Le projet Royalmount générera 60 millions en taxes municipales, mais entraînera d'importants problèmes de congestion dans un secteur déjà connu pour ses bouchons et se fera sentir par les commerçants de l'ensemble de l'île.

Un groupe d'élu de la Ville de Montréal doit étudier à la fin novembre l'impact du projet Royalmount, qui verra le jour à l'intersection des autoroutes 40 et 15, à Mont-Royal. Dans une analyse rendue publique aujourd'hui, la Ville conclut que ses impacts s'annoncent majeurs.

Montréal prévoit que le mégaprojet générera 140 000 déplacements par jour, soit 70 000 voitures supplémentaires. Ils s'ajouteront aux 360 000 véhicules circulant déjà quotidiennement dans l'échangeur Décarie. « L'ajout de nouveaux véhicules détériorera considérablement les conditions de circulation », constate la Ville.

Mais même en mettant une dizaine de mesures d'atténuation en place, Montréal appréhende un alourdissement majeur de la circulation les soirs entre 17h et 19h. Ainsi, les temps de parcours devraient être allongés de 20 à 30 minutes sur l'autoroute 40 Est et de 15 à 25 minutes sur l'autoroute Côte-de-Liesse, selon une étude de déplacements déposée en janvier 2018.

À noter, ce scénario pessimiste ne tient même pas compte du projet de prolongement du boulevard Cavendish à l'étude depuis plusieurs années, ainsi que du développent de l'ancien hippodrome, où un quartier résidentiel doit voir le jour.

« On est très préoccupés par l'impact sur la mobilité dans le secteur », a réagi Éric Alan Caldwell, élu responsable des transports. L'administration Plante tentera de convaincre le promoteur de revoir son projet pour réduire la portée commerciale, en intégrant du logement, ce qui pourrait réduire le nombre de déplacements dans le secteur.

Mais Montréal a toutefois bien peu à dire sur le projet, qui sera aménagé à Mont-Royal, ville défusionnée. C'est cette municipalité enclavée sur l'île qui donne le feu vert. Pour l'heure, la métropole peut simplement convoquer le promoteur à témoigner devant une commission, où citoyens et élus pourront manifester leurs inquiétudes.

Plus de taxes

D'une valeur de 2 milliards, ce projet promet d'importantes retombées en taxes municipales. La Ville de Mont-Royal, où le projet sera implanté, verra ses taxes foncières augmenter de 60 millions par an. La municipalité en conservera environ 25,5 millions puisque la majeure partie ira à l'agglomération de Montréal, dont elle fait partie. Par cette mécanique, la Ville de Montréal verra ses revenus augmenter de 25,8 millions.

Avec ses hôtels, ses nombreux commerces, ses bureaux, ses restaurants, son cinéma et sa salle de spectacle, ce mégaprojet se fera toutefois ressentir à la grandeur de l'île par les autres commerçants. Montréal évalue que le volet commercial du projet représentera des ventes de 692 millions, soit près de 8 % des ventes dans le marché montréalais.

Les centres commerciaux de l'île seront les plus durement touchés, comme le Centre Rockland, Place Vertu, Marché Central, leurs ventes risquant de baisser jusqu'à 15 %. L'impact devrait être plus faible sur les artères commerciales, la baisse anticipée étant inférieure à 5 %.

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Le projet Royalmount en bref

25 à 35 millions de visiteurs attendus

1,5 million pi2 de commerces

2,3 millions pi2 bureaux (6 tours)

425 000 pi2 voués au divertissement, dont un parc aquatique et un aquarium

1000 chambres d'hôtel (5 hôtels)

8000 places de stationnements

140 000 déplacements par jour, soit 70 000 voitures

Ouverture prévue été 2022