La rentrée pourrait être plus difficile que par les années passées sur le réseau routier montréalais, la semaine prochaine.

La Presse a appris qu'au courant de l'été, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avait changé ses critères d'évaluation des plans de chantiers routiers que lui soumet la Ville, ce qui devrait se traduire par une moins grande présence de policiers ou de cadets (aspirants policiers) affectés dans les zones de travaux pour assurer la sécurité et la fluidité de la circulation. Devant la multitude de travaux sur l'île, et vraisemblablement en raison d'un budget limité, le SPVM est beaucoup plus sélectif dans ses affectations d'agents ou de cadets aux abords des chantiers municipaux. 

Selon nos informations, les heures de 120 cadets affectés principalement à la circulation sur les chantiers auraient été sensiblement réduites ces dernières semaines.

Personne au SPVM n'a voulu commenter les informations de La Presse.

Mais au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on a confirmé que les autorités policières avaient modifié leurs façons de faire au cours de l'été. On explique que le SPVM a procédé à des changements dans sa façon d'affecter les policiers et les cadets qui étaient jusque-là envoyés sur tous les chantiers autorisés par la Ville de Montréal. Le SPVM fait maintenant « l'analyse fine des besoins en matière de sécurité », nous a-t-on dit.

Ainsi, seuls les chantiers qui présentent des problèmes potentiels pour la sécurité des travailleurs, des automobilistes, des piétons et des cyclistes, et sur lesquels la présence de policiers ou de cadets améliore assurément la fluidité de la circulation, sont considérés, souligne-t-on. Concrètement, cela signifie qu'il y aura davantage de chantiers routiers laissés sans surveillance.

Selon les informations recueillies dans les rangs policiers, la situation fait craindre certains sources d'irritation pour la rentrée de mardi. Il y aurait actuellement à Montréal des chantiers orphelins qui nécessiteraient une présence policière mais qui n'en affichent aucune.

« Depuis juillet, de nouveaux plans de chantier présentés par la Ville au SPVM ont été refusés par ce dernier. Déjà cette semaine, c'est l'enfer. Je ne peux pas imaginer ce qui va se passer à partir du 4 septembre », s'inquiète un policier bien au fait du dossier.

« La police est limitée dans les effectifs qu'elle peut consacrer à la circulation sur les chantiers. Ça va chirer, c'est sûr », renchérit un autre.

Explosion des coûts

C'est la Ville qui est responsable de la planification des travaux routiers sur le territoire. Elle en informe le SPVM qui évalue les besoins et qui attribue les ressources nécessaires. Le coût de ces choix demeure central.

Depuis quelques années, le coût en heures supplémentaires des policiers affectés à la circulation a augmenté en flèche. En 2014, le SPVM avait dû débourser 4,4 millions pour couvrir la facture. En 2017, la facture s'est établie à 10,9 millions.

La semaine dernière, il y aurait eu une rencontre portant sur le budget de la police entre le nouveau directeur général de la Ville de Montréal, Serge Lamontagne, et des représentants du SPVM. On ignore toutefois si cette question a été discutée.

Pour le cabinet Plante, il est davantage question de pertinence que de facture. « Notre administration et le SPVM partagent les mêmes préoccupations au sujet de la sécurité des chantiers montréalais lorsqu'il est jugé nécessaire d'avoir de la surveillance adéquate. Nous avons discuté des efforts à consentir à court et moyen terme pour assurer la sécurité de l'ensemble des usagers du réseau montréalais », indique l'attaché de presse Youssef Amane.

- Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse



Appréhensions d'un chroniqueur à la circulation

Le chroniqueur à la circulation du 98,5 FM, Marc Brière, qui fait ce métier depuis 15 ans, appréhende une rentrée plus pénible cette année en raison du grand nombre de chantiers à Montréal.

« La semaine prochaine sera la période la plus achalandée de l'année. Les automobilistes s'attendent à un puissant capharnaüm, et je m'attends à ce que ce soit particulièrement difficile », a-t-il confié à La Presse.

M. Brière reçoit quotidiennement les plaintes des automobilistes et a déjà commencé à relever en ondes, ces derniers jours, quelques chantiers routiers où il y a déjà des problèmes de fluidité, et sur lesquels les policiers et les cadets du SPVM étaient absents.

« Les automobilistes veulent avoir de l'aide et une meilleure coordination entre les chantiers routiers. Il y a moins de cadets et de policiers sur les chantiers, on nous dit que ça coûte cher, mais les gens veulent une présence sur le terrain pour tirer la circulation. La Ville tente de pallier avec une escouade de la mobilité, mais ce n'est pas cela qui va changer la donne », croit le chroniqueur.