Le recouvrement de l'emprise ferroviaire du futur Réseau express métropolitain (REM) dans la municipalité de Mont-Royal permettrait de créer « un immense espace vert en plein coeur de l'île de Montréal » et « d'unifier la trame urbaine » de cette ville, en assurant une cohabitation harmonieuse entre la population locale et ce nouveau métro de surface.

Le maire de Mont-Royal, Philippe Roy, a relancé hier son appel à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) pour qu'elle saisisse « une occasion unique et historique depuis 100 ans » en rendant publiques les esquisses des aménagements qui recouvriraient les voies ferrées du REM, si la Caisse accepte de modifier ses plans.

Le REM est un réseau de train électrique entièrement automatisé de 67 kilomètres de long qui reliera le centre-ville de la métropole à la Rive-Sud, à l'ouest de l'île de Montréal, à l'aéroport international Trudeau et à la banlieue nord à partir de 2021. Le coût du projet est estimé à 6,3 milliards.

Les antennes de l'Ouest, de l'aéroport et de la banlieue nord se rejoindront toutes à proximité de l'autoroute 40, dans le nord de Montréal, avant de converger vers le tunnel du mont Royal, qui est situé dans la municipalité de Mont-Royal. Cette configuration va faire littéralement exploser le nombre de passages quotidiens sur les voies ferrées qui traversent cette municipalité.

Alors qu'une soixantaine de trains de banlieue traversent le territoire chaque jour à l'heure actuelle, le REM fera passer ce nombre à environ 550 passages par jour.

ACCEPTABILITÉ SOCIALE

La Ville de Mont-Royal appuie le projet du REM depuis ses balbutiements. En octobre, le conseil municipal a toutefois adressé à la CDPQ une demande de modification majeure aux plans du projet, en soutenant que celui-ci n'avait plus d'acceptabilité sociale dans la population locale.

La Ville a ainsi demandé à la Caisse de dépôt de réaménager en tranchée l'emprise ferroviaire de 1,8 kilomètre, dans la municipalité, et de recouvrir les voies ferrées, afin de réduire les impacts sonores et visuels et d'améliorer la sécurité des résidants.

Le bureau de projet du REM, qui gère les enjeux d'implantation du projet, estime que les changements réclamés feraient grimper les coûts d'au moins 300 millions, en plus de retarder la mise en service du réseau d'environ un an.

En lieu et place, les responsables du REM s'engagent à produire une étude détaillée de l'environnement sonore d'ici au printemps prochain, et à proposer des aménagements appropriés afin de réduire ces impacts. La municipalité trouve ces engagements insuffisants et considère qu'« imposer le passage quotidien de quelque 550 trains dans un milieu habité, c'est inacceptable, peu importe l'endroit ».

« Il est de notre devoir comme gestionnaire public d'agir pour le bien de nos communautés, a déclaré hier le maire de Mont-Royal. La CDPQ a les mêmes obligations en développant une infrastructure de transport urbain. Nous avons la chance d'avoir encore le temps d'agir pour éviter des erreurs graves et inutiles qui coûteront une fortune à corriger, plus tard. »