La Société de transport de Montréal (STM) devra investir un peu plus de 800 millions au cours des cinq prochaines années pour pouvoir stationner et entretenir les 300 nouveaux bus hybrides promis en campagne électorale par la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Ces investissements dans les infrastructures de la STM s'ajouteront à des dépenses annuelles d'exploitation supplémentaires d'un montant encore indéterminé qui couvriront les salaires et les avantages sociaux de quelque 200 employés d'entretien et des 600 nouveaux chauffeurs qui seront embauchés pour faire rouler ces véhicules, dont la livraison débutera en 2020.

À défaut de savoir ce que la STM entend faire de ces véhicules quand ils rouleront dans les rues de Montréal, la mairesse Valérie Plante et le président de la STM, Philippe Schnobb, ont présenté mardi une « stratégie d'accueil et d'entretien » en cinq points qui précise ce qu'on fera des bus quand ils ne rouleront pas.

Des investissements de 170 millions seront ainsi nécessaires pour créer quelque 200 espaces de stationnement supplémentaires qui seront accessibles dès 2020 dans trois des garages actuels de la STM et dans un nouveau stationnement, créé spécialement pour accueillir ces véhicules. Le reste des investissements servira à la construction de deux nouveaux garages.

Les 86 places déjà disponibles dans les autres centres de transport de la STM pourront combler l'essentiel des autres besoins. Au total, 14 autobus devront donc « coucher dehors » chaque nuit jusqu'à l'ouverture de nouveaux centres de transport qui ouvriront leurs portes en 2022 et 2023. Il s'agira de bus en attente de réparations qui ne seront pas destinés à être mis en service au lendemain de leur séjour à la belle étoile.

UN PLAN EN CINQ POINTS

1. CENTRE BELLECHASSE 

242 millions

La STM avait déjà annoncé en août dernier la construction de ce nouveau centre de transport, dans l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie. Il remplacera le centre Saint-Denis, au coin de la rue Saint-Denis et du boulevard Rosemont, construit en 1957, et en fin de vie utile. Il doit être mis en service en 2022. Le président de la STM a affirmé mardi qu'on souhaite en accélérer la construction. Ce centre de transport accueillera 207 autobus, soit 102 véhicules ordinaires et 105 bus articulés. Actuellement, seul le centre Stinson, dans l'arrondissement de Saint-Laurent, peut accueillir ces derniers.

2. NOUVEAU CENTRE DE TRANSPORT 

370 millions

Un nouveau garage pouvant accueillir 250 autobus sera construit à l'intersection de la rue Dickson et de l'avenue Souligny dans l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. L'acquisition des terrains nécessaires est sur le point de se conclure. Ce projet devait être construit à l'horizon 2025, au moment où on prévoyait l'ajout de 347 bus dans le parc de véhicules de la STM. En raison de l'acquisition hâtive des 300 autobus hybrides, annoncée dès janvier, le projet a dû être devancé de deux ou trois ans. Le nouveau garage doit ouvrir en 2023.

3. AGRANDISSEMENT DE TROIS GARAGES 

165 millions

La STM agrandira trois de ses garages actuels (Anjou, Legendre et Saint-Laurent) afin d'y créer 150 nouvelles places pour le stationnement et l'entretien. Les travaux devront être lancés rapidement et réalisés dès 2020, à l'arrivée des nouveaux autobus. Comme pour la construction des deux nouveaux centres, ces aménagements seront réalisés de manière à ce qu'on puisse, éventuellement, y recevoir des autobus entièrement électriques.

4. STATIONNEMENT ADJACENT AU CENTRE STINSON

5 millions

Environ 50 places de stationnement seront créées près du centre de transport Stinson dans un ancien bâtiment industriel qui sera loué et aménagé temporairement par la STM. Il s'agira uniquement d'un stationnement pour bus, puisque les véhicules seront inspectés et entretenus au centre de transport voisin.

5. MAINTENIR SAINT-DENIS 

19,4 millions

La STM prévoit enfin refaire la toiture du centre Saint-Denis afin d'en prolonger la vie utile jusqu'à l'ouverture du centre Bellechasse en 2022. Les travaux seront réalisés au cours de 2019. Pendant les travaux, dont la durée est estimée à un an, les 180 autobus qui y logent devront être déplacés ailleurs. Ils seront toutefois de retour en 2020 pour un séjour de deux ans.

ET QUE FERA-T-ON DE CES 300 BUS ?

Si la STM sait maintenant où ses nouveaux autobus passeront la nuit, elle est incapable, pour le moment, de préciser où ils rouleront, le jour venu.

Leur arrivée fera passer le parc des véhicules de la STM de 1807 à 2107 autobus. C'est une augmentation de près de 17 %. Leur mise en service « devrait faire une différence », a dit M. Schnobb, mardi. C'est à souhaiter. Le réseau de bus de la STM souffre lui aussi de la congestion routière et de la présence d'une multitude de chantiers dans les rues de la métropole.

En 2017, les usagers de la STM ont fait environ 6 millions de déplacements de moins sur le réseau d'autobus que l'année précédente. 

Malgré cela, la STM ne sait pas encore ce qu'elle fera de ces autobus. Elle prévoit une révision complète de son réseau de surface avant 2020, et des consultations publiques sont prévues, à cette fin, l'automne prochain.

L'appel d'offres lancé par la STM l'hiver dernier est clos depuis le 4 mai. Philippe Schnobb a indiqué mardi que les soumissions présentées étaient à l'étude et qu'en attendant la fin de ces analyses, aucune information ne serait dévoilée sur les offres reçues ni sur leurs coûts.

Les autobus hybrides acquis par d'autres transporteurs, au cours des derniers mois, ont coûté aux environs de 900 000 $ à 1 million pièce. Avec les systèmes embarqués propres à la STM (caméras, iBus, etc.), chaque véhicule devrait donc coûter aux alentours de 1,3 à 1,4 million, soit une facture approximative de 400 millions au total.