Musiciens, mimes et cracheurs de feu n'auront plus à passer une audition afin d'obtenir un permis pour se produire dans les rues du Vieux-Montréal. L'arrondissement de Ville-Marie révise ses règles pour tenter de réduire les frictions, constatant que le secteur arrive à saturation.

Jusqu'à récemment, une personne qui souhaitait offrir des prestations artistiques dans le secteur le plus touristique de la métropole devait d'abord passer devant un jury de cinq personnes afin d'être évaluée. C'est seulement après avoir reçu l'aval de ce comité de sélection que les artistes de rue pouvaient obtenir un permis.

L'arrondissement de Ville-Marie mettra fin à cette pratique, estimant notamment que le jury était inutilement coûteux. La facture pour auditionner de 85 à 140 nouveaux artistes par an représentait à elle seule le tiers des revenus générés par les permis. De plus, comme le jury se réunissait seulement en début de saison, de nombreux artistes de rue de passage à Montréal ne pouvaient se faire valoir et décidaient d'agir sans permis, suscitant la colère de ceux qui avaient payé les 160 $ par an.

Ville-Marie indique que le changement a reçu l'aval du Comité paritaire des musiciens et amuseurs publics, qui représente les artistes de rue. L'arrondissement estime que le changement devrait avoir un effet négligeable sur la qualité des prestations puisqu'à peine de 5% à 15% des artistes se voyaient recaler. «Le processus d'audition ne vise pas à sélectionner les meilleurs, mais tout simplement à valider que les requérants rencontrent les critères minimums», peut-on lire dans une analyse de la Ville.

Désormais, pour obtenir un permis, les demandeurs devront démontrer qu'ils sont membres d'une association artistique, fournir la preuve qu'ils possèdent une formation ou fournir copie d'une prestation, comme une vidéo ou un enregistrement.

Ville-Marie ne s'attend pas à ce que la fin des auditions vienne faire augmenter le nombre d'artistes de rue. Mais si une telle ruée devait survenir, l'arrondissement prévient qu'il pourrait contingenter le nombre de permis.

Trois secteurs dans le Vieux

L'arrondissement limitera les amuseurs publics à trois secteurs dans le Vieux-Montréal. La place Jacques-Cartier demeurera le lieu de prédilection alors que Ville-Marie autorisera un emplacement pour musiciens, un autre pour amuseurs publics et quatre pour sculpteurs de ballons.

Dans la rue Saint-Paul Est, deux emplacements seront uniquement accessibles aux mimes, statues et musiciens acoustiques. Bref, aux artistes de rue faisant peu ou pas de bruit. De nombreuses plaintes ayant été reçues ces dernières années, aucun système d'amplification ni cuivres ne seront tolérés.

Enfin, un emplacement pourra désormais légalement accueillir musiciens et amuseurs publics à la place d'Armes, un secteur qui est de plus en plus prisé des artistes de rue.

Comme par le passé, les artistes devront réserver leur emplacement en ligne. Toute personne qui contrevient aux règles pourrait être suspendue pour une période allant de trois jours à toute la saison, en cas de récidive.

Enfin, Ville-Marie se dote de pouvoirs supplémentaires pour retirer plus facilement le permis d'artistes ciblés par des plaintes répétées.