Luc Ferrandez se dit prêt à envisager l'imposition d'un droit d'entrée au mont Royal pour les automobilistes qui souhaitent utiliser la voie Camillien-Houde. Et à ceux qui tiennent mordicus à maintenir la circulation de transit, il répond que « gagner une ou deux minutes n'est pas un droit garanti par la Constitution ».

L'élu responsable des grands parcs au sein de l'administration Plante a publié hier un long billet, rédigé en anglais, sur les réseaux sociaux pour répondre à certaines des critiques formulées sur le projet-pilote visant à interdire la circulation de transit sur Camillien-Houde.

Dans son texte d'un peu plus de 1000 mots, le maire du Plateau-Mont-Royal en profite pour réagir à la proposition du chroniqueur Josh Freed, du quotidien Montreal Gazette, d'imposer un péage de 3 $ sur la voie. Il estime ainsi qu'une telle somme ne serait pas suffisamment dissuasive. « À ce prix, ce serait toujours une autoroute », écrit-il.

Pour réduire la circulation sur la montagne, Luc Ferrandez avance plutôt qu'il faudrait imposer un droit d'entrée d'environ 10 $, somme qui inclurait les frais de stationnement. Il ajoute qu'un tarif mensuel ou annuel pourrait être offert aux amants du mont Royal. « Cette idée peut et sera certainement discutée durant la consultation publique qui viendra [sur le projet-pilote] », ajoute l'élu.

PAS D'IMPROVISATION, ASSURE FERRANDEZ

Dans son billet, Luc Ferrandez se défend d'avoir improvisé l'annonce du projet-pilote Camillien-Houde, dont les détails ne seront pas rendus publics avant quelques semaines encore. « Annoncer un projet avant que tous les aspects ne soient finalisés n'est pas un péché mortel: la discussion que cela a déclenchée est stimulante et, plus important, utile », écrit-il. Il assure que les commentaires formulés depuis l'annonce seront pris en compte, notamment pour tenir compte des familles qui utilisent les deux stationnements au sommet.

Luc Ferrandez note que le projet-pilote fera inévitablement des mécontents. Mais il se montre ferme. « Compromettre la beauté et la paix d'un parc pour gagner une ou deux minutes n'est pas un droit garanti par la Constitution », dit-il.

« En 1955, Jean Drapeau a décidé d'asphalter le chemin en disant : "La montagne ne doit pas être un obstacle à la circulation." En 2018, il est temps de choisir à quoi sert cette voie. Nous croyons que c'est pour donner accès au parc du Mont-Royal et aux cimetières. »

L'élu profite de sa tribune pour défendre à nouveau la décision d'interdire le transit, estimant que réduire la vitesse ou la largeur du chemin n'aurait qu'un effet minime. « Si on veut transformer la voie, on doit changer son statut en réduisant de façon importante le nombre de voitures », écrit-il.

À ceux qui réclament une consultation publique avant le déploiement du projet-pilote, Luc Ferrandez répond que « le droit de congédier ses élus existe. Plusieurs disent : "Avec des décisions comme celle-ci, vous ne serez jamais réélus." Nous ne prenons et ne devrions jamais prendre des décisions en fonction de notre popularité. Si, dans une ville qui a tant besoin de transformation, votre seul but est d'être réélu, alors vous êtes un imposteur ».

À noter, les deux pétitions lancées pour soutenir et contester le projet-pilote continuent à récolter les signatures. Ainsi, près de 25 000 personnes ont manifesté leur opposition, tandis que 6500 sont favorables.