Problèmes de santé mentale. Consommation de drogue. Les sans-abri étant de plus en plus nombreux dans le métro, la Ville de Montréal a décidé de doubler le financement d'un programme leur venant en aide. La Presse a accompagné Céline Côté et Antoine Auger-Morin, deux des huit intervenants se trouvant en première ligne dans le réseau souterrain de la Société de transport de Montréal (STM).

EN DÉTRESSE OU ENDORMI ?

Quai de la station Place-d'Armes. Céline Côté et Antoine Auger-Morin aperçoivent un homme affalé sur un banc. Inquiets, les deux intervenants se dirigent vers lui pour s'assurer qu'il n'est pas en détresse. Après quelques essais, ils finissent par avoir une réponse : celui-ci dormait simplement. Bien que rassuré, le duo signale néanmoins sa présence au personnel de la station.

VAGUE DE RÉFUGIÉS

Céline Côté passe ses journées à arpenter le réseau du métro pour s'enquérir de l'état des personnes marginalisées. Depuis la vague de réfugiés aux frontières, l'intervenante a noté une hausse du nombre d'immigrants dans le réseau de la STM, plusieurs venant y mendier. Ceux-ci ne parlant ni français ni anglais, Céline Côté doit utiliser une application sur son téléphone intelligent pour parvenir à communiquer avec eux. « Ça nous permet de dire l'essentiel : "Connais-tu les ressources ? Sais-tu où manger ? As-tu une place pour dormir ?" »

POINTS CHAUDS

Les intervenants se renseignent auprès des employés de la STM, comme Marcela Chandia, afin de connaître les points chauds dans les stations et ainsi déterminer si des problèmes ont fait surface au cours des dernières heures. Malgré le froid qui sévit à Montréal, la journée est plutôt calme. La veille, de nombreuses personnes ont reçu un chèque de remboursement de la TPS. Les prochaines journées risquent toutefois d'être plus mouvementées, lorsque l'argent aura été dépensé, appréhende Céline Côté. « Quand une personne a consommé tout son chèque, elle n'a pas dormi, elle a froid, alors il faut faire de l'intervention d'urgence. »

« BOIRE UNE PETITE BIÈRE EN PAIX »

Antoine Auger-Morin profite d'un passage à la station Bonaventure pour s'enquérir de l'état de santé de Claude, l'un de ses « réguliers ». Vivant à l'Old Brewery Mission depuis plusieurs années, l'homme passe ses journées à arpenter les couloirs du métro. « Je suis à la retraite. Je viens ici parce que c'est tranquille. Je peux boire une petite bière en paix », dit-il. Les agents de sécurité le laissent tranquille, sauf quand Claude essaie de fumer en cachette dans un recoin. « La cigarette, c'est ma drogue. »

CONSOMMATION DE CRACK

Céline Côté et Antoine Auger-Morin visitent chacun des recoins des stations où peuvent se cacher des sans-abri. Ils sont particulièrement vigilants à la station Berri-UQAM, qui attire de nombreux consommateurs de drogue en raison de la présence de vendeurs de crack, la principale drogue de rue en ce moment. Au sol, les intervenants trouvent plusieurs filtres de pipes à crack, signe du passage récent de consommateurs.

SURDOSES D'OPIOÏDES

Les opioïdes faisant de plus en plus de ravages, les intervenants traînent en permanence une trousse de naloxone pour intervenir en cas de surdose. Céline Côté en connaît la nécessité, ayant eu à réanimer une personne retrouvée inconsciente dans une ruelle. « J'ai été chanceuse, tout s'est bien passé. La personne s'est réveillée. Ce n'est pas tout le temps que ça finit bien. J'étais fière d'avoir gardé mon calme. La personne ne se rappelle pas que je lui ai sauvé la vie, mais chaque fois que je la revois, je suis contente de voir qu'elle va bien. »

« ILS M'ONT MIS DEHORS »

« Ça va, Michel ? » « Non, ça ne va pas. Ils m'ont mis dehors. » Céline Côté arrête sa ronde dans les couloirs de la station Berri afin de prendre le temps d'écouter Michel, qui vient de se faire expulser de la maison de chambres où il vivait depuis un an. « J'ai trouvé un garage où dormir, mais c'est dur sur le dos », se plaint l'homme. Céline Côté sort de son sac à dos un formulaire afin d'entreprendre des démarches pour lui trouver un nouveau lit. Michel la remercie et lui demande de revenir à Berri quand elle aura trouvé. En attendant, il n'a nulle part d'autre où aller.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Céline Côté

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Marcela Chandia