Rien ne va plus au marché Jean-Talon. Des marchands ont pris la parole pour dénoncer le «régime de terreur» qui règne depuis des mois au sein de leur corporation et supplié la Ville de clarifier ses intentions.

Ils craignent de perdre les emplacements qu’ils occupent, de génération en génération, depuis des décennies.

«J’ai peur de perdre mes places», avoue Serge Marticotte, maraîcher de longue date au marché Jean-Talon et membre du conseil d’administration de la Corporation des marchés publics de Montréal (CMPM) d’avril 2018 à février 2019. M. Marticotte a donné sa démission après avoir subi des pressions pour «voter du bon bord».

«On nous dit que si on ne respecte pas les recommandations de la Ville, on va nous enlever nos baux», ajoute-t-il.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Jean-Guy Brais, ex-président de la Corporation des marchés publics de Montréal, Serge Marticotte, maraîcher au marché Jean-Talon, et Michel Sauriol, administrateur de l’Association des producteurs maraîchers du Québec. 

Une série d’événements survenus depuis le dépôt du rapport accablant du contrôleur général de la Ville, en décembre 2018, alimentent la suspicion.  

Le 12 mars, l’assemblée générale de la Corporation s’est tenue sous la surveillance d’agents de sécurité de la société Garda. Ce printemps, des producteurs et des revendeurs ont été convoqués par la directrice générale de l’organisme, Isabelle Laliberté, en présence d’un avocat. D’autres se sont fait intimider ou menacer d’expulsion s’ils ne rentraient pas dans le rang.

«Ce n’est pas clair ce que veut la Ville», affirme Jean-Guy Brais, qui a été à la tête de la Corporation de ses débuts, en 1993, jusqu’à 2005, année où il a pris sa retraite. «On entend beaucoup de choses et c’est inquiétant.»

«Il y a quelque chose de malsain», ajoute Michel Sauriol, propriétaire avec ses deux fils de la ferme Sauriol, et administrateur de l’Association des producteurs maraîchers du Québec. «Il y a des cachettes quelque part.»

Une poursuite en cour a été déposée le 23 août par quatre commerçants du marché Jean-Talon qui contestent des changements apportés à un règlement de leur corporation. La cause sera entendue le 10 septembre.