La mairesse Valérie Plante dénonce le « gaspillage » de logements sociaux dans la métropole en raison du manque d'entretien. Son administration, qui veut agrandir le parc d'unités pour les ménages à faible revenu, compte également encourager la rénovation des bâtiments vieillissants.

L'élue a vivement réagi à un récent reportage de La Presse qui révélait que 260 logements gérés par l'Office municipal d'habitation de Montréal avaient dû être évacués en raison de leur piètre état. « Ce n'est pas acceptable. C'est déplorable qu'il y ait plein d'unités gaspillées parce qu'on n'a pas investi », s'est désolée Valérie Plante.

Estimant que les investissements dans l'entretien des logements sociaux sont insuffisants depuis 30 ans, Valérie Plante a indiqué qu'elle avait l'intention d'en discuter avec le nouveau premier ministre François Legault. Pour elle, le soutien financier de Québec est incontournable. « Les fonds ne peuvent pas venir de Montréal uniquement, c'est impossible. On peut être créatifs, mais on va avoir besoin d'aide », a-t-elle dit.

L'administration Plante s'est engagée hier à améliorer le parc de logements sociaux et abordables en construisant ou rénovant 12 000 unités d'ici 2022. « Il ne faut pas juste du neuf, il faut aussi préserver l'existant », a dit Valérie Plante.

La mairesse a par ailleurs prévenu que son administration serait plus sévère avec les propriétaires négligents, en distribuant plus d'amendes. « On ne peut pas créer des logements d'un côté et en laisser disparaître de l'autre. Nous aurons les propriétaires récalcitrants à l'oeil. »

STRATÉGIE

La Ville a dévoilé hier les détails de sa stratégie en habitation pour les prochaines années. On prévoit la création de 6000 logements sociaux, soit des unités dont les occupants bénéficient d'une aide financière pour réduire leur loyer. Montréal participera aussi à la construction de 6000 logements abordables, soit des projets offrant des loyers inférieurs aux prix du marché.

Pour atteindre cet objectif d'ici 2022, la métropole devra augmenter la cadence. Alors que 500 logements sociaux ont été livrés en 2017, la mairesse dit vouloir en faire construire plus de 1250 par an.

Montréal est ainsi en train de réviser les programmes existants. Le prochain budget de la métropole doit d'ailleurs prévoir des fonds et des effectifs plus importants pour l'habitation.

BIEN REÇUE

Le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) s'est félicité de voir la mairesse réitérer ses engagements en faveur du logement social, mais estime que les contributions de Québec et d'Ottawa seront déterminantes pour atteindre les objectifs. « On se demande comment ça va être possible sans le financement des gouvernements Legault et Trudeau », a réagi Céline Magontier, organisatrice communautaire.

L'Institut de développement urbain du Québec a également salué la stratégie de la Ville de Montréal, estimant que la question de l'abordabilité des logements est un enjeu crucial dans tous les grands centres urbains. « Personne ne souhaite que Montréal devienne un nouveau Manhattan, où seuls les gens en grands moyens peuvent habiter le territoire de la ville. On sent de la fraîcheur dans l'approche. »

L'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec a quant à elle salué la volonté de la Ville de soutenir la rénovation du parc immobilier. L'organisation reste toutefois inquiète quant à la volonté de l'administration d'imposer un minimum de logements sociaux, abordables et familiaux dans les grands projets. « On a encore des craintes sur l'impact sur le marché. Plus on met de contraintes, plus le citoyen de la classe moyenne va payer », dit François Vincent, responsable des relations gouvernementales.

Photo Patrick Sanfaçon, La Presse

Hier matin, La Presse révélait que quelque 260 appartements gérés par l'Office municipal d'habitation de Montréal (OMHM) sont en si piètre état qu'ils sont inoccupés depuis des années.