La mairesse Valérie Plante reconnaît que la Ville de Montréal n'a pas le portrait complet des problèmes d'insalubrité sur son territoire mais elle se montre réticente à imposer aux arrondissements une seule et unique façon de colliger les informations.

«Est-ce qu'on devrait uniformiser les processus pour s'assurer qu'on fait le même suivi d'un arrondissement à l'autre? Moi, je pense que c'est une bonne idée mais vous le savez, je n'ai pas une approche d'imposer des processus parce que, en général, il y a des raisons pourquoi les arrondissements font les choses à leur manière», a affirmé jeudi Mme Plante, en marge d'une conférence de presse concernant le dossier de ville intelligente.

Néanmoins, des travaux sont en cours à la Direction de l'habitation depuis l'adoption du plan d'action contre l'insalubrité, en 2014, afin de produire un «outil de redditions de compte» qui chiffrerait précisément les demandes des citoyens en matière d'insalubrité, avec des codes communs à tous les arrondissements.

«C'est un gros travail qui est presque terminé. Toutes les données vont être centralisées, et ouvertes, dans la prochaine année», indique Charleine Coulombe-Murray, responsable du soutien aux élus en matière d'habitation.

Comme le révélait jeudi matin La Presse, une étude du Collectif de recherche et d'action sur l'habitant (CRACH) démontre un manque important de statistique fiable sur l'insalubrité à Montréal. Par exemple, l'arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce ignore combien il y a d'inspecteurs en insalubrité dans son organisation; l'arrondissement de Montréal-Nord ne sait pas combien de requêtes ont été déposées en 2016; à Saint-Léonard, l'arrondissement ne peut dire combien d'avis de non-conformité ont été envoyés à des propriétaires délinquants.

Évidemment, précise Charleine Coulombe-Murray, Montréal connaît tous ces chiffres pour les dossiers qui relèvent des super-inspecteurs de la ville-centre, chargés des cas lourds et récurrents en matière d'insalubrité. «Cependant, les demandes des citoyens sont dirigées vers les arrondissements», convient-elle. Et là, le portrait est beaucoup moins uniforme, comme le montre l'étude du CRACH.

La mairesse Plante a aussi souligné que depuis son arrivée en poste, le nombre d'inspecteurs a doublé afin d'accélérer les interventions. Elle reconnaît toutefois que ce n'est pas suffisant pour faire face aux problèmes d'insalubrité. «À la division d'habitation de la ville-centre, on a des données mais on doit en avoir de meilleures qui viennent des arrondissements. On s'engage à travailler davantage là-dessus.

À cet égard, elle rappelle qu'une révision des programmes de la Ville a été amorcée au cours des derniers mois. «On ne veut pas laisser les gens dans des situations d'insalubrité pour des questions de santé publique. Mais clairement, il faut faire un ménage beaucoup plus en profondeur. Et ça ne se fait pas en criant ciseaux», a mentionné Mme Plante en insistant pour dire que le dossier est pris «au sérieux».

Par ailleurs, Valérie Plante a dit avoir hâte de recevoir les fonds du gouvernement fédéral afin de «rénover le parc immobilier de Montréal qui est très très mal en point».