Des centaines de travailleurs venus des quatre coins de la province ont convergé samedi vers le Parc olympique pour souligner la fête internationale des Travailleuses et Travailleurs du 1er mai. La marche annuelle prend « un sens bien particulier » en cette année d'élections générales au Québec, ont indiqué les organisateurs.

« Paraît que le 1er octobre prochain nous serons aux urnes », a affirmé la présidente de la Centrale des syndicats du Québec, Louise Chabot (CSQ), avant le départ. « Pour les travailleurs du Québec, c'est clair. Le parti au pouvoir comme ceux qui aspirent à le prendre devront prendre parti du côté des travailleurs », a-t-elle assuré.

Les représentants des autres grands syndicats de la province, tous présents samedi, abondaient dans le même sens. Au centre de leurs revendications trône depuis quelques années l'augmentation du salaire minimum à 15 dollars l'heure, ce qui serait « un levier concret pour la réduction des inégalités. »

« C'est important, surtout dans cette période-ci où l'emploi est à son maximum. Il y a des problèmes d'attraction et de rétention de main-d'oeuvre », souligne le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Daniel Boyer. « [L'augmentation du salaire minimum] aurait donc une poussée sur l'amélioration des conditions de travail. »

Des mesures pour offrir une meilleure conciliation « travail-famille-études », des outils pour opérer un virage vers une économie plus verte et des actions pour lutter contre les paradis fiscaux et ainsi mieux financer les services aux citoyens sont aussi au nombre des revendications des travailleurs.

« Ce sont des enjeux qui, dans le contexte électoral, nous amènent à dire à l'ensemble des partis : engagez-vous pour la classe moyenne et la majorité de la population pour permettre une plus grande distribution de la richesse », a martelé le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Jacques Létourneau.

Fin de l'austérité

Les syndicats réclament aussi que Québec réinvestisse dans les services publics et les programmes sociaux, qui ont été « mis à mal par les libéraux en début de mandat », estime M. Boyer. « Oui, le gouvernement réinvestit cette année, mais ce n'est pas à la hauteur des sommes qui n'étaient pas au rendez-vous dans les premières années », dit-il.

« Ce n'est pas une bonne gestion de couper autant pendant tant d'années, d'engranger des surplus et de réinvestir. Le gouvernement a trop coupé. Il fallait rétablir un certain équilibre, on était d'accord, mais pas à vitesse grand V comme Québec l'a fait », a ajouté le président de la FTQ, en entrevue à La Presse.

Journée commémorative

Le 28 avril est également le Jour commémoratif des personnes décédées ou blessées au travail. Des marcheurs portaient d'ailleurs le ruban noir samedi à la mémoire des disparus. En 2017, 62 travailleurs ont perdu la vie en exerçant leur métier au Québec. Ce sont 18 décès accidentels de moins qu'en 2016. « C'est encore trop troublant », a mentionné Louise Chabot.

Par ailleurs, 168 décès liés à des maladies professionnelles ont été acceptés en 2017 par la CNESST. C'est une hausse de 31 cas par rapport à 2016. Sur Twitter, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé que les travailleurs canadiens doivent jouir d'un lieu de travail « sûr et exempt de violence et de harcèlement. »