On ne connaîtra pas l’emplacement de la station du Réseau express métropolitain (REM) au bassin Peel avant plusieurs semaines, voire la fin de l’été. Il se pourrait même que l’information ne soit rendue publique qu’après la fin de la consultation, a indiqué une représentante de la Ville aux commissaires de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM).

La fonctionnaire a tenu ces propos lors de la rencontre publique d’information du 22 mai. La transcription de l’événement a été rendue publique ces derniers jours. 

« Actuellement, il nous est impossible [de confirmer] son emplacement tel qu’on est en train de le travailler », a déclaré Sonia Thompson, représentante de la Ville qui assure la liaison avec CDPQ Infra, filiale de la Caisse de dépôt pour le projet du REM.

Silence déploré

Mme Thompson répondait à une question de Karine Triollet, représentante de la table Action-Gardien à Pointe-Saint-Charles, qui déplorait le silence autour de l’emplacement de cette station. « Vous vous rendez compte que ça peut rendre caduc tout un processus de consultation si une information, qui est quand même d’une importance capitale, n’est pas mise sur la table ? », lui a-t-elle fait savoir.

« La Ville travaille de concert avec toute l’équipe du REM, de CDPQ Infra sur la localisation de cette station. Il y a encore des validations techniques et de faisabilité et de constructibilité qui sont en train d’être validées », a avancé Mme Thompson pour justifier le manquement.

« On ne peut vous promettre que ça sera avant la fin de la consultation, a-t-elle ajouté. Certainement pas d’ici les prochaines semaines, les trois, quatre prochaines semaines. […] D’ici la fin de l’été, possiblement, il y aura une annonce faite conjointement par la Ville de Montréal et CDPQ Infra sur [l’emplacement] de cette station-là. »

L’argument du stade

Pour assurer le développement optimal de ce secteur au sud du centre-ville, la Ville a demandé à l’OCPM de consulter la population et de formuler des recommandations. La consultation a débuté en mai et doit se poursuivre jusqu’à l’automne.

L’homme d’affaires Stephen Bronfman, qui souhaite construire dans ce quartier un stade de baseball pour le retour d’une équipe des ligues majeures, a déjà exprimé sa préférence. « La présence d’une gare du REM à proximité du stade est aussi un facteur essentiel pour la réalisation du projet », a écrit son groupe, dans une communication écrite déposée à l’OCPM.

Devimco et M. Bronfman font équipe pour racheter les terrains du bassin Peel appartenant à la Société immobilière du Canada afin d’y créer un pôle d’emplois et de milliers de logements autour d’un stade de baseball. La valeur estimée du projet s’élèverait à 2,5 milliards. 

Partie de bras de fer

Une partie de bras de fer semble se jouer au sujet de l’emplacement de la future gare, observe l’OCPM dans une synthèse de ses rencontres de préconsultations avec 13 groupes, dont des organismes communautaires du quartier Pointe-Saint-Charles et les promoteurs Claridge (Bronfman) et Devimco.

« Plusieurs organisations voient d’un œil positif l’implantation d’une station du REM sur le territoire afin de le désenclaver, écrit la Commission dans un document, mis en ligne sur le site de l’OCPM le 6 juin, alors que d’autres sont plus nuancées et précisent que le choix de l’emplacement devra se faire en fonction des besoins des résidants des quartiers limitrophes. »

Devimco a offert à CDPQ Infra de payer une partie des coûts d’implantation d’une station du REM à proximité de l’emplacement du stade de baseball projeté et du quartier résidentiel que le promoteur ambitionne de faire naître à proximité.

« Quoi qu’en dise un promoteur, c’est la Ville avec la CDPQ Infra qui va décider où sont installées les infrastructures et comment elles seront payées », a répliqué la mairesse Valérie Plante.

Pour la Caisse, la localisation de la future station est névralgique puisque la construction immobilière autour de chacune des gares du REM permettra à CDPQ Infra d’empocher des redevances de 10 $ par pied carré construit.