Montréal est la grande agglomération nord-américaine où la croissance de l'emploi a été la plus forte en 2017, selon des données compilées par Montréal International.

On savait déjà depuis quelques mois que l'augmentation de 3,6 % du nombre moyen d'emplois à Montréal de 2016 à 2017 était la meilleure performance de la métropole depuis 1998.

La publication la semaine dernière aux États-Unis de données comparables sur les agglomérations américaines a permis de constater qu'elle était aussi la plus forte parmi les 20 plus grandes villes en Amérique du Nord.

« Je suis ces données depuis une quinzaine d'années, et Montréal est généralement dans le milieu ou le bas du classement », note l'économiste en chef de Montréal International, Christian Bernard.

« Nous profitons d'une conjoncture économique favorable, mais dans cette conjoncture, Montréal arrive à se démarquer, ce qui n'était pas nécessairement le cas dans le passé. » - Christian Bernard

« Normalement, la croissance est de 1,5 % ou 2 %, ajoute-t-il. À 2 %, c'est une bonne année. »

En chiffres absolus, le nombre moyen d'emplois dans la région métropolitaine de recensement de Montréal est passé de 2,071 millions en 2016 à 2,146 millions en 2017, soit une augmentation d'environ 75 000 postes. Il s'est ajouté environ deux fois plus d'emplois dans la région de New York, mais cela représente un plus faible pourcentage.

En revanche, Montréal a créé un peu plus d'emplois que la seule autre agglomération canadienne membre du palmarès, celle de Toronto. La capitale ontarienne a créé 70 000 postes, pour un taux de croissance de 2,32 %, et vient au 6e rang.

DEUXIÈME BONNE NOUVELLE

Sa présence au sommet du classement n'est par ailleurs pas la seule raison de se réjouir pour Montréal, selon M. Bernard.

« L'autre bonne nouvelle, c'est que ce ne sont pas des emplois peu rémunérés. Les secteurs qui créent ces emplois sont à haute valeur ajoutée. »

Ce sont en effet des secteurs traditionnellement forts de l'économie québécoise, comme le jeu vidéo, les effets visuels, l'industrie pharmaceutique, l'aérospatiale, les technologies financières et l'intelligence artificielle, qui ont mené la charge, avec des taux de croissance bien supérieurs à la moyenne locale de 3,6 %.

En 2015 et 2016, l'augmentation montréalaise n'avait été que de 1,1 % et 1,5 % respectivement.

« Est-ce que nous serons capables de maintenir le rythme en 2018, 2019 ou 2020 dans un contexte démographique changeant ? C'est la grande question », reconnaît M. Bernard.

Sous l'impulsion de cette croissance de l'emploi, le taux de chômage moyen est passé de 7,7 % à 6,4 % entre 2016 et 2017 dans la région de Montréal, selon des données du Conference Board. Il était à 8,4 % en 2015. Le mois dernier, il est descendu à 6,0 %.

« BOOM TECHNO »

Le Conference Board expliquait la forte croissance de l'économie montréalaise en 2017 par « une croissance démographique décente, des développements positifs dans le secteur aérospatial, une forte construction non résidentielle et de forts niveaux de confiance des consommateurs ».

« C'est le boom techno », avance pour sa part M. Bernard, qui explique principalement cet essor. « Le téléphone sonne sans arrêt à Montréal International. Le Canada a bonne réputation et les fondamentaux économiques du pays sont bons. »

À cela s'ajoutent selon lui les avantages traditionnels de Montréal : main-d'oeuvre talentueuse, forte présence universitaire, masses critiques dans certains secteurs, aides gouvernementales et faible coût de la vie.

L'administration Plante s'est réjouie de ces données positives pour Montréal, une tendance qui continue à ce jour.

« C'est une bonne nouvelle et même actuellement on voit encore que les indicateurs de mai 2018 sont très positifs : on a un taux de chômage qui est très, très bas, on a une progression hyper intéressante de l'emploi et surtout des emplois à temps plein et dans des domaines intéressants », a affirmé Robert Beaudry, responsable du développement économique au comité exécutif.

Le conseiller a plaidé que la hausse de taxes municipales annoncée en début d'année n'avait pas changé le fait que Montréal demeure l'une des villes les plus économiques pour brasser des affaires.