Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne devrait pas pouvoir permettre à ses employés de porter le hijab ou le turban, ont affirmé en choeur les partis de l'opposition, mercredi.

Lancé la veille à l'hôtel de ville de Montréal, le débat sur la tenue vestimentaire au SPVM a rebondi à l'Assemblée nationale, mercredi.

Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a rappelé que la commission Bouchard-Taylor a recommandé il y a 10 ans d'interdire le port de signes religieux aux fonctionnaires en position d'autorité, comme les juges et les policiers. 

À ses yeux, le premier ministre Philippe Couillard ne peut rester les bras croisés si le SPVM autorise le port du turban ou du hijab à ses agents. 

«Il y a un devoir de la part du premier ministre de dire : il y a 1100 municipalités au Québec, est-ce qu'on va commencer à laisser le choix, partout au Québec, sur quand même un signal fort qui regarde des choix qu'on a faits?» a-t-il indiqué lors d'un passage à Shawinigan.

Tolérer le port de signes religieux chez les policiers créerait dans certains «une apparence de manque de neutralité», a-t-il estimé.

La porte-parole de l'opposition officielle en matière de laïcité, Agnès Maltais, s'explique mal que la mairesse Valérie Plante se soit montrée ouverte à l'idée.

«À part le Parti libéral, tout le monde s'est rallié autour de l'idée que les personnes en situation d'autorité ne devraient pas porter des signes religieux, a affirmé Mme Maltais. Je ne comprends pas que la mairesse Plante n'entende pas le signal.» 

«Ce n'est pas au SPVM de décider, a-t-elle ajouté. C'est une décision qui touche l'unicité de l'État, pas seulement l'île de Montréal, et ça va avoir un impact ailleurs.» 

Même Québec solidaire, habituellement proche de Projet Montréal, le parti de Mme Plante, a affiché son désaccord avec l'ouverture de la mairesse sur la question. Le député Amir Khadir estime que l'application des recommandations de Bouchard-Taylor sont la meilleure manière de mettre fin au douloureux débat identitaire. 

«C'est un sujet difficile, on ne réussira pas à se convaincre d'un bord comme de l'autre, a résumé M. Khadir. Il faut un compromis honorable, et Bouchard-Taylor, c'est le compromis honorable qui nous permettrait (...) de dépasser ce débat.»

La loi le permet

Le gouvernement Couillard a adopté l'an dernier le projet de loi 62, qui interdit à un employé de l'État de donner des services le visage couvert. Cette disposition aurait pour effet de proscrire le port d'un voile intégral pour une policière.

Mais «un turban ou un hijab ne couvrent pas le visage», a-t-on convenu au cabinet de la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée. Autrement dit, rien dans la loi n'empêche le SPVM d'autoriser le port des ces vêtements religieux.

La porte-parole de la ministre, Isabelle Marier-St-Onge, affirme qu'il n'a jamais été question d'interdire le port du hijab ou du turban dans un corps policier.

« Si on avait légiféré dans ce sens, ça aurait été discriminant pour les individus en vertu de la Charte des droits et des libertés, a-t-elle résumé. De ne pas autoriser le port de signes religieux, ça contrevient à la Charte. » 

Le débat a été lancé par le conseiller Marvin Rotrand, selon qui le SPVM doit emboîter le pas aux services de police de Toronto, d'Edmonton, ainsi qu'à la Gendarmerie royale du Canada, qui autorisent le port de ces signes religieux dans leurs rangs.

La proposition a reçu un accueil favorable de la mairesse Plante. Selon elle, la mesure contribuerait à améliorer l'intégration de des communautés culturelles au corps policier.

La Presse

Au Canada, le port du hijab est permis par la police d'Edmonton, notamment.