à laquelle avance la mairesse le rythme parfait pour que les Montréalais la suivent.

« C’était très thérapeutique, de casser la glace comme ça », s’esclaffe aujourd’hui la mairesse en racontant l’anecdote. « Et ça fait du bien, pour une fois, de régler des choses. »

Parce que oui, reconnaît Sue Montgomery, c’est frustrant de voir les choses bouger si lentement.

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Dans sa lettre de démission publiée sur Facebook, Luc Ferrandez mentionne son incapacité à « influencer » la mairesse Valérie Plante et le comité exécutif « sur la gravité de la situation et des mesures qui s’imposent » pour « ralentir le rythme de destruction de notre planète ».

Dans sa longue lettre de démission publiée le 14 mai sur Facebook, Luc Ferrandez (qui n’a pas souhaité nous rencontrer pour ce reportage) parle de son incapacité à « influencer » la mairesse Valérie Plante et le comité exécutif « sur la gravité de la situation et des mesures qui s’imposent » pour « ralentir le rythme de destruction de notre planète ».

Et il affirme ne pas être le seul à ressentir cette frustration. « De nombreux éluEs sont de plus en plus déçuEs du rythme poussif de nos engagements environnementaux », écrit-il.

Des impatients, Projet Montréal en compte en effet quelques-uns dans ses rangs. « Ce qui est le plus difficile à gérer quand on commence, c’est l’impatience des militants », dit François W. Croteau, fort de ses 10 années au pouvoir. « Et c’est normal. Les militants sont contents d’avoir enfin gagné, ils aimeraient donc que ça aille plus vite. Alors, pourquoi ça ne va pas plus vite ? Il faut expliquer pourquoi. »

« Ça fait partie de la raison pour laquelle on est en politique avec Projet Montréal : parce qu’on doit en faire plus pour l’environnement », dit Philipe Tomlinson, maire de l’arrondissement d’Outremont. « Alors oui, je me reconnais dans les paroles de Luc. »

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Philipe Tomlinson, maire de l’arrondissement d’Outremont

Ça faisait 13 ans qu’on était dans l’opposition. On a la chance de faire quelque chose. On ne la manquera pas.

Philipe Tomlinson, maire de l’arrondissement d’Outremont

Aller vite ne se fait pas non plus sans écraser quelques orteils. Si Valérie Plante se fait reprocher de trop consulter, Philipe Tomlinson, lui, s’est fait reprocher exactement l’inverse.

En mai dernier, Philipe Tomlinson a annoncé la tarification de toutes les places de stationnement à Outremont, mesure qui était d’ailleurs encouragée par Luc Ferrandez dans sa lettre de démission. Des citoyens ont protesté, une pétition signée par 1800 personnes (bien plus que le minimum de 925 signatures requises) a été remise en septembre… forçant la mairie à tenir des consultations publiques sur son projet.

« À la base, les gens sont assez d’accord avec la tarification pour financer la transition écologique, affirme-t-il. Mais ceux qui ne sont pas contents parlent fort, et parlent beaucoup. »

Pour l’opposition, cet épisode illustre parfaitement comment Projet Montréal a adopté des « positions dogmatiques » qui ont « créé beaucoup de division ».

On voit une administration qui pense avoir la vérité absolue, et qui n’est pas prête à faire des compromis, à travailler avec d’autres parties prenantes, à moins qu’elles soient d’accord avec elle.

Lionel Perez, chef de l’opposition

Dans deux ans, les Montréalais retourneront aux urnes. Que pourra leur présenter Valérie Plante ?

Ses alliés énumèrent quelques victoires. La création du « Grand Parc de l’Ouest », qui sera à terme le plus grand parc urbain au Canada. L’achat de 300 autobus et l’obtention du financement du premier tronçon de la ligne rose. « Au départ, tout le monde disait que ça n’arriverait jamais », rappelle François W. Croteau.

Quoi d’autre ? Le souci de l’urbanisme, et le frein imposé en septembre à la construction de la sixième tour du projet immobilier du site de l’ancien Hôpital de Montréal pour enfants parce qu’il ne respectait pas l’intégration prévue de logements sociaux. « Ça a pris beaucoup de courage pour le faire », dit Sue Montgomery. « On ne laisse plus les promoteurs planifier la ville, c’est la Ville qui planifie la ville », dit François W. Croteau.

Alors, bien sûr qu’il faudrait appuyer à fond sur l’accélérateur, dit en soupirant Sue Montgomery. « Mais si on le fait, on ne va rester qu’un seul mandat au pouvoir. Il faut que les résidants embarquent avec nous. »

Trois experts se prononcent

La Presse a invité trois experts de la politique municipale à faire leur bilan de mi-mandat de la mairesse Valérie Plante.

Fanny Tremblay-Racicot

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Fanny Tremblay-Racicot, professeure à l’École nationale d’administration publique (ENAP), experte en administration municipale et régionale, transport urbain, institutions et affaires urbaines

Professeure à l’École nationale d’administration publique (ENAP), experte en administration municipale et régionale, transport urbain, institutions et affaires urbaines

Bon coup

Vent de fraîcheur

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Malgré la non-volonté du gouvernement Couillard de financer la ligne rose, la mairesse est allée de l’avant en finançant un bureau de projet.

La mairesse Valérie Plante est un vent de fraîcheur après les années crasses qui ont abouti à la commission Charbonneau. Elle s’est présentée comme la mairesse de la mobilité, elle fait tout ce qu’elle peut en la matière, elle étire l’élastique au maximum, sans aller trop loin. Il y a énormément de mesures mises de l’avant, on peut prendre l’exemple de la ligne rose du métro. Malgré la non-volonté du gouvernement Couillard de financer la ligne, elle a quand même décidé de financer un bureau de projet. Ça va permettre d’aller de l’avant le jour où la porte sera ouverte. À preuve, le gouvernement Trudeau s’est engagé à la financer dans ses engagements électoraux. Dans le cas du tramway de Québec, elle a réussi à aller chercher un engagement pour la ligne rose. C’est un tour de force. Ça démontre ses grandes qualités de négociatrice.

Mauvais coup

Luc Ferrandez

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Luc Ferrandez

Luc Ferrandez, il n’a même pas réussi à rester deux ans. C’est moins bon. Il s’est senti tassé. Elle n’a pas réussi à lui tailler une place dans son équipe. Je crois que c’est parce que la mairesse Plante est la mairesse de tous les Montréalais, elle ne peut pas agir en bulldozer, ça compromettrait son programme. Et son programme est un programme d’au moins deux mandats. Si elle y va de manière trop coercitive et agressive, c’est là que l’élastique va se briser. Un exemple de ça, c’est la fermeture de la voie Camillien-Houde, un moins bon coup. C’est une tache sur sa feuille de route, elle avait choisi l’option la plus draconienne, et il y a eu un ressac.

Julia Posca

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Julia Posca, chercheuse à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS)

Chercheuse à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS). Ses travaux portent sur l’endettement des ménages, les inégalités économiques, les classes sociales au Québec et les transformations de l’État.

Bon coup

Le règlement « 20/20/20 »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Annoncé lors de la campagne, le règlement « 20/20/20 », qui prône l’imposition aux promoteurs immobiliers de 20 % de logements sociaux, 20 % de logements abordables et 20 % de projets familiaux, doit entrer en vigueur en janvier 2021, un peu avant la fin de son mandat.

L’idée d’imposer aux promoteurs immobiliers 20 % de logements sociaux, 20 % de logements abordables et 20 % de projets familiaux. La politique, annoncée lors de la campagne, est prévue pour entrer en vigueur en janvier 2021, un peu avant la fin de son mandat. C’est une mesure intéressante parce qu’il y a une érosion du parc locatif à Montréal, il y a un exode vers les banlieues. Le règlement vient garantir une mixité sociale. Mais c’est seulement dans un deuxième mandat – s’il y en a un – qu’on verra les résultats.

Mauvais coup

Mise en œuvre lente

PHOTO SIDHARTHA BANERJEE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La rue Amherst, du nom du général controversé, a été rebaptisée Atateken, nom mohawk qui rend hommage à l’héritage autochtone de Montréal. 

Sur plusieurs dossiers, il manque de concret. Prenons par exemple la question du racisme. La Ville de Montréal a donné le mandat de mener une consultation à l’Office de consultation publique de Montréal. Le rapport est attendu au début de l’an prochain. Ça va être quoi, les suites ? C’est là qu’on va voir s’il y a une volonté claire de s’attaquer au problème de l’inclusion sociale. D’un point de vue symbolique, la mairesse montre qu’elle a la volonté. Autre exemple, le changement de nom de la rue Amherst pour les autochtones. Mais après, il faut que concrètement, ces personnes-là soient incluses dans la vie politique, dans la vie économique et sociale de Montréal. Il y a plein d’idées, mais elles prennent du temps à être mises en œuvre.

Raphaël Fischler

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Raphaël Fischler, doyen de la faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal

Il est doyen de la faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur l’histoire, la théorie et la pédagogie de l’urbanisme, ainsi que sur les pratiques et politiques de l’urbanisme à Montréal.

Bon coup

Investissements dans les routes

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse visite le chantier de la rue Sainte-Catherine, le 21 mai.

Ce n’est pas populaire, mais c’est nécessaire ; la Ville de Montréal continue d’investir massivement dans les infrastructures même si ce n’est pas facile pour les citoyens, pour les automobilistes. Il faut l’applaudir. La mairesse a appris de ses erreurs ; elle informe mieux la population. Ce n’est pas encore parfait, mais je crois qu’il y a eu des améliorations dans la gestion des travaux. Il y a des communications en amont, entre autres avec les commerçants. On n’est jamais assez bien informés, mais c’est une bonne chose.

Mauvais coup

La voie Camillien-Houde

PHOTO YVES TREMBLAY, LES YEUX DU CIEL

La voie Camillien-Houde

Il y a eu des ratés pour la voie Camillien-Houde. Un projet mal piloté, l’administration municipale a d’ailleurs dû faire marche arrière en partie. Je ne sais pas si c’était lié à Luc Ferrandez, qui est parti. Mais là, je crois qu’elle a appris. Je ne vois pas de grandes faiblesses dans l’administration, ou de grandes lacunes, mais il y a des défis à relever. Pour le projet du Grand Parc de l’Ouest, par exemple, il y a des démarches devant les tribunaux d’un propriétaire d’un terrain qui veut des millions. Je crois que la Ville doit accepter de dépenser de l’argent pour créer ce grand parc. On est en terrain miné, mais je crois que si les tribunaux l’ordonnent, la Ville doit payer. Ce serait un grand investissement, un legs pour les générations futures.