Il a conçu les stations de métro de Longueuil et de l'île Sainte-Hélène, puis a supervisé la conception de celles construites dans les années 70 et 80, où il a intégré l'art. L'architecte Jean Dumontier, qui était « de cette génération qui a bâti le Québec moderne », souligne l'un de ses fils, s'est éteint la semaine dernière.

Jean Dumontier laisse « un héritage immense pour la qualité de vie des usagers du transport en commun », estime son fils, Paul-Éric Dumontier.

Décédé jeudi à 83 ans des suites d'un cancer, l'architecte a eu une grande influence sur la conception du métro de Montréal.

« Il voulait humaniser les stations de métro qui accueillent les gens », explique son fils, avec qui La Presse s'est entretenue, hier, évoquant notamment une volonté de faire entrer la lumière naturelle dans les stations.

« Pour lui, [le métro], ce n'était pas juste déplacer des gens du point A au point B. »

Né en 1935, Jean Dumontier a été embauché à la Ville de Montréal dès la fin de ses études en architecture, au début des années 60.

« Il s'est joint rapidement à l'équipe qui développait le métro », raconte Paul-Éric Dumontier, puis s'est vu confier la conception de la station Île-Sainte-Hélène, rebaptisée Jean-Drapeau en 2000, et de la station Longueuil, rebaptisée Longueuil - Université-de-Sherbrooke en 2002, ce qui était « un beau défi pour un jeune architecte ».

Jean Dumontier est ensuite devenu directeur de l'architecture au Bureau de transport métropolitain (BTM) et a à ce titre supervisé les prolongements du réseau des années 70 et 80.

Intégrer l'art dans les stations

Si l'art a eu dès le départ une place dans le métro de Montréal, Jean Dumontier « a été le premier architecte du métro à réaliser lui-même les oeuvres d'art de ses stations », a rappelé la Société de transport de Montréal (STM) dans une déclaration écrite transmise à La Presse.

Disant accueillir « avec beaucoup de tristesse le départ d'un grand bâtisseur du métro de Montréal », la STM a souligné le « rôle important » que Jean Dumontier avait joué à titre de directeur de l'architecture du BTM.

« Il a favorisé l'intégration d'oeuvres d'art dans toutes les stations, une caractéristique qui distingue encore aujourd'hui le métro de Montréal des autres réseaux dans le monde », a écrit la Société de transport de Montréal dans une déclaration.

À la station Jean-Drapeau, les quatre murales conçues par Jean Dumontier qui se trouvent sur les quais « rappellent le thème de l'Exposition universelle de 1967, Terre des Hommes », explique le site internet de la STM, qui précise que la station a été pensée « en fonction de l'efficacité et la rapidité de déplacement » de manière qu'elle puisse accueillir « 60 000 personnes à l'heure durant l'Expo ».

Quant à la station Longueuil-Université-de-Sherbrooke, Jean Dumontier a travaillé « à même le béton [pour] étayer les murs des quais de deux bas-reliefs formés de segments de lignes asymétriques ».

Toujours passionné

Jean Dumontier a apporté sa contribution au métro de Montréal jusque dans les dernières années de sa vie, même affaibli par la maladie.

«  [La STM] avait réembauché papa comme conseiller » pour l'aider à doter ses vieilles stations d'ascenseurs tout en respectant leur architecture, rapporte fièrement Paul-Éric Dumontier.

Joint par La Presse, l'architecte principal de la STM, Luc Turcot, souligne la « passion de conserver, de préserver le réseau » du métro qui animait Jean Dumontier.

« Il s'en souciait encore » et s'intéressait beaucoup au prolongement de la ligne bleue, pour laquelle il souhaitait le respect de la tradition voulant que chaque station du réseau montréalais soit confiée à un architecte différent, dit Luc Turcot.

« C'est une grosse page pour nous, dit-il. Il va nous manquer beaucoup. »

Mais Jean Dumontier a aussi laissé sa marque dans les Laurentides, où il a grandi et où il a conçu divers bâtiments, « parallèlement » à son emploi à la Ville de Montréal, se souvient Paul-Éric Dumontier.

« Il travaillait à Montréal la semaine, et la fin de semaine, on partait dans le nord et il travaillait là », raconte-t-il.

Paul-Éric Dumontier dit éprouver encore aujourd'hui beaucoup de fierté quand il circule dans ce qu'il appelait, enfant, « le métro de papa ».

Jean Dumontier laisse dans le deuil sa femme, ses deux fils et ses quatre petits-enfants.

Jean Dumontier