Les élections européennes n’ont pas soulevé les foules hier, jour de vote pour les Français de Montréal. Pour certains qui ont voté, cette participation est un « devoir », d’autant plus important dans le climat politique actuel.

Sous la fine pluie qui tombait par intermittence hier soir, des citoyens français par dizaines s’introduisaient dans le gymnase du Collège Stanislas, à Outremont. Pas de file interminable comme celle qui se forme habituellement tous les cinq ans pour les élections présidentielles.

Le processus a été fluide toute la journée, ont affirmé des employés responsables d’accueillir les votants. Un bon signe pour les citoyens, qui n’ont pas eu à attendre des heures pour participer un scrutin, mais un moins bon présage quant au taux de participation.

Les électeurs sont appelés à voter aujourd’hui dans 21 pays de l’UE, dont la France, l’Allemagne et l’Italie, pour choisir leurs représentants au Parlement européen, où les partis eurosceptiques devraient réussir une nouvelle poussée, selon les sondages. Le scrutin a déjà eu lieu dans sept autres pays depuis jeudi.

« Par droit et par devoir »

Hier, la Française Morgane Fiorinelli, 25 ans, a affirmé s’être présentée aux urnes « par droit et par devoir ». Pour elle, le vote pour les élections européennes est aussi important que celui pour les élections présidentielles. La majorité des citoyens français ne partagent pas son opinion, puisque 42,4 % des votants ont participé aux élections européennes de 2014, contre 74,5 % au second tour des présidentielles de 2017.

Selon de récents sondages de l’association Jeunes Européens, seuls 23 % des Français de 18 à 25 ans prévoient voter en fin de semaine.

Faire entendre sa voix

Tombant pile dans cette tranche d’âge, Violette Valembois, 24 ans, a voté non pas par conviction européenne, mais parce qu’elle estime avoir de meilleures chances de voir du changement en participant à l’exercice électoral. 

Alors que le président de la République, Emmanuel Macron, perd en popularité, que le Brexit continue de diviser, que l’extrême droite fait des percées en Europe et que les jeunes citoyens tentent de faire du climat un enjeu central des élections, le moment est propice, selon certains, pour faire entendre leur voix par leur vote.

« Aussi, on aime bien chialer, a ajouté Violette. Si on a voté, on peut chialer. Si on ne vote pas, on ne chiale pas ! »

Pour Emmanuel Deschamps, qui réside depuis quatre ans à Montréal et suit l’actualité politique « d’assez près », « il y a des conflits importants en ce moment [en Europe], mais, de toute façon, il faut toujours voter. » Il faut profiter de « la chance de pouvoir voter dans une République démocratique, alors que nombre de pays ne le permettent pas », dit-il. 

Les élections européennes attirent de moins en moins de monde aux urnes. En 2014, 42,6 % des Européens avaient voté, soit 14 % de moins que 20 ans auparavant, selon l’Union européenne.

L’Ambassade de France au Canada a refusé de communiquer hier soir le taux de participation montréalais, afin de ne pas influencer le déroulement du vote qui a lieu aujourd’hui dans l’Hexagone. Cette année, les Français doivent élire 79 eurodéputés.