(MONTRÉAL) La bâtisse, située avenue de l’Esplanade, sera reconstruite à l’identique après avoir été laissée à l’abandon pendant deux décennies.

Le propriétaire Guy Desrosiers se conforme à l’avis remis par le ministère de la Culture et des Communications : il prélève, numérote et entrepose les pierres grises de l’immeuble patrimonial qu’il a laissé à l’abandon pendant plus de 20 ans.

Depuis le 25 juin, des ouvriers s’affairent à démonter la façade de ce très beau bâtiment qui menaçait de s’écrouler, au 4413-4423, avenue de l’Esplanade.

« On va avoir fini dans une semaine », assure un des ouvriers engagés par Guy Desrosiers, un homme de 73 ans qui a fait preuve de « négligence extrême », selon Alex Norris, conseiller de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

L’immeuble patrimonial est situé en face du parc Jeanne-Mance, près de l’avenue du Mont-Royal.

Situé en face du parc Jeanne-Mance, près de l’avenue du Mont-Royal, cet immeuble, jugé irrécupérable par la Ville de Montréal depuis 2013, ne sera plus qu’un souvenir dans quelques semaines.

EFFONDREMENT

Le 21 mai, en soirée, l’arrière s’est partiellement effondré, ce qui a forcé l’évacuation d’une quarantaine de voisins, dont M. Desrosiers, qui habitait avec sa femme au rez-de-chaussée de l’immeuble situé au 4403-4407, avenue de l’Esplanade, dont il est aussi propriétaire.

Dix jours plus tard, le 31 mai, le ministère de la Culture et des Communications a remis un avis pour ordonner le démantèlement et l’entreposage des pierres de la façade et autoriser la démolition de la bâtisse vacante depuis 1996.

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Les pierres de l’immeuble patrimonial ont une profondeur de 6 po et pèsent jusqu’à 150 lb chacune.

Ce travail a été entrepris au lendemain de la fête de la Saint-Jean-Baptiste, marquée par un second effondrement. Une fois les travaux de prélèvement des pierres de la façade achevés, une autre équipe procédera à la démolition du bâtiment.

« Les travaux sont pris en charge par le propriétaire », confirme Michel Tanguay, porte-parole de l’arrondissement. De même que la surveillance des travaux, assurée par son ingénieur.

D’une profondeur de 6 po, les pierres pèsent jusqu’à 150 lb chacune, indique M. Tanguay. Elles sont numérotées, enveloppées dans du plastique et entreposées dans un conteneur sécurisé. Le chantier est aussi protégé par des clôtures grillagées.

« ROMAN-FLEUVE »

Prochaine étape ? M. Desrosiers devra faire construire un nouvel immeuble sur le terrain avec les mêmes caractéristiques que l’ancien : façade, ouvertures, balcons, matériaux et volumétrie. Tout devra être fait à l’identique. Les pierres devront être remontées pour faire partie intégrante du nouveau bâtiment.

Mais avant d’aller de l’avant, le propriétaire doit soumettre des plans au ministère de la Culture pour approbation.

« Ce n’est pas la fin de ce roman-fleuve », affirme Michel Tanguay.

Pour ce qui est de l’autre immeuble dans lequel M. Desrosiers habitait jusqu’à tout récemment, il devra être rénové, en vertu d’un jugement de la Cour supérieure rendu en 2018. « Son ingénieur va faire un rapport sur l’état du bâtiment », précise Michel Tanguay.

Les deux immeubles de M. Desrosiers ne sont pas les seuls bâtiments vacants du Plateau-Mont-Royal : l’arrondissement a produit un inventaire d’une quarantaine de maisons, duplex, immeubles commerciaux et garages laissés à l’abandon sur son territoire.

L’AFFAIRE EN 10 DATES

1978

Guy Desrosiers achète les deux immeubles de l’avenue de l’Esplanade.

1984

Dépôt des premières plaintes de voisins

1996

Évacuation des locataires pour des raisons d’insalubrité

2002

Les deux immeubles sont déclarés patrimoniaux. La même année, la Ville tente, sans succès, de les acquérir pour les rénover et les revendre.

2013

Le bâtiment situé au 4413-4423, avenue de l’Esplanade est jugé irrécupérable par la Ville.

2014

Le propriétaire fait une demande au ministère de la Culture et des Communications (MCC) pour le démolir. Il veut démonter les pierres de la façade pour les remonter à la fin des travaux.

2015

Le MCC refuse la demande du propriétaire. M. Desrosiers conteste la décision.

2017

La Cour supérieure accueille la requête en ordonnance de démolition du bâtiment et d’entretien et de réparation du bâtiment voisin.

2018

La Cour oblige M. Desrosiers à faire les travaux de démolition et de réparation. Le MCC ne donne pas son autorisation.

2019

La bâtisse s’effondre en partie en mai. Le MCC autorise la démolition du bâtiment, mais exige la préservation de la façade.

Source : Ville de Montréal