Désenclaver les citoyens, sécuriser les intersections, verdir les terrains, aménager des logements sociaux. Pas moins de 80 millions seront investis d'ici à 2025 pour rendre le secteur autour de l'échangeur Turcot plus agréable à vivre.

UNE FOIS LA POUSSIÈRE RETOMBÉE

« Dans le Sud-Ouest, des détours, des retards, de la poussière, des inconvénients, il y en a depuis longtemps. Là, on peut dire aux gens qu'il y a un avenir. » C'est en ces mots que le maire du Sud-Ouest, Benoit Dorais, a présenté hier le Plan de développement Turcot. Ce document d'une centaine de pages détaille les mesures que l'administration Plante compte mettre de l'avant jusqu'en 2025 pour redonner vie au quartier mis à mal par le long chantier de l'échangeur Turcot. La majeure partie des fonds pour financer ces initiatives proviendront du ministère des Transports, qui versera 45 millions. La Ville de Montréal et l'arrondissement du Sud-Ouest mettront quant à eux 35 millions.

DÉSENCLAVER UN QUARTIER

L'un des principaux objectifs du plan est de désenclaver ce secteur quadrillé par des autoroutes. On compte aménager une piste cyclable sécuritaire de 3 kilomètres, en site propre là où c'est possible. Ce « lien fédérateur », pour reprendre l'expression de la Ville, permettra de relier le centre-ville aux secteurs voisins, dont Verdun et le Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Une passerelle de 2,5 millions devra être construite près de la station de métro Place-Saint-Henri pour permettre aux cyclistes de franchir la rue Sainte-Marguerite vers l'ouest et ainsi rejoindre l'avenue de l'Église. Pour ce faire, la configuration de plusieurs artères devra être revue, dont la rue Acorn et le chemin de la Côte-Saint-Paul. Au sud du canal de Lachine, la piste se rendra jusqu'à Verdun par l'avenue de l'Église.

RÉFECTION DE L'AVENUE DE L'ÉGLISE

L'avenue de l'Église devra être réaménagée pour faire place à la piste cyclable. Le stationnement risque ainsi de disparaître du côté est. Le camionnage y sera également interdit afin de réduire les conflits avec les cyclistes. Cette interdiction entrera en vigueur à l'ouverture du boulevard De La Vérendrye. Des saillies de trottoir seront implantées, et on envisage de surélever la chaussée aux intersections pour forcer les automobilistes à ralentir. À elle seule, la réfection de l'avenue de l'Église devrait coûter 12 millions. En plus de l'avenue de l'Église, des intersections jugées propices aux accidents seront corrigées. Deux passages pour piétons et cyclistes sous des ponts d'étagement seront aussi améliorés.

VERDISSEMENT MASSIF

Pour rendre le secteur plus agréable à vivre, Montréal prévoit miser sur le vert. « Ça manque de vert, ça manque de végétation », convient Benoît Dorais au sujet du quartier. On compte ainsi planter 500 arbres, en plus de ceux prévus dans le cadre du projet Turcot. Les zones le long de l'autoroute 15 seront verdies pour servir de tampon avec les secteurs habités. On prévoit ainsi que 9 nouveaux espaces verts verront le jour et que 5 parcs seront réaménagés, soit l'équivalent de 16 terrains de football.

LOGEMENT SOCIAL

Ce secteur de 30 000 habitants étant largement défavorisé, Montréal souhaite augmenter le nombre de logements sociaux. Six terrains ont été ciblés pour accueillir des projets communautaires. L'espace étant restreint, on prévoit que seulement 100 logements sociaux pourront y être aménagés. En parallèle, le Sud-Ouest dit vouloir accentuer la lutte contre l'insalubrité en augmentant le nombre d'inspecteurs.

CENTRE SPORTIF GADBOIS

La moitié des investissements pour revitaliser le secteur iront au pôle Gadbois, ce centre sportif adossé à l'échangeur Turcot. En 2019, un chantier de 40 millions sera lancé pour réaménager notamment le terrain autour du complexe récréatif aménagé en 1960. Le terrain de baseball sera éloigné de l'autoroute, ce qui libérera un espace qui pourrait accueillir des logements communautaires.

LA DALLE-PARC TOUJOURS ESPÉRÉE

Promise, puis disparue, la dalle-parc est toujours espérée. « On veut avoir la dalle-parc. Ça fait partie du désenclavement du quartier », dit Benoit Dorais. Bien que celle-ci soit à l'extérieur du secteur à l'étude, le plan de développement en souligne l'importance. Le document indique que la Ville compte « poursuivre les représentations afin de mener à terme la faisabilité d'un lien nord-sud permettant de franchir l'autoroute 20 et les voies ferrées dans le cadre de la reconstruction de l'échangeur ». Le maire Dorais se dit optimiste, le ministre des Transports André Fortin s'étant montré sensible au dossier et plusieurs députés du secteur ayant manifesté leur soutien.