L'administration Plante compte imposer en 2019 la présence de barres latérales sous les camions de ses fournisseurs, afin de protéger les piétons et cyclistes en cas d'impact. Trop lent au goût de l'opposition qui réclamait de telles protections dès janvier.

Le maire de l'arrondissement Saint-Laurent, Alan DeSousa, a présenté une motion pour que la métropole ne recoure qu'à des entreprises ayant équipé leurs véhicules lourds de barres latérales. Celles-ci comblent le vide entre les roues avant et arrière, empêchant les piétons ou cyclistes de glisser sous les roues en cas d'impact.

L'administration Plante a appuyé la demande en disant que ses futurs appels d'offres incluraient une clause requérant des barres latérales. La mairesse s'est engagée à procéder rapidement, estimant que la situation avait suffisamment trainé en longueur. «On a perdu assez de temps», a estimé l'élue.

L'administration Plante a de plus appelé Québec à légiférer pour étendre la mesure à l'ensemble des véhicules lourds circulant sur les routes de la province. «On veut s'assurer que tous les camions arrivant sur l'île de Montréal soient équipés de barres latérales», a indiqué Valérie Plante.

Voilà, même s'ils s'entendent sur le sujet, l'administration et l'opposition se sont longtemps affrontées lors du conseil municipal sur le moment où les barres deviendraient obligatoires. La mairesse a demandé un délai quelques mois, disant avoir besoin de temps pour évaluer les impacts des changements des règles entourant les appels d'offres. Ensemble Montréal a fait pression pour que la mesure entre en vigueur dès le début de 2019.

Exaspéré, Alan DeSousa a finalement retiré sa motion, si bien que le débat s'est terminé en queue de poisson. «Nous ce qu'on voulait, c'est un engagement ferme et clair» a plaidé Lionel Perez, chef de l'opposition. Selon lui, les changements proposés «dénaturaient» la motion.

Motion ou pas, Montréal ira de l'avant, a assuré l'élu Jean-François Parenteau, responsable du dossier. Il a indiqué avoir rencontré l'industrie du camionnage pour la prévenir des mesures qui s'appliqueront à partir de 2019, vraisemblablement au printemps.

«La décision est prise depuis un bout. Il faut juste le faire intelligemment avec l'industrie. On ne peut pas l'imposer demain matin, aller en appel d'offres et ne pas avoir de camions pour faire le déneigement cet hiver», a illustré M. Parenteau.

Le retrait de la motion a toutefois été bien mal reçu par la mère d'une jeune femme tuée par un camion en 2005 à Westmount. «Je suis dégoûtée», s'est indignée Jeannette Holman-Price. Elle y voit une tactique de l'administration pour acheter du temps.

«Je comprends sa déception, elle a peur qu'on retombe dans les promesses faites par la précédente administration. On lui a promis des choses et ça n'a pas été fait. Elle reçoit cela comme si on n'allait rien faire, mais au contraire, les actions sont commencées et on va les livrer», a assuré Jean-François Parenteau.

L'élu a bien mal digéré les critiques de l'opposition, qui n'a pas agi alors qu'elle était au pouvoir. «Quand j'ai pris le dossier, le travail n'était pas amorcé du tout. M. Perez était responsable du dossier et ne l'a pas fait avancer. Et aujourd'hui, c'est comme si c'était nous qui portions l'odieux de ne pas aller assez loin assez vite.»