L'infestation de l'agrile du frêne s'étendant désormais à l'ensemble de l'île, Montréal lance une offensive de la dernière chance pour sauver les arbres pouvant encore être protégés. L'administration Plante doublera les subventions accordées aux propriétaires afin d'inciter le plus de Montréalais possible à s'en prévaloir.

L'année 2018 sera charnière dans la lutte contre l'agrile du frêne, cet insecte qui tue ce type d'arbres en quelques années. «Après 2018, tous les arbres qui auraient pu être préservés vont l'avoir attrapé», dit Luc Ferrandez, élu responsable du développement durable.

Lors de la prochaine séance du conseil municipal, les élus montréalais seront donc appelés à voter des bonifications au programme d'aide aux propriétaires désirant faire traiter un arbre contre l'agrile du frêne, mis en place l'été dernier. Si les changements sont adoptés, les subventions seront doublées à compter du 25 juin, passant d'un plafond de 2000 $ à 4000 $. La Ville couvrira ainsi au minimum 66% du coût des traitements - aide pouvant aller jusqu'à la totalité -, alors que l'ancienne mouture couvrait 50% de la facture.

L'administration Plante dit faire ce changement pour tenter de convaincre un maximum de Montréalais de sauver les arbres qui peuvent encore être protégés. Jusqu'à présent, à peine 11 000 frênes sur des terrains privés ont été traités, contre 95 000 sur des terrains publics. «C'est peu», constate Luc Ferrandez. 

Le maire du Plateau-Mont-Royal estime que le jeu en vaut la chandelle. «En bout de ligne, ça nous coûte moins cher de traiter que de planter de nouveaux arbres», dit-il.

Espère envahissante, l'agrile du frêne a été détecté pour la première fois au Canada en 2002, en Ontario. Sa présence a été observée à Montréal en juillet 2011. Depuis, l'insecte qui fait mourir ces arbres en trois ans s'est étendu à l'ensemble de l'île malgré les mesures mises en place.

Luc Ferrandez note que l'infestation de l'agrile du frêne est pire que ce à quoi on s'attendait, s'étant étendue beaucoup plus que prévu. «Au début, on ne pensait pas que ça irait dans les boisés - c'est allé dans les boisés. On ne pensait pas que ça irait beaucoup dans l'Ouest-de-l'Île - c'est allé partout», illustre l'élu.

Aide à l'abattage

L'administration Plante a aussi décidé de modifier son programme d'aide aux propriétaires devant faire abattre et remplacer leurs frênes dépérissants. Celui-ci sera désormais accessible à tous les propriétaires, alors que l'ancienne mouture visait uniquement les immeubles de cinq logements ou moins.

Cette restriction s'est avérée «très impopulaire», de l'aveu de Montréal, en plus de compliquer la vie aux fonctionnaires, la Ville admettant qu'il était «fastidieux» de départager les demandes admissibles de celles qui ne l'étaient pas.

De plus, le programme n'a pas eu beaucoup de succès. 

L'ancienne administration avait prévu allouer 900 000 $ par an à l'abattage et au remplacement des frênes, mais la Ville dit avoir reçu moins de 300 demandes depuis sa mise en place, pour une facture de 75 000 $.

Par ailleurs, l'administration Plante apporte certaines modifications au règlement sur le contrôle de l'agrile du frêne. Les propriétaires devront obtenir un certificat d'autorisation pour faire abattre tout arbre ayant un diamètre de 10 cm ou plus, plutôt que 15 cm. Montréal dit faire ce changement pour effectuer un meilleur suivi des conséquences de l'infestation à l'agrile.

Le nouveau règlement donnera désormais 30 jours pour faire abattre un frêne après que la Ville aura constaté son état de dépérissement.