La Ville de Montréal a terminé l'année 2017 avec un surplus de 139,5 millions, la vigueur du marché immobilier et les transferts du gouvernement ayant été plus importants que prévu. La neige fera toutefois fondre une bonne partie de ces surplus, et des incertitudes planent sur l'avenir de l'économie montréalaise, prévient la métropole.

HAUSSE DES REVENUS

Les revenus de la métropole se sont établis à 5,5 milliards, soit 313,6 millions de plus que ne l'avait prévu le dernier budget de l'administration Coderre. Les dépenses se sont quant à elles chiffrées à 5,4 milliards, en hausse de 173,6 millions par rapport aux projections. « Un surplus de 139 millions sur un budget de 5 milliards, ce n'est pas beaucoup. Disons que ça ne laisse pas une grosse marge de manoeuvre », a tempéré Benoît Dorais, responsable des finances de l'administration Plante. Ce surplus s'explique en grande partie par des transferts gouvernementaux nettement plus élevés que prévu (105 millions). Ce montant inclut notamment les terrains cédés de l'ancien hippodrome, dont la valeur est évaluée à 33 millions.

LES RÉSULTATS FINANCIERS DE MONTRÉAL

2012    109,1 M$

2013    - 47,9 M$

2014    213,9 M$

2015    145,8 M$

2016    139,1 M$

2017    139,5 M$

VIGUEUR DU MARCHÉ IMMOBILIER

La vigueur du marché immobilier a aussi beaucoup joué dans le surplus enregistré l'an dernier. La métropole a empoché 58,5 millions de plus qu'anticipé grâce aux droits de mutation, la fameuse « taxe de bienvenue ». Il faut dire que Montréal avait été très prudent dans son budget en disant s'attendre à récolter 153 millions : la Ville a plutôt encaissé 211 millions. Ce montant marque de plus une nette progression par rapport à 2016 alors que ces droits avaient représenté 184 millions. Les permis de construction ont aussi rapporté gros. Montréal s'attendait à recevoir 29 millions, mais c'est plutôt près de 55 millions. Cette somme représente elle aussi une forte progression par rapport aux 38 millions de 2016.

POIDS DE LA NEIGE

La neige contribuera à faire fondre le surplus. Montréal prévoit en effet affecter 10 millions pour couvrir les dépenses accrues liées au déneigement et utilisera une autre tranche de 35 millions pour créer une nouvelle réserve neige afin de couvrir les imprévus futurs de la saison froide. « Déjà pour 2018, les dépenses engagées hypothèquent nos marges de manoeuvre », écrit l'administration Plante. Bien que Montréal constate un réchauffement de ses températures, les changements ont entraîné des précipitations plus importantes.

FACTURE DU DÉNEIGEMENT (coût, précipitations de neige)

2013    191 M$   271 cm

2014    138 M$   183 cm

2015    146 M$   199 cm

2016    143 M$   196 cm

2017    182 M$   226 cm

PRUDENCE DE MISE

Malgré un bilan financier positif en 2017, la prudence est de mise, prévient l'administration Plante-Dorais. Dans une note accompagnant les états financiers, la mairesse et son responsable des finances, Benoit Dorais, soulignent que la vigueur de l'économie montréalaise « n'est pas inébranlable. La Ville n'est pas entièrement à l'abri de potentiels chocs sur les marchés boursiers ». Des incertitudes planant sur les accords commerciaux avec les États-Unis, Montréal s'inquiète d'une éventuelle hausse des taux d'intérêt. « Il faut être prudents parce que ça pourrait faire grandement varier les coûts pour la Ville, comme pour le remboursement de la dette ou pour les régimes de retraite », dit Benoit Dorais.

ET LE TROU DE 358 MILLIONS ?

À la lumière de ces états financiers, l'opposition à l'hôtel de ville estime que l'administration a induit les Montréalais en erreur en parlant d'un trou de 358 millions au lendemain des élections et que la hausse de taxes imposée dans le dernier budget était trop importante. « Cet important surplus démontre non seulement que l'ancienne administration a laissé Montréal en excellente santé financière, mais également que la mairesse Plante savait pertinemment que la Ville se dirigeait vers un surplus quand elle a préparé son budget pour 2018 », a déploré Lionel Perez, chef d'Ensemble Montréal (anciennement Équipe Coderre). Benoit Dorais répond que l'opposition a tout faux. « C'est très malhonnête intellectuellement de mélanger l'écart qu'on avait entre les revenus et les dépenses dans le budget 2018 et les résultats financiers pour l'année 2017. Des projections budgétaires et des résultats financiers, c'est deux choses différentes. »

AMENDES EN HAUSSE

Les contraventions ont rapporté davantage en 2017, mais moins que ne l'espérait la Ville. Montréal escomptait des revenus de 195 millions en amendes, mais elle a récolté seulement 173 millions, ce qui reste une meilleure performance que l'année précédente. La métropole explique l'écart avec ses projections par le nombre moins élevé que prévu de contraventions de circulation et de stationnement remises par les policiers, ceux-ci ayant généré 19,3 millions de moins qu'attendu.

HAUSSE CHEZ LES POLICIERS ET POMPIERS

Les états financiers permettent de constater que les pompiers et policiers ont coûté beaucoup plus cher que prévu, soit près de 110 millions de plus. Au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), la nouvelle convention des agents a fait grimper la facture de 12 millions. Les nombreux chantiers, les festivités du 375e anniversaire et les inondations ont aussi fait augmenter de 10 millions les heures supplémentaires des employés. Chez les pompiers, l'entente sur leur régime de retraite a représenté une facture imprévue de 25,5 millions. Le service incendie a aussi payé 5,5 millions de plus que prévu en heures supplémentaires à ses pompiers, dont 800 000 $ pour les inondations du printemps 2017.

LE POIDS DE LA DETTE EN BAISSE

La dette nette de Montréal a continué à augmenter pour franchir le cap des 5 milliards. Mais comme elle a progressé moins rapidement que les revenus, son poids sur les finances de la métropole a diminué en fin de compte. Les états financiers indiquent que la dette représente 89 % des revenus de la Ville (deux points de moins qu'en 2016), alors que la Ville s'est fixé comme plafond de ne jamais dépasser le seuil de 100 %. Autre indicateur, le coût pour rembourser la dette a légèrement reculé pour s'établir à 11,7 %. Le plafond est fixé à 16 %.

INVESTISSEMENTS EN HAUSSE

Les états financiers permettent de constater que la Ville de Montréal a bel et bien réussi à maintenir son accélération dans la cadence des travaux. La métropole a réalisé pour 1,4 milliard en investissements, soit pratiquement le double par rapport à 2013, alors que 730 millions avaient été dépensés. Les rues de Montréal ont été les principales bénéficiaires de cet argent. Les investissements dans la réfection des infrastructures routières ont augmenté de près du tiers, passant de 340 millions à 444 millions.