Quatorze jets de lumière ont illuminé le ciel de Montréal peu après 17 h ce soir, à la mémoire des 14 femmes tombées sous les balles, il y a maintenant 29 ans, lors de la tragédie de l'École polytechnique le 6 décembre 1989.

Un à un, les faisceaux lumineux ont éclairé le ciel au-dessus du mont Royal à mesure que le nom de chacune des 14 victimes du drame, 13 étudiantes et une employée, était prononcé. La cérémonie, courte et sobre, a réuni des dizaines de dignitaires, dont le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et le premier ministre du Québec, François Legault.

Des familles et des proches s'étaient aussi réunis sur le belvédère du mont Royal pour prendre part au recueillement. « Pour moi, c'est un rituel », a lancé la mairesse de Montréal, Valérie Plante s'adressant aux médias. « C'est un rituel qui nous ramène à cette tragédie et à la mort de ces 14 femmes qui ont été tuées parce qu'elles étaient des femmes. »

Les chefs du Parti libéral du Québec et du Parti québécois, Pierre Arcand et Pascal Bérubé, étaient aussi du nombre, tout comme la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé. La nièce d'une des victimes, Marjolaine Ouimet, a prononcé le nom des victimes. Une minute de silence a par la suite été observée à leur mémoire.

« Ça me fait du bien », a confié à La Presse Catherine Bergeron, présidente du comité Mémoire, et dont la soeur, Geneviève, a été tuée lors de la fusillade en 1989. « C'est comme un moment que je passe avec elle. Ça fait 29 ans oui, mais [...] cette journée-là, je la passe avec Geneviève, je le fais pour elle et avec elle. C'est réconfortant. »

La création lumineuse est signée Moment Factory depuis cinq ans. La commémoration est organisée par le comité Mémoire, en collaboration avec la Ville de Montréal et l'École polytechnique. Les drapeaux ont aussi été mis en berne à l'Assemblée nationale pour souligner le triste anniversaire.

Journée de commémorations



Pendant la journée, une minute de silence a été observée à l'Assemblée nationale et à la Chambre des communes. Lors d'un discours à l'Assemblée nationale, le premier ministre François Legault a déclaré que depuis cet évènement tragique, « on n'a pas le droit de prendre la violence contre les femmes à la légère ».

« On n'a pas le droit de faire de l'égalité entre les hommes et les femmes une question secondaire », a-t-il déclaré. « Plus jamais, on doit revenir en arrière », a-t-il ajouté, avant d'être chaudement applaudi par tous les députés en chambre.

M.  Trudeau a indiqué par voie de communiqué qu'il « est plus que temps de mettre fin » à la violence fondée sur le sexe et que le moment est venu « d'agir contre la violence et la discrimination auxquelles les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre font face au Canada et à travers le monde ».

Il a ajouté qu'« aujourd'hui, lors de la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes, nous pleurons la perte de ces jeunes femmes qui avaient la vie devant elles. Nous nous souvenons des victimes de ce geste de violence haineux et nous nous dressons contre la misogynie à l'origine de cette tragédie ».

M.  Trudeau a conclu en disant que « nous méritons tous de vivre dans un monde où chacun, peu importe son identité de genre, se sent en sécurité, valorisé et libre d'être lui-même. Nous avons tous un rôle à jouer pour y parvenir ».

Le 6 décembre 1989, le tireur Marc Lépine s'est introduit dans l'École polytechnique de Montréal dans le but avoué de s'en prendre à des femmes. Il tua 13 étudiantes et une employée avant de s'enlever la vie. Le 6 décembre marque désormais la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes.

- Avec La Presse canadienne

Photo Olivier Jean, La Presse

Quatorze jets de lumière ont illuminé le ciel de la ville peu après 17 h ce soir en hommage aux 14 victimes de la tragédie de l'École polytechnique de Montréal.