Dominique Piché dit « assumer la responsabilité pleine et entière des évènements malheureux du week-end »

Alors que les questions continuaient de fuser hier au sujet de l’encadrement médical du marathon de Montréal, qui s’est soldé dimanche par la mort d’un coureur, le directeur de course, Dominique Piché, a remis sa démission, disant vouloir « faire preuve d’imputabilité ».

« Les évènements malheureux du week-end dernier lors du marathon, dont j’ai assumé publiquement la responsabilité pleine et entière comme il se doit en de telles circonstances, m’ont amené à prendre cette décision difficile. Elle témoigne de ma volonté de faire preuve d’imputabilité, une qualité que je tiens en haute estime », a écrit Dominique Piché dans sa lettre de démission.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Dominique Piché, directeur de course démissionnaire du Marathon de Montréal

Son départ de l’Ironman Group survient quelques jours après la mort de Patrick Neely, jeune coureur de 24 ans qui souffrait d’un trouble cardiaque, qui a fait un arrêt cardiorespiratoire à deux kilomètres de l’arrivée. L’organisation a été la cible de critiques. Des témoins ont dénoncé l’attente avant l’arrivée des secours et l’absence de défibrillateurs à proximité.

Pas de pansement

Un autre coureur, le Dr Jean-Marc Décary, a lui aussi déploré l’absence d’équipement offert pour les premiers soins. Ce participant au marathon de dimanche dernier a dû interrompre sa course près du 28e kilomètre afin de venir en aide à un coureur qui s’était coupé à un sourcil en chutant. Or, après environ 20 minutes à attendre qu’on lui fournisse un pansement, le médecin s’est résigné à utiliser la trousse de premiers soins d’une voisine habitant le secteur.

« Cette situation est vraiment bizarre et soulève des questions sur l’équipe de soins en place », affirme le Dr Décary, qui a déjà couru près d’une vingtaine de marathons.

Médecin de famille à Saint-Hyacinthe, le Dr Décary courait sur le boulevard Rosemont et approchait du 28e kilomètre quand il a aperçu un attroupement autour d’un coureur assis par terre. « Je me suis arrêté pour voir », dit-il.

Le Dr Décary a appris que le coureur avait trébuché et s’était coupé à un sourcil. La blessure de 1,5 à 2 cm de longueur saignait. « J’ai utilisé du papier hygiénique qu’on m’avait apporté pour faire une compression », raconte le médecin.

Rapidement, un officiel de course est arrivé à moto sur les lieux de l’incident, selon le Dr Décary.

Je lui ai demandé d’appeler les premiers soins pour avoir des pansements, ce qu’il a fait. Mais après, on a attendu, attendu, attendu…

Le Dr Jean-Marc Décary

Selon le médecin, un deuxième appel a dû être lancé par l’officiel de course dans l’espoir d’obtenir des pansements. Mais au bout d’une vingtaine de minutes d’attente, c’est plutôt une voisine qui se trouvait sur son balcon qui a fourni une trousse de premiers soins. Le Dr Décary raconte avoir pansé la plaie du coureur. Après s’être assuré que l’homme était en mesure de reprendre la course, le Dr Décary l’a laissé poursuivre, tout en lui recommandant de consulter un médecin par la suite pour des points de suture. « Je l’ai recroisé par la suite, et il était correct », dit-il.

Pour le Dr Décary, le fait qu’il a été impossible d’obtenir de simples pansements rapidement le long du parcours du marathon est « étrange ».

Silence radio de l'organisation

L’organisation du marathon de Montréal n’a pas répondu à nos questions, hier.

Dans la foulée des évènements de dimanche, l’organisation du marathon a publié un communiqué lundi dans lequel elle écrivait que « toutes les ressources étaient en place de manière appropriée le jour de la course, dont plus de 50 défibrillateurs et plus de 80 professionnels de la santé sur le parcours, ainsi que 8 ambulances [destinées] à l’évènement ».

« Mais si toutes ces ressources étaient en place, comment expliquer qu’on ait attendu si longtemps ? », se questionne le Dr Décary.