Le coût du complexe aquatique où doit se tenir la finale des Jeux du Québec à Laval, en 2020, explose. La plus basse soumission reçue par la Ville pour la construction de ce projet phare du maire Marc Demers dépasse de 35 % l'investissement prévu et s'établit à 82 millions.

Selon les informations diffusées sur le site du Système électronique d'appel d'offres du gouvernement du Québec (SEAO), trois soumissions ont été reçues. Celle de Magil Construction s'élève à 82 092 150  $ et constitue la proposition la moins chère comparativement aux soumissions de Pomerleau (83,3 millions) et de TEQ (85,5 millions).

Lorsque le maire Demers a relancé le projet en 2016, il était question d'un investissement de 61 millions. Par rapport à la soumission de Magil Construction, c'est donc une hausse de 35 %.

Si l'on tient compte des contrats qui ont déjà été accordés, soit 5,4 millions pour les architectes (NFOE-HCMA) et les services d'ingénierie (Dupras Ledoux et Exp) ainsi que 2,9 millions pour les travaux d'excavation et de fondations (Coffrages Synergy), la facture du complexe aquatique pourrait avoisiner les 90 millions. Il s'agirait d'une hausse de près de 50 % du coût initial, s'est indigné hier le chef de l'opposition officielle, Michel Trottier du Parti Laval.

Selon M. Trottier, c'est l'illustration d'une mauvaise planification du dossier. Il prévient d'ailleurs que le conseiller municipal de son équipe, Claude Larochelle, s'opposera à « tout octroi de contrat dépassant les coûts initialement prévus ». Le Parti Laval privilégie la construction de plusieurs « piscines plus modestes et mieux réparties sur le territoire pour faciliter leur fréquentation par les citoyens ».

UN COMPLEXE AQUATIQUE VOULU DE CALIBRE NATIONAL

Le complexe aquatique doit être une infrastructure sportive de calibre national pour accueillir de grandes compétitions, avait soutenu M. Demers lors du lancement du projet. Au même moment, la Ville manifestait son désir d'accueillir la 55e finale des Jeux du Québec. En décembre 2017, Sports Québec a annoncé que Laval organiserait les Jeux en juillet 2020.

La construction du complexe aquatique devait donc commencer cet été afin d'accueillir les athlètes dans deux ans. L'appel d'offres public a été lancé en avril et les soumissions ont été déposées en mai. Le 5 juin, Laval a procédé à l'ouverture des soumissions, dont le coût dépassait largement l'estimation municipale.

Mardi après-midi, l'appel d'offres a été annulé sur le site du SEAO. Hier, la Ville expliquait qu'il s'agissait d'une erreur administrative et que le processus était « toujours en cours ». Vers 16 h, le statut a été modifié une nouvelle fois : « en attente de conclusion de contrat », pouvait-on lire.

« Le dossier nécessite une analyse approfondie. Des rencontres entre les services municipaux concernés sont prévues », s'est bornée à dire Sarah Bensadoun, du service des communications.

Au cabinet du maire Demers, on ne souhaitait pas se prononcer sur l'explosion des coûts. « Le dossier sera discuté au comité exécutif au cours des prochaines semaines », a dit l'attachée de presse de Marc Demers, Valérie Sauvé.

Laval n'a aucune obligation d'accepter une soumission.

UN PROJET EN TROIS PHASES

Le complexe aquatique a fait l'objet d'un concours d'architecture remporté par le consortium NFOE-HCMA l'année dernière. Il est prévu que l'édifice, largement vitré, sera de forme circulaire et s'intégrera au boisé tout à côté. Il sera voisin du Cosmodôme.

Il comptera trois bassins destinés à la natation, au plongeon et aux loisirs. Ces piscines pourront accueillir 875 baigneurs, et jusqu'à 1200 spectateurs pourront assister à leurs prouesses.

Le projet doit se réaliser en trois phases. Les deux premières, soit le réaménagement du stationnement du Cosmodôme et les travaux d'excavation et de fondations, sont en voie d'être terminés.

Le projet d'un complexe aquatique est discuté à Laval depuis 10 ans. Sous l'administration de l'ancien maire Gilles Vaillancourt, il était question d'un centre dont le coût était estimé à quelque 34 millions.