Des commerçants du Marché Jean-Talon dénoncent un projet de réaménagement qui fera disparaître une dizaine de cases de stationnement. De son côté, l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie défend son projet en faisant valoir qu'il a obtenu l'appui de la majorité des usagers du marché.

Le projet qui débutera le 17 juillet prochain prévoit de piétonniser la rue Shamrock ainsi que dix espaces de stationnement devant la boulangerie Première Moisson. Le but de ces travaux est de lier le Marché Jean-Talon avec le boulevard Saint-Laurent afin de dynamiser le secteur selon Josée Bédard, directrice de l'arrondissement Rosemont-La-Petite-Patrie.

«Ça va être la fin de notre commerce», a lancé Lino Birri, copropriétaire du commerce de légumes frais Birri au Marché Jean-Talon, ce mercredi en conférence de presse. Le message de M. Birri et d'autres commerçants du marché est catégorique: ils veulent que la Ville de Montréal cesse de limiter l'accès au Marché pour les automobilistes et la livraison.

Les commerçants se plaignent d'une baisse de revenus qu'ils attribuent au manque d'accès au marché pour les automobilistes. Ils affirment que leurs clients ont de la difficulté à transporter de grands volumes de marchandise à leur voiture.

L'opposition à l'hôtel de ville a joint sa voix à celles des commerçants en colère, accusant l'arrondissement de vouloir changer la vocation du marché.«[Le problème], ce n'est pas 10 stationnements, c'est un enjeu d'accessibilité», résume Lionel Perez, chef de l'opposition.

Ce dernier reproche à l'administration Plante son manque d'écoute envers les commerçants dans le développement de ce dossier. «À quoi ça sert de consulter quand tout est décidé d'avance, que les contrats sont octroyés et que les travaux sont inscrits au calendrier?», relate dénonce Lionel Perez, chef d'Ensemble Montréal.

Réponses de la ville

L'arrondissement affirme avoir tenu des activités de consultations auprès des marchands, des riverains et des citoyens à 14 reprises au cours des 3 dernières années afin d'échanger avec eux sur l'avenir du marché. «Il y a eu des ateliers de codéveloppement et de codesign où les marchands étaient invités», expose Josée Bédard, directrice de l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie.

Au terme de ces discussions, l'arrondissement a décidé d'inclure quatre espaces de livraisons ainsi que 10 espaces de stationnement gratuit au Marché. «Quand on a fait la consultation, les gens souhaitaient une rue piétonne seulement. Les commerçants ont exprimé des inquiétudes et on a changé la planification», relate Mme Bédard.  

Le maire de l'arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie, François William Croteau, a tenté de relativiser l'impact d'un tel projet sur le marché dans une lettre publiée dans les pages du Devoir le 5 juillet dernier. «Je comprends leurs craintes, sans toutefois les partager.», écrivait M. Croteau.

L'élu municipal avait souligné l'importance de la cohabitation entre piétons et automobilistes. «Il faut conserver un équilibre entre les deux types d'activités», soulignait-il dans sa lettre.

Si le projet a provoqué le mécontentement chez de nombreux commerçants, ils ne sont pas tous touchés de la même façon par la fermeture d'espaces de stationnement. « Moi il y pas d'influence sur mon commerce. C'est juste une question d'adaptation», explique Yves Cantin, employé du fleuriste Chez Daniel depuis 24 ans.