Le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) s'est dit disposé à permettre le port de signes ostentatoires aux pompiers montréalais. Aucune demande n'a jamais été formulée en ce sens, mais la direction indique qu'elle évaluerait les demandes d'accommodement en fonction des risques liés à la santé et la sécurité du travail.

La Commission de la sécurité publique de Montréal a entendu aujourd'hui le SIM sur son plan pour tenter de recruter davantage de femmes et de membres des minorités visibles, qui représentent à peine 1% des pompiers. Questionné par une élue sur les signes ostentatoires, le Service a indiqué avoir réfléchi sur la question. «Il n'y a pas de non au départ», a résumé Suzanne Desjardins, qui conseille le SIM dans ses efforts pour mieux représenter la diversité montréalaise.

La responsable a souligné que le Service était tenu d'étudier toute demande d'accommodement, mais qu'il n'en avait jamais reçu touchant les signes ostentatoires. Les vérifications du SIM ont également permis de constater que la question n'avait jamais été soulevée dans les écoles de formation pour pompiers.

Si un cas devait survenir, «on prendrait en considération les demandes d'accommodement et la santé et la sécurité au travail. Il faut voir comment on pourrait ajuster les deux», a précisé Mme Desjardins.

La question a été soulevée alors qu'un débat sur le port du voile et du turban a été relancé au Service de police de la Ville de Montréal. Un modèle de hijab a été testé par l'École nationale de police, ainsi que par la Gendarmerie royale du Canada, et celui-ci ne pose pas de problème pour le travail de policier.

Manque de diversité

L'administration Plante a clairement indiqué au SIM qu'elle s'attendait à des améliorations quant à son manque de diversité. «On doit redresser la situation», a indiqué Nathalie Goulet, élue responsable de la sécurité publique.

Le SIM dit éprouver d'importantes difficultés à recruter des femmes et des membres des minorités en raison du faible nombre de candidatures provenant de ces groupes dans les écoles de formation. Rappelons que les pompiers sont tenus de suivre une formation, ce qui force le Service à recruter parmi les diplômés.

Parmi les difficultés pour recruter, Suzanne Desjardins a noté que le métier de pompier peut être mal perçu dans certaines cultures, cet emploi étant lié à l'armée dans certains pays. Pour sensibiliser les jeunes à cette réalité, le SIM a d'ailleurs produit une vidéo mettant de l'avant un chef aux opérations d'origine libanaise qui explique avoir fait ce choix de carrière malgré la désapprobation de son entourage.

Le SIM dit vouloir lancer plusieurs campagnes pour tenter de recruter des membres de la diversité. Des journées portes ouvertes dans des casernes situées dans des quartiers où vivent d'importantes communautés culturelles seront organisées.

Voilà, Mme Desjardins a affirmé que l'Association des pompiers ne collaborait pas à ces efforts. «Si on avait l'apport de notre syndicat, ce serait plus fort.» Celle-ci note que la Fraternité des policiers s'est activement impliquée avec le SPVM pour recruter davantage de membres de la diversité, efforts qui ont porté leurs fruits.

Le SIM relève que le manque de diversité n'est pas propre à Montréal. Les statistiques québécoises les plus récentes disponibles indiquent qu'à peine 2,4% de l'ensemble des pompiers du Québec sont des femmes. Le portrait est à peine plus rose à Ottawa (4,3%) et à Toronto (4,5%). La capitale du Royaume-Uni a toutefois réussi à atteindre 7% et vise désormais la barre des 10%. Notons que Londres a d'ailleurs nommé il y a un an sa toute première femme chef pompière.

Ce printemps, le SIM doit accueillir 56 nouvelles recrues, dont 12 proviennent de la diversité. Il s'agit d'une femme, de cinq autochtones et de six membres des minorités visibles.