Montréal a versé depuis deux ans près de 800 000 $ en bonis aux cadres du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), révèle un document obtenu par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

La métropole a adopté en 2016 un nouveau programme de bonis à la performance pour les cadres de son corps policier. Celui-ci prévoit que les officiers peuvent recevoir une rémunération supplémentaire s'ils atteignent certaines cibles.

Dans un document, la Ville indique avoir versé en 2016 un total de 352 803 $ en bonis à 111 cadres. Ceux-ci ont ainsi reçu en moyenne 3200 $ chacun.

Les bonis ont été plus importants l'an dernier : 109 cadres ont reçu un total de 422 653 $. Ils ont ainsi touché en moyenne 3900 $ chacun.

SELON LA PERFORMANCE

Le programme de bonis du SPVM avait soulevé la controverse en raison de l'utilisation du nombre de contraventions imposées parmi les critères pour évaluer la performance des cadres. Ceux-ci sont en effet évalués sur quatre objectifs à atteindre, chacun étant mesuré en fonction de deux ou trois indicateurs. Selon l'atteinte des objectifs, les cadres reçoivent une cote qui détermine le pourcentage de leur boni par rapport à leur salaire annuel. Ils reçoivent de 1 à 4 % s'ils sont jugés « performants », de 4 à 6 % s'ils sont « très performants » et de 6 à 8 % si leur performance est jugée « exceptionnelle ».

La Fraternité des policiers et policières et Projet Montréal, qui siégeait dans l'opposition à l'époque, avaient vivement critiqué l'administration Coderre en raison de l'utilisation des contraventions pour évaluer la performance des cadres. Celle-ci s'était défendue en avançant que les amendes font partie intégrante du travail des policiers.

« UN ENSEMBLE D'OBJECTIFS »

À son arrivée au pouvoir, l'administration Plante a toutefois convenu avec le chef intérimaire du SPVM, Martin Prud'homme, de retirer les contraventions de l'équation. Cet indicateur a été donc retiré du programme pour calculer les bonis en 2017.

Dans son document, le SPVM précise que les amendes ont été utilisées pour calculer la performance uniquement en 2016. Et cette mesure a été utilisée pour seulement 32 des 111 cadres ayant reçu un boni cette année. Le corps policier réitère qu'il ne s'agissait pas du seul critère pour mesurer la performance, 16 autres ayant été utilisés.

« Les bonis étaient versés en 2016 en fonction de l'évaluation de l'ensemble des objectifs et compétences du programme d'évaluation et non en fonction spécifiquement de l'objectif en sécurité routière et d'un nombre de constats », indique le SPVM.

- Avec William Leclerc, La Presse