Le chef de l'opposition officielle à Laval, Michel Trottier, estime que le maire Marc Demers a perdu sa légitimité et lui demande de démissionner de ses fonctions parce qu'il a été reconnu coupable hier d'une infraction pénale en matière de financement politique.

«C'est tellement désolant, alors que l'élection de 2013 devait permettre aux Lavallois de tourner la page [après] de difficiles années de fraudes et de malversations, on apprend [...] qu'avant même d'être élu, Marc Demers s'adonnait à du financement politique illégal», a déclaré M. Trottier dans un communiqué de presse émis tard hier soir.

M. Trottier, candidat défait à la mairie en novembre dernier et chef de Parti Laval, invite ainsi le maire à démissionner «dans le respect des citoyens lavallois». Il l'invite également à faire «un examen de conscience et à remettre la valeur» de sa contribution jugée illégale au Fonds du Souvenir qui finance des projets appuyant les jeunes.

Hier, la juge Caroline Roy de la Cour du Québec a donné raison au Directeur général des élections du Québec (DGEQ) qui avait émis un constat d'infraction contre le maire Demers en mars 2017. Lors de l'élection municipale de 2013, M. Demers a prêté 28 000 $ à son parti politique le Mouvement Lavallois, alors que la limite légale est de 10 000 $. M. Demers «a consenti un prêt au [Mouvement Lavallois] en sachant qu'il excédait le seuil maximum», écrit la juge Roy.

Marc Demers a plaidé la bonne foi et l'ignorance de la loi. La juge souligne toutefois dans sa décision que «dans un domaine d'activité réglementé, il y a une obligation de s'informer».

La peine imposée à Marc Demers sera une amende entre 500 $ et 10 000 $. Elle sera déterminée à la suite des représentations des parties devant le tribunal le 18 avril prochain.

M. Trottier dit espérer que «la sanction sera à la hauteur de l'infraction commise», car selon lui, les électeurs «se voient trahis, une fois encore, par leur premier magistrat».

Marc Demers a indiqué dès hier qu'il n'entend pas porter en appel la décision de la Cour du Québec. Tous les honoraires de l'avocat qui a représenté M. Demers sont payés par le Mouvement Lavallois.

Michel Trottier a annoncé son intention de déposer une plainte au Bureau de l'intégrité et de l'éthique de Laval (BIEL). Selon le chef de Parti Laval, la situation nécessite une «enquête approfondie et diligente en lien avec la capacité de gouverner du maire malgré sa condamnation». «Laisser un budget de 850 millions par année entre les mains d'un maire et d'une équipe qui ne se donnent pas la peine de connaître les règles de base du financement politique, c'est extrêmement dérangeant», affirme M. Trottier dans le communiqué.