L'état des ponts et tunnels de Montréal continue à s'améliorer : huit structures nécessitent actuellement des travaux majeurs, contre une cinquantaine dans un état déficient ou critique en 2011. Le titre de la pire infrastructure revient cette année à un pont d'étagement de la rue Jean-Talon Ouest, où des ingénieurs ont relevé de nombreux problèmes de corrosion et de fissures.

Montréal suit de près l'état de ses infrastructures depuis l'effondrement d'un paralume sur l'autoroute Ville-Marie, en juillet 2011. Bien que le tunnel soit sous la responsabilité du ministère des Transports, « ç'a vraiment été un électrochoc pour la Ville de Montréal, qui s'est prise en main. Il y a eu un gros rattrapage au cours des dernières années, mais le travail continue », dit Sylvain Ouellet, responsable des infrastructures de l'administration Plante.

Depuis l'incident du tunnel Ville-Marie, qui n'avait pas fait de victime, la métropole diffuse chaque année un bilan de l'état de ses ponts et tunnels. La vingtaine de millions investie chaque année dans leur réfection depuis 2011 a permis d'améliorer le bilan.

Aucun pont ou tunnel sous la responsabilité de Montréal ne se trouve désormais dans un état tel qu'un remplacement rapide est jugé nécessaire. Cinq nécessitent toutefois des travaux majeurs pour prolonger leur durée de vie. Enfin, trois autres - dont un a été fermé à la circulation - sont dans un état déficient.

Cette situation contraste grandement avec celle de 2011 alors que 27 structures étaient jugées dans un état critique et 25, dans un état déficient. À l'époque, 65 % des structures étaient jugées dans un « bon » état. Aujourd'hui, 80 % des ponts et tunnels de Montréal n'ont pas besoin de réparations.

« On est vraiment dans une meilleure position cette année qu'il y a 10 ans, où c'était vraiment préoccupant. On n'avait pas une connaissance de l'état des structures qui étaient à risque, et certaines avaient des designs préoccupants. »

- Sylvain Ouellet, responsable des infrastructures de l'administration Plante

Montréal a d'ailleurs mis les bouchées doubles en 2017 pour inspecter ses ponts et tunnels, 98 % d'entre eux ayant reçu la visite des inspecteurs de la Ville. Pas moins de 222 ont subi une inspection générale tandis que 348 ont simplement subi une inspection rapide. « C'est l'année où on a fait le plus d'inspections en profondeur », a souligné M. Ouellet.

Montréal prévoit investir 21 millions en 2018 pour la réfection de ses ponts et tunnels. La métropole compte notamment remplacer une partie du tablier de l'autoroute Bonaventure, réparer le tunnel Saint-Rémi (direction nord) et rénover les murs de soutènement du pont d'étagement Berri-Sherbrooke.

CORROSION ET FISSURES

Si la situation s'est améliorée, certaines structures restent préoccupantes. C'est notamment le cas du pont d'étagement de la rue Jean-Talon, un peu à l'ouest de l'avenue Wilderton, qui enjambe les voies ferrées près de la gare Canora. Une inspection réalisée en novembre dernier a révélé de nombreuses défaillances majeures.

Les ingénieurs ont notamment observé une « corrosion importante de l'acier de tous les appareils d'appui ». Ceux-ci sont « à la limite de leur stabilité avec possibilité d'une perte de support pour le tablier », peut-on lire dans leur rapport.

Le béton sur les murs du tunnel s'effrite, et bon nombre de fissures verticales sont présentes. De nombreuses traces d'humidité et de rouille révèlent une importante infiltration d'eau dans la structure.

Au-dessus, la chaussée sur laquelle les automobilistes circulent n'a pas meilleure mine. Son inspection a révélé la présence d'un nid-de-poule de 7 cm de profondeur et de nombreuses fissures de 1,5 à 3 cm de largeur. La présence d'un autre trou dans la chaussée, mais qui avait été couvert d'asphalte, révèle « la désagrégation du béton » de la dalle.

La structure fera l'objet d'une réfection dans le projet du Réseau express métropolitain, dit Sylvain Ouellet. « Comme ils travaillent déjà dans le tunnel, ce sera plus facile de le faire que si nous, on le faisait dans un projet Ville », a indiqué l'élu.