Contraventions de stationnement, tarifs des parcomètres, gestion des matières résiduelles : l'administration Plante prolongera la centralisation de certains pouvoirs normalement confiés aux arrondissements, alors que Projet Montréal a longtemps été opposé à cette réforme sous Denis Coderre.

Ensemble Montréal n'a pas manqué de souligner le paradoxe : la formation de Valérie Plante a mené une rude campagne alors qu'elle siégeait dans l'opposition contre la décision de Denis Coderre de centraliser plusieurs pouvoirs revenant habituellement aux 19 arrondissements. Pourtant aujourd'hui au conseil municipal, son administration a demandé aux élus de prolonger de 2 à 6 ans cette centralisation, disant vouloir en profiter pour améliorer ces services.

Ensemble Montréal ne s'est pas opposé à une décision prise alors qu'elle était au pouvoir avec Denis Coderre, mais la formation a insisté pour limiter à un an cette prolongation de la centralisation. Bref, le débat devra être repris dans un an. Seule exception, la gestion des structures pourra demeurer sous la responsabilité de la ville-centre pour 5 ans.

L'appropriation de pouvoirs des 19 arrondissements par la ville-centre est toujours un sujet délicat à Montréal, le partage des compétences ayant été réalisé dans la foulée des fusions-défusions du début des années 2000. Signe du côté épineux, les deux tiers des élus doivent voter en faveur de tels changements, plutôt que la majorité simple.

L'opposition a émis d'importantes réserves sur la durée de l'appropriation de certains pouvoirs, comme la gestion des matières résiduelles. Ensemble Montréal s'est inquiétée de l'importante crise affectant le recyclage et les ratées dans la collecte. L'administration Plante demandait une prolongation de trois à cinq ans, mais l'opposition a demandé à réévaluer le dossier à la fin de 2019. « Un virage, ça ne se fait pas en deux ou trois mois. Laissez-nous le temps de travailler », a plaidé l'élu Jean-François Parenteau, responsable de l'environnement. Le chef de l'opposition, Lionel Perez ne s'est toutefois pas dit convaincu. « Ça ne prend pas trois ans. Trois ans, ça mène à la fin du mandat. C'est quasiment un chèque en blanc », a-t-il rétorqué.

La mairesse de LaSalle, Manon Barbe, a quant à elle déploré l'absence de bilan pour évaluer les retombées. « On n'a fait aucun bilan pour dire ce qui a bien été et ce qui a été mal été. Ça fait 20 mois qu'on a une intersection [à LaSalle] qui doit faire l'objet d'une correction importante. Si on l'avait fait en arrondissement, on n'aurait pas pris 20 mois », a déploré l'élue.

Responsable des transports, l'élu Éric Alan Caldwell s'est engagé à présenter un « bilan exemplaire » dans un an. Il a justifié la prolongation de ces pouvoirs notamment par la nécessité d'uniformiser la gestion des feux de circulation, notamment pour améliorer la sécurité des piétons dans la foulée de la « vision zéro ».

Manon Barbe a aussi critiqué l'efficacité de la centralisation des agents de stationnement. « S'il y a un dossier qui ne fonctionne pas pour la centralisation, c'est bien celui-ci. Les citoyens voient cela comme une taxe déguisée », a-t-elle dénoncé.

L'administration Plante a reconnu que ce service n'avait pas été efficace. « Vous avez raison de dire que la centralisation offre un moins bon service », a reconnu Éric Alan Caldwell. L'élu s'est engagé à réviser le service en 2019. Les agents de stationnement ne relèveront plus du SPVM, mais plutôt que la nouvelle Agence de stationnements créée par la métropole.

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Pouvoirs centralisés prolongés

Feux de circulation, jusqu'au 31 décembre 2019

Structures routières, jusqu'au 31 décembre 2023

Enlèvement des matières résiduelles, jusqu'au 31 décembre 2019

Élimination de la neige, jusqu'au 31 décembre 2019

Constats d'infraction de stationnement, jusqu'au 31 décembre 2019

Gestion des tarifs des parcomètres, jusqu'au 31 décembre 2019