Pas assez dans l'eau, trop dans la dette. Les 15 villes liées à Montréal déplorent le manque d'investissements pour retaper les égouts et aqueduc de Montréal et s'inquiètent de la croissance de la dette de la métropole au moment où les taux d'intérêt augmentent.

Les municipalités ayant défusionné en 2005 de Montréal ont annoncé qu'elles comptaient voter en faveur du budget 2019 que les élus montréalais s'apprêtent à adopter ce mercredi. Elle se disent satisfaites de la hausse de 2% de leurs quotes-parts d'agglomération, plus modeste que celle imposée l'an dernier.

À l'issue de l'étude point par point ces deux dernières semaines du budget 2019 de l'administration Plante, les 15 villes liées ont toutefois déposé un rapport minoritaire pour manifester certaines inquiétudes. Elles déplorent ainsi de voir la dette grimper à 5,9 milliards, ce qui représentera ainsi 112% du budget annuel de la Ville. Les maires de banlieue réclament la mise en place d'un plan pour revenir d'ici trois ans au plafond de 100% que Montréal s'impose depuis plusieurs années.

Cette croissance de la dette survient alors que les taux d'intérêt ont recommencé à augmenter, a souligné le maire de Beaconsfield, Georges Bourelle, craignant que l'effet ne finisse pas se faire ressentir dans les comptes de taxes.

La mairesse Valérie Plante a dit respecter les craintes des villes liées et a tenu à les rassurer. «Les signaux sont au vert pour notre capacité d'emprunter. On s'est assurés avec les agences de notation qu'on est en bonne posture», a-t-elle dit. L'élue a de plus souligné que Montréal augmentait les paiements comptants de 80 millions en 2019 pour éviter d'avoir à trop s'endetter.

Plus dans l'eau

Les villes liées s'inquiètent par ailleurs de voir la Ville ne pas atteindre les cibles pour rattraper le déficit d'entretien de son réseau d'eau. Le service de l'eau évalue que des investissements de 625 à 800 millions par an sont nécessaires, or Montréal a prévu seulement 1,5 milliard sur trois ans. Les villes liées «s'inquiètent que le sous-investissement annoncé mette en péril les infrastructures de l'eau».

Les villes liées déplorent aussi absence de certains projets dans les cartons de Montréal, notamment des prolongements d'artères, comme les boulevards Cavendish, Rodolphe-Forget et Jacques-Bizard.

L'opposition tire à boulets rouges

L'opposition à l'hôtel de ville a quant à elle tiré à boulets rouges sur le budget, dénonçant la «propension à dépenser sans se soucier des conséquences sur l'accroissement de la dette» de l'administration Plante. «C'est le signe évident d'une administration dépensière qui met tout sur la carte de crédit et qui ne se gêne pas pour dépasser la limite», a dénoncé Lionel Perez.

À la veille de l'adoption du budget Valérie Plante s'est montrée peu impressionnée par les critiques de l'opposition, la qualifiant de «revancharde». «Il n'y a que l'opposition qui est prête à voter contre ce budget alors qu'il a été bien accueilli par le monde des affaires, par les organismes communautaires, les groupes environnementaux», a dit la mairesse.

La mairesse n'a par ailleurs pas apprécié entendre l'élu Alan De Sousa évoquer un budget couvert de maquillage, de mascara et de rouge à lèvres, soulignant que ces propos pourraient être perçus comme du sexisme. «Parler de mettre du rouge à lèvres à un budget, franchement, quel âge ont-ils ?»