Valérie Plante a décidé de miser sur un fonctionnaire d'expérience pour devenir directeur général de Montréal. Serge Lamontagne, qui avait déjà occupé le poste par intérim en 2013, aura pour mandat de traduire en actions la vision de mobilité prônée par Projet Montréal tout en maintenant de bonnes relations au sein des 28 000 employés. Des défis de taille.

RECRUTÉ À LAVAL

Après avoir pigé à Québec, c'est maintenant vers Laval que Montréal s'est tourné pour recruter son nouveau directeur général. Laµmairesse a annoncé avoir choisi Serge Lamontagne, qui occupait le poste de directeur général de Laval depuis janvier 2014, afin de prendre la tête de la fonction publique montréalaise. Le nouveau directeur général touchera un salaire annuel de 315 000 $. Tout comme pour Alain Marcoux qui quitte la Ville, Serge Lamontagne n'aura pas droit à une indemnité de départ lorsqu'il quittera son emploi. « On a un désir de travailler ensemble, que ça fonctionne, mais si pour différentes raisons, ça devait se terminer, il ne doit pas y avoir d'indemnité de départ », a indiqué Valérie Plante. En acceptant une telle demande, la mairesse estime que son DG a démontré son ouverture d'esprit.

CINQ CANDIDATS PRESSENTIS

Pour trouver son DG, Montréal avait retenu les services d'une firme de chasseurs de têtes, Valérie Plante expliquant qu'elle voulait sortir des réseaux habituels. L'entreprise a suggéré cinq candidats que la mairesse, sa cheffe de cabinet, Marie-Ève Gagnon, ainsi que le président du comité exécutif, Benoît Dorais, ont rencontrés. Deux candidatures se sont alors démarquées et au terme d'examens supplémentaires, Serge Lamontagne a finalement été choisi. « Ce n'était pas juste quelqu'un qu'on connaît, c'était un processus sérieux. On a eu un coup de coeur. C'est important qu'il y ait des atomes crochus parce qu'on travaille très étroitement avec le directeur général », a expliqué Mme Plante.

CV BIEN GARNI

Serge Lamontagne travaille en administration publique depuis plus de 30 ans. Il a été directeur des loisirs à Amos de 1987 à 1993. De 1993 à 2001, il a occupé un poste similaire à Pointe-Claire. Puis en 2002, il a pris la tête de la direction de la culture et des sports à Saint-Laurent, arrondissement dont il deviendra ensuite le directeur. De 2010 à 2012, M. Lamontagne a été directeur général associé à la concertation des arrondissements, avant d'assurer l'intérim comme directeur général en 2013. Depuis janvier 2014, il était directeur général de Laval, troisième ville en importance dans la province. Grâce à ce parcours, Valérie Plante estime que Serge Lamontagne est à même d'avoir une « connaissance approfondie de la structure complexe de la Ville de Montréal ».

PRIORITÉ MOBILITÉ

Plusieurs défis attendent le nouveau directeur général de Montréal. Le principal sera toutefois de traduire la vision de l'administration Plante en mobilité en actions concrètes. La mairesse a d'ailleurs dit avoir choisi Serge Lamontagne en grande partie parce qu'il est « un passionné de la mobilité », lui qui a notamment beaucoup travaillé sur le sujet en organisant un Forum sur la mobilité et les transports collectifs à Laval récemment. Interrogé sur ce défi, M. Lamontagne a estimé qu'« il y a un alignement de planètes en mobilité durable ». « Mon travail va être de concrétiser cette vision, souligne-t-il. J'ai une vitesse, une vitesse grand V. On a un rendez-vous à réussir. » Il ajoute que la mobilité est un enjeu dépassant les frontières de la ville, mais touche toute la région métropolitaine.

GARDIEN DE LA PAIX

Plus haut fonctionnaire, le directeur général joue un rôle central à la Ville de Montréal. C'est lui qui doit prendre les orientations des élus pour les transformer en actions de la part des fonctionnaires. Pour y arriver, il devra notamment veiller à maintenir la paix avec les syndicats, mais aussi entre les 19 arrondissements. « Les arrondissements et la ville-centre ne doivent pas être en opposition, mais en complémentarité. Mon défi, ce sera d'aller plus loin dans cette intégration. On va trouver une façon d'être plus performants ensemble », dit-il. Pour les employés, M. Lamontagne compte rencontrer sous peu l'ensemble des syndicats. Et déjà, il tient à faire savoir qu'il a « un préjugé favorable à l'internalisation [travail fait à l'interne plutôt que recourir au privé], mais il faut regarder toujours l'équilibre budgétaire ».

CLIN D'OEIL À ALAIN MARCOUX

La nomination de Serge Lamontagne représente en quelque sorte un retour aux sources. Paradoxalement, il viendra remplacer Alain Marcoux... qui l'avait lui-même remplacé en 2014 alors qu'il assurait l'intérim à la tête de la fonction publique. Denis Coderre avait recruté M. Marcoux à la Ville de Québec où il était directeur général sous Régis Labeaume. Serge Lamontagne a tenu à rendre homme à son prédécesseur, en disant vouloir s'inspirer de « son intégrité et son sens du devoir. Dans le milieu municipal, la qualité professionnelle de M. Marcoux dépasse les frontières de la [région de Montréal]. On disait qu'il était la définition du parfait "civil servant". Il faut s'inspirer de ce qu'il a fait pour aller plus loin encore. »