Les policiers de Montréal ne sont pas les seuls à accumuler les heures supplémentaires. Les employés de la métropole sont de plus en plus appelés à travailler au-delà de leur horaire normal, la facture pour l'ensemble de la Ville ayant grimpé de 29 % depuis 2014, révèle un document obtenu en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

MOINS DE PERSONNEL, PLUS DE TEMPS

La Ville de Montréal a de plus en plus recours aux heures supplémentaires depuis qu'elle a mis en place un plan de réduction du personnel, en 2014.

Pour la première fois en 2017, les quelque 28 000 employés de la métropole ont facturé un peu plus de 2 millions d'heures supplémentaires. Cela représente une hausse de 20 % par rapport à 2014. La hausse de la facture a toutefois été plus rapide (+ 29 %), les salaires du personnel ayant progressé durant cette période. Il en a ainsi coûté 77,6 millions l'an dernier.

Rappelons que l'administration Coderre avait annoncé en 2014 un plan sur cinq ans afin de réduire la masse salariale de la métropole. Celui-ci prévoyait l'abolition d'un poste sur deux après un départ à la retraite.



POLICIERS EN TÊTE

Avec la multiplication des chantiers, les policiers ont vu leurs heures supplémentaires augmenter d'année en année. La facture est ainsi passée de 30,8 millions en 2014 à 40,2 millions l'an dernier. Chacun des 4450 policiers employés de la Ville de Montréal a ainsi fait en moyenne 142 heures supplémentaires en 2017. Ce chiffre est en croissance constante depuis 2014, alors que les agents faisaient en moyenne 119 heures de plus que leur horaire normal.

Pour réduire la note, Montréal a négocié de pouvoir recourir à des cadets afin de sécuriser certains segments de la circulation.

LES COLS BLEUS AUSSI

Les cols bleus de Montréal aussi sont de plus en plus appelés à travailler au-delà de leur horaire habituel. Ceux-ci ont fait en moyenne 135 heures supplémentaires chacun l'an dernier.

Ces 6043 employés ont ainsi accumulé un total de 812 700 heures de plus que prévu l'an dernier. Ceux-ci touchant en moyenne 40 $ par heure supplémentaire travaillée, la facture s'est élevée à 32,7 millions. C'est 32 % de plus qu'en 2014.

STABILITÉ CHEZ LES POMPIERS

Ils ne courent peut-être pas les chantiers comme leurs collègues policiers, mais les pompiers aussi sont fréquemment appelés à faire des heures supplémentaires. Chacun des 2380 pompiers a fait en moyenne 89 heures supplémentaires en 2017, ce qui a représenté une facture de 12,8 millions. À noter, le phénomène n'est pas hausse chez les pompiers, mais relativement stable depuis 2014.

MOINDRE CHEZ LES COLS BLANCS

Plus important corps d'emploi à la Ville de Montréal, les 10 400 cols blancs réclament aussi de plus en plus souvent des heures supplémentaires. Ceux-ci ont effectué l'an dernier 209 000 heures de plus que leur horaire régulier, une hausse du tiers depuis 2014.

Reste que les cols blancs font proportionnellement beaucoup moins d'heures supplémentaires que leurs collègues cols bleus, policiers et pompiers. Chacun a facturé en moyenne 20 heures par année. La facture s'est ainsi établie à 8,7 millions.

PAS D'HEURES SUPPLÉMENTAIRES POUR D'AUTRES

Si certains groupes d'employés accumulent les heures supplémentaires, d'autres n'en font pratiquement jamais. C'est le cas des 37 architectes employés de la Ville qui n'ont réclamé aucune heure en 2017.

Les 652 brigadiers ont quant à eux facturé collectivement à peine 12 heures supplémentaires l'an dernier, pour un total de 387 $.

Les 482 scientifiques travaillant pour la métropole n'ont quant à eux pas eu à sortir leur alculatrice souvent : ceux-ci ont réclamé un total de 857 heures supplémentaires... mais, comme chaque année, reçu 0 $.

Invitée à réagir hier, l'administration Plante n'a pas fait de commentaire.

- Avec William Leclerc, La Presse