Même si les incendies criminels ont fait régulièrement les manchettes en 2018, il y en a sensiblement eu moins à Montréal cette année, en comparaison de l'an dernier.

Au 27 décembre, les enquêteurs de la Section des incendies criminels du SPVM avaient ouvert 440 enquêtes contre 521 pour toute l'année dernière, une baisse de près de 15 % si le chiffre demeure le même d'ici le 31 décembre.

Dix personnes sont mortes dans des incendies à Montréal cette année contre 14 l'an dernier. Trois de ces dix personnes sont mortes en raison d'un incendie causé par un article de fumeur, une (peut-être deux) en raison d'un problème électrique, une en raison d'une étincelle causée par l'utilisation d'un outil, une en raison de l'utilisation d'un accélérant (suicide) et une autre parce qu'un incendie allumé dans une voiture s'est propagé et a provoqué involontairement sa mort. 

Deux causes d'incendie mortel sont toujours en analyse. L'un de ces deux dossiers fait également l'objet d'une enquête par la section des homicides de la section des Crimes majeurs, soit la découverte du corps d'un homme dans une voiture en flammes près de la Métropolitaine le 23 novembre dernier. 

Pizzéria visée quatre fois

Vingt-trois incendies criminels commis en 2018 ont comme toile de fond le crime organisé, comparativement à vingt-six l'an dernier. 

La plupart des cas d'incendies allumés dans un contexte de crime organisé ont comme mobile une dette, le prêt usuraire, des tentatives d'extorsion ou de fraudes et la destruction des traces à bord d'un véhicule qui a servi pour un autre délit.

« Auparavant, on faisait la distinction entre les incendies liés au crime organisé et aux gangs de rue, mais maintenant, nous les mettons tous ensemble, car en 2019, le crime organisé est une grande famille. Ce sont tous des gens qui ont des allégeances et des liens entre eux. »

- Christine Christie, commandante du module des incendies criminels du SPVM

« Dans les cas de prêt usuraire, les incendies ont tendance à augmenter la pression sur les gens qui ont des dettes envers le crime organisé. Dans tous les incendies liés au crime organisé en 2018, il n'y a rien qui laisse croire à une guerre de territoires comme cela s'est déjà vu dans le passé », ajoute l'officier. 

Un épisode d'incendies ayant comme toile de fond le crime organisé a mené des incendiaires à viser un même commerce à trois reprises cette année, la pizzéria California située sur le boulevard Décarie, dans l'ouest de Montréal.

La pizzéria a été ciblée une première fois en janvier 2017 et trois autres fois depuis. L'un des incendies de cette année a endommagé une autre pizzéria située en face, de l'autre côté du boulevard Décarie, mais la police croit que les incendiaires se sont trompés de cible et que c'est la pizzéria California qui était visée.

Selon nos informations, le propriétaire du commerce aurait contracté une importante dette et ces incendies à répétition seraient destinés à faire pression sur lui pour qu'il rembourse les sommes à qui de droit.

Par ailleurs, les enquêteurs ignorent toujours le mobile de l'attentat au colis suspect qui a explosé lorsqu'une femme de Senneville a vidé sa boîte aux lettres le 6 juin dernier. Celle-ci, qui n'a heureusement pas été blessée sérieusement, et les propriétaires de la maison sont des gens sans histoire.

Notons que les policiers enquêtent également sur deux incendies allumés dans des grues durant les moyens de pression des grutiers l'été dernier.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.