Montréal refera cet été l’asphalte du boulevard Gouin, la pire route de la province, selon CAA-Québec. Mais pour ceux qui habitent dans les environs, ça ne changera pas grand-chose : seul un réaménagement complet, piste cyclable et trottoirs inclus, rendrait la voie sécuritaire.

Du parc Saint-Joseph au bout de l’île, il n’y a pas de trottoirs, seulement une piste cyclable étroite jonchée de trous. Au milieu, des poteaux d’Hydro-Québec. Les piétons et les cyclistes doivent emprunter la rue à certains endroits.

En novembre, la mairesse Valérie Plante a annoncé qu’une portion de 7 kilomètres du boulevard Gouin sera réasphaltée. Mais pour Corinne Tastayre, citoyenne engagée depuis plus de 10 ans dans la transformation du boulevard, il s’agit d’une occasion ratée. « C’est du maquillage », dénonce-t-elle.

Depuis 2015, CAA-Québec demande aux internautes de voter pour la route en plus mauvais état. Mme Tastayre a profité du concours pour rallier les résidants et différents organismes de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles à sa cause. La mobilisation a porté ses fruits : c’est la deuxième année que le boulevard Gouin est au sommet du palmarès des pires routes.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le boulevard Gouin est arrivé cette année en tête du classement des «pires routes du Québec» pour la deuxième année consécutive.

Un plan d’action en suspens

En 2015, un comité formé de résidants et de représentants de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles a mis sur pied un plan de revitalisation du boulevard Gouin approuvé par la mairesse de l’époque, Chantal Rouleau, aujourd’hui ministre déléguée aux Transports et responsable de la Métropole. Le plan propose une refonte de la section est du boulevard. On mise notamment sur son aspect patrimonial et ses espaces naturels. Le plan reste accessible sur le site web de l’arrondissement, mais aucune démarche n’a encore été faite pour le réaliser.

Les coûts reliés au plan sont importants. Selon Roxanne Milette, conseillère de l’organisme Prévention Pointe-de-l’Île, le réaménagement nécessiterait les interventions d’Hydro-Québec pour l’enfouissement de fils électriques, du ministère de l’Environnement pour des études d’impact, du ministère des Transports et de la Ville de Montréal pour l’achat de terrains.

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Réactions

Neuf des dix routes qui se trouvent dans le palmarès de CAA-Québec sont sous la responsabilité des municipalités, mais les villes manquent d’argent pour apporter les ajustements nécessaires.

« La réforme Ryan du début des années 90 a transféré la responsabilité de l’entretien des routes dans la cour des municipalités », a dit le porte-parole de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Saint-Donat, Joé Deslauriers. Les bonifications à certains programmes faites par le gouvernement libéral de Philippe Couillard ne sont pas suffisantes, a-t-il affirmé.

Le réseau routier qui est sous la responsabilité des municipalités fait 92 000 km, soit plus de deux fois le tour de la Terre, a précisé Joé Deslauriers.

Les budgets n’ont pas suivi, et le peu qui était disponible n’a pas été indexé, et ce, pendant plus de 20 ans, a expliqué la porte-parole de CAA-Québec, Annie Gauthier.

« C’est particulièrement le cas pour les petites municipalités et les villages dont le pouvoir de taxation est très limité », a-t-elle ajouté.

Voyez la liste des pires routes de la province de CAA Québec