La responsable politique du développement social et communautaire au comité exécutif de Montréal, Rosannie Filato, a lancé jeudi une consultation publique en détaillant toutes les modalités de l'exercice. Elle n'a toutefois pu préciser ce qui était au coeur de la consultation, soit les problèmes auxquels se heurtent les citoyens ayant un handicap ou une limitation fonctionnelle, pour accéder notamment aux services, aux immeubles, aux parcs et aux infrastructures sportives de la Ville.

Cette consultation sur «l'accessibilité universelle» doit permettre de revoir la politique en place, d'en «accélérer la cadence», a affirmé Mme Filato en conférence de presse. Un plan est en voie d'élaboration par les services municipaux, mais la conseillère municipale n'a pas voulu en dévoiler les principales orientations ni même l'objectif. Selon elle, il serait prématuré qu'elle se prononce. Elle s'est bornée à indiquer que le plan serait dévoilé l'hiver prochain.

À force de questions, de suggestions et de réponses soufflées par l'attachée de presse tout près d'elle, Mme Filato a donné quelques exemples de situations irritantes pour les personnes ayant un handicap auditif ou visuel ou qui se déplacent difficilement à cause de la vieillesse ou de toute autre limitation fonctionnelle : circuler dans les parcs, y accéder alors que le bord du trottoir est trop haut et pique-niquer à des tables peu adaptées aux fauteuils roulants.

Selon Emily Lefrançois, de l'organisme de défense des personnes ayant une déficience motrice Ex aequo, la Ville ne peut pas se limiter aux immeubles lui appartenant (40% sont accessibles aux personnes à mobilité réduite). «La Ville devrait jouer un rôle de leadership auprès des partenaires privés comme les commerçants. Il faut que les gens puissent magasiner et aller au restaurant. C'est souvent très difficile», affirme Mme Lefrançois.

De son côté, Elsa Lavigne de l'organisme AlterGo (voué au loisir chez une clientèle handicapée), estime qu'il y a un manque criant de ressources financières et humaines à la Ville pour prétendre à l'accessibilité universelle. Par exemple, elle soutient que les sommes consacrées par Montréal pour les loisirs correspondent à 650 $ par année par participant, contre 5000 $ à Québec.

Mme Lefrançois et Lavigne soulignent également que l'expertise de la Ville doit être développée. C'est important, d'autant que la prévalence de l'incapacité au Québec atteint 33% chez les personnes âgées de 15 ans et plus vivant en ménage privé ou collectif mais non institutionnel, comme le démontre une enquête de l'Institut de la statistique du Québec. «Les femmes et les personnes âgées de 65 ans et plus sont davantage touchées par l'incapacité, notamment lorsqu'il s'agit d'incapacité modérée ou grave», note-t-on.

La consultation montréalaise se déroulera du 15 octobre au 30 novembre. Elle prendra la forme d'un sondage en ligne ou par téléphone. Il y aura également six rencontres d'échanges en novembre dont les détails seront publiés sur le site internet de la Ville.