À l'heure où les transports en commun nécessitent d'importants investissements et que les fonds sont limités, implanter la tarification sociale à l'échelle de la région de Montréal est prématuré, estime Longueuil.

La principale ville sur la Rive-Sud a envoyé un mémoire de sept pages au groupe d'élus de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) chargé d'étudier l'une des promesses phares de la mairesse Valérie Plante. Longueuil émet plusieurs réserves, recommandant de poursuivre les études avant d'implanter la tarification sociale - qui pourrait inclure la gratuité ou des tarifs réduits pour certains usagers - dans l'ensemble des 82 municipalités de la région montréalaise.

« Dans la situation actuelle où l'ARTM (Autorité régionale de transport métropolitain) est en train de revoir la tarification métropolitaine et doit composer avec des contraintes budgétaires [...], cette démarche d'introduire la tarification sociale générale ne serait-elle pas précoce ? », se questionne la mairesse Sylvie Parent.

Soulignant l'opposition de plusieurs municipalités de la région à la mesure, Longueuil estime qu'il vaudrait mieux documenter plusieurs impacts de la tarification sociale avant de l'implanter. « Considérant le désaccord de certaines villes liées, l'analyse en cours doit être poursuivie de manière approfondie avant d'aboutir à une décision », écrit-elle.

ÉTUDES PLUS FOUILLÉES DEMANDÉES

Longueuil appelle aussi à bien étudier les conséquences de l'introduction de la tarification sociale mises en lumière à Calgary. La métropole albertaine doit trouver comment financer la mesure alors que l'adhésion a été supérieure aux prévisions. Les coûts administratifs ont également rapidement augmenté, notamment en raison des demandes de réévaluation de personnes s'étant vu refuser l'accès aux tarifs réduits. La hausse des cas de fraude est aussi à considérer.

Longueuil estime qu'il faut bien mesurer les impacts de la tarification sociale. Offrir des gratuités risque « d'entraîner une augmentation d'achalandage et, par ricochet, une pression sur les coûts d'exploitation du mode de transport ».

Dans son mémoire, la mairesse Parent craint également que l'offre de gratuités ou de tarifs réduits à certains groupes ne prive le transport en commun de précieux fonds pour son développement. « Le gouvernement a peu contribué historiquement à la tarification sociale et si ce dernier accepte d'augmenter sa contribution, il y aurait lieu de s'assurer qu'il ne le fasse pas au détriment des autres enjeux financiers qui visent à soutenir le transport en commun. »

ÉVITER L'ÉTALEMENT URBAIN

L'impact de la tarification sociale sur le transport adapté est aussi à prendre en compte. « Il faudrait prendre en considération le contrôle de la pression budgétaire d'un mode de transport onéreux », poursuit la lettre.

Pour réduire l'impact, Longueuil suggère d'étudier la possibilité de limiter les périodes de gratuité, aux heures hors pointe, par exemple, ou de limiter les déplacements.

Enfin, Longueuil souhaite que la tarification n'encourage pas l'étalement urbain, ce qui pourrait accentuer davantage encore la pression sur les infrastructures de transport.