Une résidante handicapée de Pointe-aux-Trembles, dans l'est de l'île de Montréal, dénonce le dédale administratif auquel elle se heurte pour être admise au transport adapté.

« Des fois, je pense qu'envoyer une photo, ce serait plus simple. Il me semble que c'est assez évident que j'ai besoin du service. » Joëlle Rivard est née avec une malformation des quatre membres. En juillet dernier, elle a fait parvenir une demande d'admission au transport adapté de la Société de transport de Montréal (STM).

Malgré son handicap important et ses limitations évidentes, sa demande a été jugée « incomplète » par le comité d'admission du service de transport adapté et lui a été retournée. Elle doit refaire l'exercice. « Tu vis déjà avec ton handicap, et là, il faut que tu reviennes "surjustifier" ton besoin », déplore-t-elle.

Le comité d'admission, qui constitue l'instance qui tranche en matière d'admissibilité au service, lui demande de retourner la section sur l'« attestation de ses capacités », qui doit être remplie par un professionnel de la santé. C'est pourtant ce que Mme Rivard a fait en faisant signer ses documents par le médecin qui la traite depuis six ans.

Or, on lui demande plutôt, sans explications, de faire remplir le formulaire par un ergothérapeute ou un physiothérapeute. Le comité d'admission lui demande aussi de fournir le résultat du test de Berg, un test d'équilibre, qu'elle n'a pas exécuté. « Un test d'équilibre ? Je suis assise dans un fauteuil », s'insurge-t-elle.

« Petite bureaucratie »

La femme de 41 ans s'explique mal la décision qu'elle décrit comme de la « petite bureaucratie ». « Un moment donné, c'est assez de toujours justifier sa différence. Je comprends qu'il faut fournir un minimum d'informations, mais là... Ils nous font sentir comme des fraudeurs. Comme s'ils disaient : "Montre-nous que tu as vraiment droit au service" », illustre-t-elle.

« Est-ce qu'il y a vraiment quelqu'un qui demande ce service-là pour le fun ? J'en ai besoin », martèle cette ex-athlète paralympique. Chercheuse d'emploi, Joëlle Rivard explique avoir fait sa demande pour s'assurer d'avoir un moyen de transport vers son futur lieu de travail. « Je veux que ce soit réglé avant. [...] C'est un stress de savoir si je vais avoir accès ou non. »

Politique d'admissibilité au transport adapté

La Politique d'admissibilité au transport adapté est définie par le ministère des Transports pour mieux encadrer le contexte d'admission des usagers. Dans les villes où le service est offert, un comité d'admission, formé de représentants des personnes handicapées, du mandataire du service et du réseau de la santé, analyse les demandes.

Le Ministère confirme que le formulaire doit être rempli « par un professionnel de la santé [...] qui a accès au diagnostic du demandeur », ce qui comprend le médecin traitant, mais il précise que la demande peut être malgré tout jugée incomplète si les informations sont insuffisantes pour déterminer l'état physique de la personne.

On indique également que le test d'équilibre « peut être utile pour déterminer si la personne répond aux critères d'admissibilité, notamment sur l'incapacité à marcher 400 mètres ou franchir une marche de 35 centimètres ». De son côté, la STM précise que le test de Berg peut être exigé « afin de mieux comprendre les incapacités » du demandeur.

« Ça serait l'fun de rester une citoyenne active et non pas être handicapée par le système », ajoute-t-elle, espérant que sa demande sera acceptée rapidement. La demande d'admission de Mme Rivard a également été jugée incomplète parce qu'elle avait omis de fournir une photo format passeport et une copie de son certificat de naissance, ce qu'elle fournira.