Des résidants de Glenmount, un quartier de Côte-des-Neiges, songent à se séparer de Montréal si leur arrondissement ne renouvelle pas l'entente leur permettant d'avoir accès aux services de sports et de loisirs de la ville de Mont-Royal (VMR).

Des résidants de Glenmount, un quartier de Côte-des-Neiges, songent à se séparer de Montréal si leur arrondissement ne renouvelle pas l'entente leur permettant d'avoir accès aux services de sports et de loisirs de la ville de Mont-Royal (VMR).

Glenmount est encerclé aux trois quarts par VMR et bordé au sud par la rue Jean-Talon et la voie ferrée du Canadien Pacifique. Bien que ce quartier fasse partie de Montréal, les gens qui y habitent envoient depuis longtemps leurs enfants dans les écoles de Mont-Royal. Et les inscrivent aux activités de sports et de loisirs de cette ville grâce à une entente avec Montréal.

Combien de résidants y a-t-il dans Glenmount ? Environ 1800.

« On veut que nos enfants puissent avoir accès à des services de proximité », affirme Pierre-Éloi Talbot, membre de l'association communautaire de Glenmount. « Si la Ville de Montréal n'est pas capable de trouver une solution, on va faire une demande d'annexion à Mont-Royal. »

Pour aller à la patinoire de VMR avec son fils de 4 ans, par exemple, M. Talbot marche cinq minutes. Mais pour aller à la patinoire de Côte-des-Neiges la plus proche, il doit prendre sa voiture : c'est à deux kilomètres de chez lui. Pas de métro. Et des autobus toutes les 30 minutes. Même chose pour la bibliothèque ou la piscine.

Mardi dernier, le maire de Mont-Royal, Philippe Roy, a prévenu les résidants de Glenmount : l'entente qui leur permettait d'avoir accès aux activités de loisirs offertes par sa ville, au même titre que les résidants de Mont-Royal, prendra fin le 31 décembre. Pourquoi ? Parce que les parties n'ont pas réussi à s'entendre avant la période d'inscription aux activités aquatiques, le 27 novembre. Les résidants de Glenmount vont pouvoir s'inscrire comme les autres non-résidants, s'il reste des places, à partir de jeudi.

« Ça a provoqué un mini-drame », a dit le maire Roy.

Le lendemain, la mairesse de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Sue Montgomery, a expliqué sur sa page Facebook que cette situation était due au fait que le maire de Mont-Royal avait refusé l'offre de son arrondissement. Hier, elle avait effacé ses messages. Réaction du maire Roy : « Cette offre était inacceptable. »

20 000 $ OU RIEN ?

L'entente financière entre l'arrondissement et VMR existait depuis 30 ans. L'an dernier, selon le maire Philippe Roy, Côte-des-Neiges a déboursé 130 000 $ pour permettre aux résidants de Glenmount d'avoir accès aux activités de sports et de loisirs de Mont-Royal sans avoir à payer de frais supplémentaires. Mme Montgomery parle plutôt de 155 000 $. Mais cette année, cette somme a été revue à la baisse par Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce : 20 000 $ ou rien.

La mairesse Montgomery a décidé qu'elle ne voulait plus continuer à subventionner la différence entre les frais payés par les résidants de Mont-Royal et ceux des non-résidants.

L'arrondissement s'est toutefois dit prêt à verser une somme à Mont-Royal pour que les résidants de Glenmount puissent s'inscrire aux activités en priorité. Mont-Royal a estimé cette somme à 75 000 $. Côte-des-Neiges a offert 20 000 $. Les discussions ont pris fin le 23 novembre sans que les parties puissent arriver à une entente.

« Sue Montgomery m'a appelé le 23 novembre pour me dire que le 20 000 $ était non négociable. Ce montant n'est pas suffisant. Je sens la volonté de recommencer à discuter pour les prochaines saisons. De notre côté, la porte est ouverte. » - Philippe Roy, maire de Mont-Royal

En juin, les résidants de Glenmount ont gagné la bataille pour le droit d'envoyer leurs enfants dans des écoles de Mont-Royal, affiliées à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, plutôt que dans les écoles de la Commission scolaire de Montréal. Gagneront-ils celle de l'accès aux loisirs de Mont-Royal ? Plusieurs citoyens mécontents comptaient assister hier soir à la réunion mensuelle du conseil d'arrondissement.

« Ultimement, on veut que ça se règle, affirme Pierre-Éloi Talbot, père de trois enfants. On demande aux deux parties de se rasseoir et de reprendre les négociations. Sinon, on va faire une demande d'annexion. »

Ce ne serait pas la première tentative de résidants de Glenmount qui veulent être intégrés à Mont-Royal depuis des années. Mais selon M. Talbot, ce serait peut-être la bonne.

***

Séparation 101

Comment un petit quartier comme Glenmount pourrait-il se séparer de Montréal ? Le processus comporte trois étapes. La première : la ville de Mont-Royal doit adopter un règlement d'annexion. Serait-elle d'accord ? « La ville de Mont-Royal ne s'est pas prononcée de façon officielle, mais tout le monde trouve que c'est une bonne idée », répond Pierre-Eloi Talbot, avocat et résidant de Glenmount. Deuxième étape :  Mont-Royal doit envoyer le règlement d'annexion à la Ville de Montréal, qui a 30 jours pour accepter ou refuser. Si elle accepte, elle doit organiser un référendum. Si elle refuse, c'est à Mont-Royal qu'incombe cette tâche. Seuls les résidants du secteur Glenmount ont le droit de vote. Dernière étape : le ministère des Affaires municipales peut refuser ou accepter la demande si une majorité de citoyens a voté en faveur de l'annexion. S'il accepte, il doit adopter un décret ministériel, et le tour est joué.